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AndréeIAFRATE née ROURE. survenu le 27/07/2022, à l'ùge de 82 ans. La cérémonie civile aura lieu le 03/08/2022 à 14 heures 00 à l'adresse suivante : Crématorium de Lyon, 17 Rue Pierre Delore, Lyon, France. Cette page vous permet de présenter vos condoléances à la famille et de partager l'avis de décÚs de Andrée. Avec toute notre
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Vay Tiá»n Nhanh Chá» Cáș§n Cmnd. RĂ©sumĂ©s En mobilisant des sources traditionnelles testaments et nouvelles dĂ©penses dâobsĂšques, frais et indemnitĂ©s de deuil, etc., cet article prĂ©sente une Ă©tude des consommations funĂ©raires des Parisiens des annĂ©es 1680 Ă la RĂ©volution. La hiĂ©rarchie des prix, dâune dizaine Ă quelques milliers de livres, suit grossiĂšrement celle des rangs. Cette Ă©chelle est cependant troublĂ©e dans les annĂ©es 1770 par une envolĂ©e des dĂ©penses dâobsĂšques des petite et moyenne bourgeoisie enrichies, tandis que celles des notables bourgeoisie politique et des nobles restent stables. On observe par ailleurs une dĂ©mocratisation de certaines consommations funĂ©raires au XVIIIe siĂšcle, le maintien par les fabriques des tarifs planchers permet aux gens du peuple dâinhumer les leurs dans des cimetiĂšres paroissiaux sans avoir recours Ă la charitĂ©. Les dĂ©penses de deuil, quant Ă elles, se diffusent dans lâensemble de la sociĂ©tĂ© jusquâau milieu du XVIIIe siĂšcle quand la volontĂ© des acteurs sociaux et judiciaires de borner les droits des femmes amĂšne la codification de lâindemnitĂ© de deuil Ă une annĂ©e du revenu du douaire. Through the study of traditional sources wills and new sources funeral expenses, fees Using traditional sources wills and new sources funeral expenses, mourning costs and allowances, etc., this article presents a study of funerary consumption in Parisian society from the 1680s to the Revolution. The price scale, from a dozen to a few thousand livres, roughly corresponded to the hierarchy of ranks. However, this scale was disrupted in the 1770s by a surge in middle-class funeral spending, while that of the political bourgeoisie and of the gentry remained stable. Moreover, a democratization of certain funeral expenses can also be noted during the eighteenth century, manufacturersâ maintenance of minimum prices allowed common people to bury their relatives in parish cemeteries without the need for charity. Mourning expenses spread throughout society until the mid-eighteenth century, when the willingness of social and legal forces to limit womenâs rights resulted in the codification of compensation at a yearâs dower de page EntrĂ©es dâindex Haut de page Texte intĂ©gral 1En 1769, le curĂ© de la paroisse Saint-Jean en GrĂšve est mĂ©content. 1 AN, S 7493, 7 octobre 1769, lettre du curĂ© de Saint-Jean-en-GrĂšve adressĂ©e Ă lâarchevĂȘque et aux dĂ© ... Le nombre [âŠ] des convois est diminuĂ© considĂ©rablement, [âŠ] et tout fastueux quâon est, on ne rougit plus de faire Ă ses parents les plus proches des convois ou modiques ou mĂȘme de charitĂ© auxquels on en est quitte pour ne pas paraĂźtre. Depuis le mois de janvier de cette annĂ©e, il ne sâest peut-ĂȘtre fait douze convois au-dessus du chĆur de la paroisse⊠».1 2 Dans les extraits mortuaires de ceux qui ont Ă©tĂ© enterrĂ©s par charitĂ©, pourquoi y insĂ©rer que lâe ... 3 Foisil, M., 1987, p. 295. 4 Garrioch, D., 2005, p. 35-75. 5 Il ne faudroit pas [âŠ] que la religion encourageĂąt les dĂ©penses des funĂ©railles. Quây a t-il de p ... 6 Chaunu, P., 1978, p. 441. Vovelle, M., 1974, p. 201. 7 Foisil, M., 1974 ; AriĂšs, P., 1977, p. 472-493 ; McManners, J., 1981, p. 303-367. 2Cette plainte est relayĂ©e par les pratiques du clergĂ© parisien celui-ci incite les familles Ă renoncer aux convois de charitĂ© en mentionnant cette information sur les extraits mortuaires2 dont elles ont besoin pour le rĂšglement des successions. Le laconisme des testaments, qui deviennent des textes profanes et juridiques3, conforte cette impression dâune prĂ©fĂ©rence des Parisiens catholiques pour des obsĂšques modestes et discrĂštes le plus souvent, les testateurs sâen rapportent Ă leur exĂ©cuteur testamentaire ou bien ils dĂ©sirent ĂȘtre inhumĂ©s avec toute la simplicitĂ© [ou variante la modestie] chrĂ©tienne ». La sĂ©cularisation de la sociĂ©tĂ©4 relayĂ©e par les discours des philosophes5 aurait dĂ©modĂ© les funĂ©railles baroques du xviie siĂšcle. Lâabandon de lâĂ©glise pour le cimetiĂšre » et lâ indiffĂ©rence Ă lâĂ©lection de sĂ©pulture »6 complĂ©teraient ce tableau dâune sociĂ©tĂ© qui oublie la mort et ses morts7. Ă la fin de lâAncien RĂ©gime, les vains efforts des curĂ©s qui sâopposent Ă la suppression des inhumations dans les cimetiĂšres intra muros en seraient lâaboutissement logique. 8 AN, S 7493, 13 octobre 1762, lettre du curĂ© de Saint-Gervais. 9 Aubert, G., 2003. 10 AN, MC, CXII 813A, 11 avril 1789, dĂ©pĂŽt du testament olographe de Michel Bouvard de Fourqueux, rĂ©di ... 11 Le 5 juillet 1740, les Augustins de la place des Victoires concĂšdent une chapelle familiale Ă RenĂ© ... 12 Hardy, 2009, p. 370 et 518 les ducs de Gesvres et de Chaulnes sont inhumĂ©s Ă Saint-Sulpice ... 13 Hardy, Ă paraĂźtre, 6 aoĂ»t 1776 le corps du prince de Conti est transportĂ© Ă lâIle -Adam, ... 14 Les sĂ©pultures des PhĂ©lypeaux donnent cette impression de dispersion. LâĂ©glise Saint-Germain-lâAuxe ... 15 Il faut payer le clergĂ© de la paroisse de dĂ©part et du lieu de culte dâarrivĂ©e, ainsi que les frais ... 16 Nadault de Buffon, H., 1863, p. 117-127 en 1788, le corps du comte de Buffon est prĂ©sentĂ© Ă Saint- ... 17 Robin-Romero, I., 2007, p. 58. 18 Menetra, 1982, p. 38 et 226-227. 19 Hardy, 2008, p. 179-180, 303, 336, 452-453, 662, 707-708. 20 Hardy, 2008, p. 254, 357, 719-720 et 792. 21 Hardy, 2008, p. 543-544 et 795. 22 Il nây a pas jusquâĂ la bourgeoisie qui sâastreint au cĂ©rĂ©monial de la Cour, & qui emprunte un ai ... 3Dâautres sources invitent cependant Ă relativiser les mutations du siĂšcle des LumiĂšres en matiĂšre de choix funĂ©raires. En 1766, un autre curĂ© du Marais, Bouillerot, curĂ© de Saint-Gervais, attribue la baisse des convois fastueux non au recours aux convois de charitĂ© mais au dĂ©placement ponctuel des lieux dâinhumation des Ă©lites nobiliaires cette annĂ©e la beautĂ© de lâarriĂšre-saison a retenu beaucoup de monde Ă la campagne. Beaucoup de notables de la paroisse sont morts comme M. lâabbĂ© Langlois conseiller de grand chambre, Mde la prĂ©sidente Ren⊠le comte dâAgnelet &c⊠»8. Faute de recherches Ă©quivalentes Ă celles menĂ©es sur les sĂ©pultures des parlementaires bretons9, on ne sait pas comment se rĂ©partissent les inhumations nobiliaires entre les diffĂ©rents lieux couvent, paroisse, ville, campagne, chĂąteau⊠au xviiie siĂšcle. Il est certain que nombre de nobles demandent Ă ĂȘtre inhumĂ©s Ă la campagne Michel Bouvard de Fourqueux, qui a rĂ©digĂ© son testament en 1781, dĂ©cĂšde en 1789 Ă son domicile rue des Francs-Bourgeois, paroisse Saint-Gervais ; selon ses vĆux, il est inhumĂ© dans sa chapelle dans lâĂ©glise paroissiale de Fourqueux10. Ă Paris, les familles de lâaristocratie et de la haute robe dĂ©tiennent souvent des chapelles dans des couvents11, certaines conservent leurs sĂ©pultures dans des Ă©glises paroissiales12 mĂȘme si leurs membres peuvent choisir dâĂȘtre enterrĂ©s ailleurs13. Une tendance Ă lâaffaiblissement du regroupement familial dans ces tombes collectives et Ă lâindividualisation des sĂ©pultures semble sâesquisser14 mais elle reste Ă prouver. Surtout la diminution du coĂ»t des obsĂšques est loin de figurer parmi les soucis principaux des Parisiens en matiĂšre funĂ©raire. La distinction entre le lieu de dĂ©cĂšs et le lieu dâinhumation est trĂšs frĂ©quente dans la noblesse, elle augmente les frais funĂ©raires15 sans que les familles y renoncent16. Le budget de lâhĂŽpital de la TrinitĂ©, qui est partiellement alimentĂ© par la prĂ©sence rĂ©tribuĂ©e de ses pensionnaires aux enterrements, ne porte pas la trace dâune diminution de la demande le poste des convois se maintient honorablement, avec une part variant entre 16 et 30 % » du casuel17. Le vitrier Menetra souligne Ă deux reprises dans son journal, lâimportance quâil attache Ă la dignitĂ© de lâenterrement de ses parents, il sâoppose mĂȘme vivement Ă sa sĆur quand celle-ci, pour des raisons financiĂšres, veut faire inhumer leur pĂšre dans le cimetiĂšre de Clamart au lieu du trĂšs central cimetiĂšre des Saints-Innocents18. Le tĂ©moignage du libraire Hardy conforte cette hypothĂšse les cadavres des suicidĂ©s, des bourgeois pour la plupart, sont gĂ©nĂ©ralement reconnus par leurs parents Ă la morgue avant dâĂȘtre inhumĂ©s dans la paroisse de leur domicile, plus souvent dans lâĂ©glise19 quâau cimetiĂšre20, et mĂȘme parfois avec une certaine pompe21. Par ailleurs, les moralistes qui ont toujours moquĂ© la figure de la veuve coquette sont plus nombreux que jamais Ă dĂ©noncer la diffusion du port du deuil dans lâensemble de la sociĂ©tĂ©22 et que les dĂ©penses de deuil peuvent ĂȘtre trĂšs importantes. 23 Solnon, 1992, p. 147. 24 SĂ©vignĂ©, Madame de, 1862, p. 214 testament rĂ©digĂ© le 29 septembre 1711, dĂ©posĂ© le 26 mars 1713 che ... 25 AriĂšs, P., 1977, p. 79-80 ; Chaunu, P., 1978, p. 326. 4Les valeurs et les pratiques des Parisiens en matiĂšre de frais funĂ©raires doivent donc ĂȘtre Ă©tudiĂ©es de façon plus prĂ©cise. Les obsĂšques ont toujours Ă©tĂ© prises en tension entre des impĂ©ratifs contradictoires. DâaprĂšs le droit, les dĂ©penses des funĂ©railles doivent ĂȘtre faites eu Ă©gard Ă la qualitĂ© et aux biens du dĂ©funt » Digeste, liv. n, tit. 7, loi 14, g. 6. Elles font partie du coĂ»t de la reprĂ©sentation sociale, des devoirs qui imposent aux acteurs de tenir leur rang. Dâun autre cĂŽtĂ©, leur faste est critiquĂ© par les dĂ©vots et les clercs qui soulignent la vanitĂ© des hommes Ă un moment oĂč leur Ă©gale condition de mortel les rapproche, ceci en une pĂ©riode oĂč le souci du salut doit primer sur toute considĂ©ration dâordre terrestre. Anne Le Prevost vers 1585-juillet 1652, Ă©pouse du conseiller dâĂtat AndrĂ© LefĂšvre dâOrmesson, veut ainsi ĂȘtre inhumĂ©e dans sa paroisse, dans une biĂšre de bois sans tenture et avec un luminaire trĂšs rĂ©duit, elle conjure son mari de satisfaire ses vĆux et de tenir bon contre toutes les raisons mondaines »23. Le ton suppliant de la testatrice souligne les fortes rĂ©sistances des acteurs sociaux au respect de la conscience religieuse des mourants. Le testament de Charles de SĂ©vignĂ©, comte de Montmoron, rĂ©digĂ© en 1711, traduit en revanche la conception majoritaire des funĂ©railles il demande Ă son Ă©pouse dâobserver ce qui sâest passĂ© sous nos yeux pour des personnes de condition qui sont mortes dans la paroisse de Saint-Jacques du Haut-Pas »24. On ne saurait tenir discours plus conformiste. Nombre de testaments demandent aussi une inhumation prĂšs dâun parent, la plupart du temps auprĂšs dâun conjoint, dans une tombe familiale25. 26 Engammare, M., 2002. La laĂŻcisation des valeurs apparaĂźt aussi dans lâamĂ©nagement des siĂšges des te ... 27 AN, MC, XXXIX 247, 13 novembre 1706, testament de Marie Orceau veuve Louis RouillĂ©, contrĂŽleur gĂ©nĂ© ... 28 Rideau, G., 2010, p. 111. 29 Foisil, M., 1974. 30 AN, MC, XXXIX 82, 3 mai 1648, testament dâAdrien Devin, marchand drapier, ancien Ă©chevin, demeurant ... 31 AN, MC, CXV 316, 25 janvier 1703, testament dâAnne Françoise Duzelle Ă©pouse AndrĂ© MollĂ©, marchand p ... 5Au siĂšcle des LumiĂšres, la tension entre les devoirs dâĂ©tat et la prĂ©paration du salut persiste, mais elle est moins forte. Les funĂ©railles tĂ©moignent avant tout du respect des convenances sociales par les familles des dĂ©funts. Cette prĂ©gnance des impĂ©ratifs terrestres sur les exigences religieuses nâest pas propre Ă une sociĂ©tĂ© catholique, elle sâobserve aussi Ă GenĂšve dĂšs le xviie siĂšcle Ă rebours de lâesprit Ă©galitaire promu par la RĂ©forme protestante, les funĂ©railles sont marquĂ©es par un affichage de plus en plus marquĂ© des inĂ©galitĂ©s sociales et politiques et par lâapparition dâune pompe funĂšbre26. La prĂ©gnance des valeurs sĂ©culiĂšres dans le Paris de Louis XV va de pair avec une modification du contexte matĂ©riel des inhumations. La quasi-disparition des consignes testamentaires sur les lieux de sĂ©pulture, qui a Ă©tĂ© interprĂ©tĂ©e comme une attirance pour le cimetiĂšre ou bien une indiffĂ©rence pour les nĂ©cropoles, est en fait une consĂ©quence du rĂ©amĂ©nagement des Ă©glises comme espaces funĂ©raires. Entre les annĂ©es 1730 et 1760, les tombes sous le pavĂ© des Ă©glises paroissiales sont supprimĂ©es et remplacĂ©es par des caves collectives qui accueillent les dĂ©pouilles de ceux qui peuvent et veulent y ĂȘtre enterrĂ©s ; seules les chapelles, quâelles aient Ă©tĂ© hĂ©ritĂ©es du xviie siĂšcle ou quâelles soient plus rĂ©centes27, Ă©chappent Ă cette Ă©volution. Les testateurs qui nâont pas de chapelle nâont donc plus besoin de prĂ©ciser Ă quel endroit prĂ©cis de lâĂ©glise ils veulent ĂȘtre inhumĂ©s. Selon son Ă©tat, on est inhumĂ© dans le cimetiĂšre ou dans lâĂ©glise de sa paroisse, sauf dĂ©votion particuliĂšre ou dĂ©calage entre la condition sociale hĂ©ritĂ©e et la condition prĂ©sente faillis ; il en est de mĂȘme Ă OrlĂ©ans28. Le cimetiĂšre des Saints-Innocents29, qui accueillait les sĂ©pultures de plusieurs familles de notables aux xve-xviie siĂšcles30, nâest plus demandĂ© que par quelques bourgeois et seulement dans la premiĂšre moitiĂ© du xviiie siĂšcle31. Quant aux Ă©volutions qui affectent le reste de la France, elles ne touchent guĂšre les Parisiens. La dĂ©claration de 1776 sur lâinterdiction des inhumations dans les Ă©glises nâest pas appliquĂ©e Ă Paris parce que chaque lieu de culte abrite une cave commune. Avant 1789, la suppression des cimetiĂšres intra muros est juste esquissĂ©e avec la disparition de la nĂ©cropole des Saints-Innocents mais celle-ci ne concerne que le peuple. 32 GaĂ«l Rideau a travaillĂ© Ă partir du mĂȘme type dâarchives. Rideau, G., 2009, p. 130 et 2010, p. 110- ... 33 Croq, L., 1998 et 2009. 6Câest dans ce cadre que lâĂ©conomie funĂ©raire de la capitale peut ĂȘtre pensĂ©e des annĂ©es 1680 Ă la RĂ©volution. Les sources qui permettent dâapprofondir sa connaissance sont en parties les mĂȘmes que celles mobilisĂ©es par Pierre Chaunu et ses Ă©tudiants, mais dans des proportions diffĂ©rentes. Les testaments constituent une source secondaire pour la connaissance des montants des frais funĂ©raires. Celle-ci se fonde principalement sur dâautres actes notariĂ©s qui comportent des donnĂ©es chiffrĂ©es inventaires aprĂšs dĂ©cĂšs, comptes dâexĂ©cution testamentaire, partages de succession, liquidations de communautĂ©32 ; sây ajoutent des comptes, partages et liquidations Ă©tablis par les commissaires au ChĂątelet. Ces documents ont Ă©tĂ© consultĂ©s en nombre lors de mes recherches sur les bourgeois de Paris », les marchands merciers et les notables parisiens33, ce qui explique que les informations concernant ces catĂ©gories soient particuliĂšrement abondantes. Les actes de comptes autres que les inventaires aprĂšs dĂ©cĂšs fournissent souvent des indications sur les frais de deuil des parents et domestiques des dĂ©funts, mais aussi les indemnitĂ©s de deuil attribuĂ©es aux veuves. Les archives des fabriques paroissiales complĂštent ces donnĂ©es en prĂ©cisant les tarifs des prestations proposĂ©es aux familles. Notre mĂ©connaissance des revenus rĂ©els des fabriques empĂȘche de savoir si les enterrements sont un poste lucratif les dĂ©clarations de revenus et de dĂ©penses des paroisses ne sont pas fiables les comptes de la paroisse Saint-Merry sont toujours dĂ©ficitaires quand il sâagit de payer les dĂ©cimes, mais ils sont excĂ©dentaires quand il sâagit de justifier un emprunt pour embellir lâĂ©glise ! ou bien les revenus tirĂ©s des enterrements sont comptabilisĂ©s avec les recettes des mariages au titre du casuel. 7On peut ainsi prĂ©senter, dans un premier temps, lâoffre des diffĂ©rents prestataires de service hormis les couvents avant de prĂ©ciser les valeurs et les pratiques des diffĂ©rents groupes sociaux, de la noblesse au peuple, en matiĂšre de frais dâobsĂšques stricto sensu messes non comprises et de deuil. La deuxiĂšme partie portera sur les dĂ©penses rĂ©alisĂ©es pour les enterrements, dont celles pour le deuil du convoi crĂȘpes, gants, manteaux afin de reconstituer les normes du conformisme social. La derniĂšre partie sâintĂ©ressera aux frais et indemnitĂ©s de deuil dont les veuves sont les principales bĂ©nĂ©ficiaires. 1. Une pluralitĂ© de services funĂ©raires Lâoffre funĂ©raire 8Les acteurs de lâĂ©conomie paroissiale des obsĂšques sont nombreux outre les paroisses fabriques et clergĂ©, il y a les jurĂ©s crieurs, les fripiers, les marchands Ă©piciers de cire⊠34 Denisart, 1775, p. 476-477. Durand de Maillane, P. T., 1776, p. 178. Thibaut-Payen, J., 1977 ... 35 Lebrun, F., 1971, p. 464-465. 36 Thibaut-Payen, J., 1977, p. 59, note 228. 37 MarcadĂ©, J., 2010, p. 36. 38 Thibaut-Payen, J., 1977, p. 64 sans nĂ©anmoins vouloir empĂȘcher la libĂ©ralitĂ© des riches ». 9Le personnel paroissial contribuant aux funĂ©railles comprend des clercs et des laĂŻcs. Leurs prestations sont payĂ©es sĂ©parĂ©ment Ă la fin du xviie siĂšcle tant au fossoyeur, tant aux clercsâŠ, alors quâau xviiie siĂšcle, les familles des dĂ©funts reçoivent de la paroisse une seule facture Ă©manant du prĂȘtre receveur des convois qui est nommĂ© par la fabrique. Les honoraires des ecclĂ©siastiques, curĂ© et autres clercs, font lâobjet dâune tarification diocĂ©saine inchangĂ©e pendant prĂšs dâun siĂšcle le rĂšglement de Mgr de Noailles, fait le 30 mai 1693 et homologuĂ© par le parlement le 10 juin suivant, Ă©tablit les droits du clergĂ© pour les mariages et les convois, il est encore en vigueur dans les annĂ©es 177034. La rĂ©munĂ©ration des clercs parisiens est identique quelle que soit la qualitĂ© des dĂ©funts ĂągĂ©s de plus de sept ans. Paris ne connaĂźt donc pas de classes de tarifs â qui associent un niveau de consommation funĂ©raire Ă un groupe social â comme on en trouve dans plusieurs diocĂšses. Dans celui dâAngers, il y a sept classes en 1700, puis trois aprĂšs 176435. LâĂ©vĂȘque de Clermont-Ferrand divise les fidĂšles en quatre ordres en 172536. Dans lâĂ©vĂȘchĂ© de Poitiers, le tarif diocĂ©sain de 1706 distingue trois classes, puis quatre Ă partir de 1772 les magistrats et nobles doivent huit livres lt, les notaires, marchands et autres vivants de leur profession non mĂ©chanique » six lt, les artisans ayant maĂźtrise dans une profession mĂ©chanique » quatre lt, enfin tous autres comme journaliers et garçons de boutique trois lt37. La spĂ©cificitĂ© parisienne tient sans doute Ă deux raisons les hiĂ©rarchies sociales sont plus facilement lisibles dans les petites et moyennes villes ; lâarchevĂȘque de Paris a souhaitĂ© laisser une place au don dans la rĂ©tribution de son clergĂ©38. 39 Baloche, C., 1911, p. 501 ; Baurit, M. & Hillairet, J., 1955, p. 24. AN, H5 3772, extrait de dĂ©libĂ© ... 40 Baloche, C., 1911, p. 501-502. 41 BnF, Fol Z Le Senne 723, martyrologue de Saint-SĂ©verin, 1678. 42 Harding, V., 2002, p. 136. 10Ă Paris comme en province, les fabriques, gĂ©rĂ©es par des marguilliers laĂŻques qui sont des notables, sont les autres acteurs du marchĂ© funĂ©raire paroissial. Elles offrent des prestations qui sont tarifĂ©es. Mais les tarifs sont diffĂ©rents dâune paroisse Ă une autre et ils Ă©voluent en fonction des valeurs et des objectifs des marguilliers. DĂšs les annĂ©es 1670, ces derniers veulent rĂ©duire les inhumations dans les Ă©glises pour limiter la dĂ©gradation du pavĂ©39 et les mauvaises odeurs40. Le critĂšre principal de distinction des fidĂšles est alors lâanciennetĂ© de la rĂ©sidence dans la paroisse. En 1678, la fabrique de Saint-SĂ©verin choisit de rĂ©server lâinhumation sous le pavĂ© aux paroissiens, elle fait construire une cave sous la chapelle du Saint-Sacrement pour inhumer les Ă©trangers qui nâont aucune habitation dans ladite paroisse » ; lâopĂ©ration est fort coĂ»teuse, donc les Ă©trangers paieront soixante lt pour ĂȘtre inhumĂ©s dans lâĂ©glise trente lt sous les charniers, alors que ceux qui ont droit de tombe » ne seront taxĂ©s respectivement quâĂ cinq lt et deux livres dix sols41 ! Ă Saint-AndrĂ©-des-Arts, en 1687, la sĂ©pulture dans lâĂ©glise dâun dĂ©funt qui nâest pas domiciliĂ© dans la paroisse coĂ»te trente lt contre vingt lt pour un paroissien, et la fabrique insiste pour quây soient associĂ©es les consommations funĂ©raires les plus onĂ©reuses42. 43 Vimont, M., 1932, p. 178. 44 Baloche, C., 1911, p. 433-434 et 501-502. 11Les valeurs de la gestion paroissiale changent dĂšs la fin du rĂšgne de Louis XIV. La discrimination Ă©conomique, qui rĂ©serve lâinhumation dans les Ă©glises aux plus fortunĂ©s, sâaffirme progressivement comme le seul critĂšre de distinction. Les inhumations dans les nouvelles caves collectives sont moins chĂšres que sous le pavĂ©. Ă Saint-Leu, dâaprĂšs les rĂšglements de 1713 et 1714, lâouverture de terre et le droit du fossoyeur pour une inhumation dans la cave ne coĂ»tent que 40 lt contre 62 lt pour une inhumation dans tous les endroits de lâĂ©glise43. Ă Saint-Merry, Ă partir de 1731, les paroissiens sans sĂ©pulture familiale doivent se faire inhumer dans la cave moyennant 43 lt, tarif minimum pour une sĂ©pulture dans lâĂ©glise44. 45 BnF, Z Thoisy 331, fol. 171-177, extrait des registres de dĂ©libĂ©rations des marguilliers de Saint-J ... 46 Saupin, G., 2000, p. 144-145. 47 Rideau, G., 2009, p. 125. 48 Lottin, A., 1978-2000, p. 150. 12Lâaugmentation des tarifs des inhumations sous le pavĂ© est lâautre volet de lâĂ©volution des prix. DĂšs 1671 Ă Saint-Germain lâAuxerrois, le coĂ»t dâune sĂ©pulture passe de cinquante Ă soixante lt pour les plus de vingt ans. Ă Saint-Jacques de la Boucherie, Ă partir de 1688, ĂȘtre inhumĂ© dans lâĂ©glise revient Ă 260 lt auxquels sâajoutent obligatoirement la grosse sonnerie, le beau parement complet, le moyen parement quand il y aura chapelle des dames, & la belle argenterie de vermeil dorĂ© »45. Ă Saint-Merry, les tarifs grimpent jusquâen 1731 de 1679 Ă 1709, lâouverture de terre pour lâinhumation dâun adulte est payĂ©e quinze lt, elle passe Ă vingt-cinq lt en 1710. Lâaugmentation des tarifs est aussi la solution adoptĂ©e en 1729 par le parlement de Bretagne pour lâĂ©glise Sainte-Croix de Nantes46 et par les fabriques de Saint-Michel et Saint-Paterne dâOrlĂ©ans en 176947. Il nây a quâĂ Lille, encore dans les annĂ©es 1770, que les marguilliers de la paroisse de la Madeleine refusent ce moyen de limiter les inhumations dans leur Ă©glise, car ce serait pour eux une injustice sociale48. 49 BnF, ms fr 21609, fol. 36-39, rĂšglements des droits dĂ»s Ă la fabrique de lâĂ©glise paroissiale de Sa ... 50 AD 78, 58 J 2, registres de dĂ©libĂ©rations de la fabrique Notre-Dame de Versailles, 20 aoĂ»t 1773. 51 Harding, V., 2002, p. 75-76. Pour le xviiie siĂšcle, voir nos calculs dans L. Croq, 2009, p. 298-299 13Revenons Ă Paris. La discrimination Ă©conomique est Ă peine complĂ©tĂ©e par la distinction sociale. Les marguilliers et leurs familles sont gĂ©nĂ©ralement exemptĂ©s du paiement de ces taxes. Les tarifs sont lĂ©gĂšrement modulĂ©s en fonction des consommations matĂ©rielles qui sont des marqueurs sociaux. Les droits ordinaires dâouverture de terre sont doublĂ©s ou presque pour les biĂšres en plomb Ă Saint-Jean en GrĂšve, Ă Saint-Merry et Ă Saint-Leu, dans les tarifs datĂ©s respectivement de 1670, 1731 et 173449 or, Ă Paris comme Ă Londres, seuls des nobles sont enterrĂ©s dans des cercueils en plomb. Cette distinction sera aussi opĂ©rationnelle Ă Notre-Dame de Versailles dans les annĂ©es 177050. Une inhumation dans le chĆur est aussi plus coĂ»teuse Ă Saint-Germain lâAuxerrois au milieu du xviiie siĂšcle, le prix est doublĂ©. MalgrĂ© ces mesures, les inhumations dans les Ă©glises augmentent puisquâelles reprĂ©sentent toujours environ 10 % des sĂ©pultures51. Les nobles qui ont des chapelles Ă©chappent partiellement Ă ces tarifications grĂące aux clauses des concessions familiales. 52 Harding, V., 2002, p. 129. 53 BnF, Z-Thoisy 331, f. 191-213, RĂšglement gĂ©nĂ©ral pour les droits de la fabrique de lâĂ©glise paroiss ... 54 Brochard, L., 1923, p. 77. 55 BnF, Lk7 7039, RĂšglements des droits et fonctions des officiers dĂ©pendants de la fabque de [âŠ] Sain ... 56 Harding, V., 2002, p. 139. 14La diversitĂ© des tarifs paroissiaux est aussi la norme pour les prestations funĂ©raires. Au xviie siĂšcle, les prestations simples ou groupĂ©es sont divisĂ©es en trois, quatre ou cinq catĂ©gories. Ă Saint-Jean-en-GrĂšve en 1670, les parements, qui sont beaux, moyens ou petits, comprennent le prĂȘt du poĂȘle et de lâargenterie câest-Ă -dire les croix, chandeliers et bĂ©nitiers, ils servent, tant aux maisons quâĂ lâautel & autour du corps ». Ă Saint-SĂ©verin en 1678, lâargenterie est divisĂ©e en cinq catĂ©gories selon le nombre de chandeliers quatre, six, huit, dix ou douze et vaut entre trois et neuf lt. Certaines consommations sont obligatoirement associĂ©es, les fidĂšles ne sont pas tout Ă fait libres de leurs choix52. Les rĂšglements exemptent les marguilliers et leurs familles comme les bienfaiteurs des paroisses de tout ou partie de ces taxes Ă Saint-SĂ©verin, en 163753, Ă Saint-Laurent en 166554, Saint-Eustache en 166955, Ă Saint-AndrĂ© des Arts en 168756, Ă Saint-Jacques de la Boucherie en 1688. 57 Les offres forfaitaires associant obligatoirement plusieurs prestations qui ne sont pas toujours dĂ© ... 58 AN, T 1068. 15Plusieurs tendances se dessinent au xviiie siĂšcle lâaugmentation des tarifs, le dĂ©groupage » des offres57 et la fin des exemptions. Les prix les plus Ă©levĂ©s augmentent les riches paient plus cher, mais chaque fabrique conserve un tarif de base Ă peu prĂšs identique, ce qui permet une dĂ©mocratisation de la consommation. Les prestations autrefois groupĂ©es sont dĂ©sormais dissociĂ©es et les tarifs sont plus souvent donnĂ©s pour chaque piĂšce. Les catĂ©gories des tarifs Ă©voluent donc Ă lâintĂ©rieur dâune mĂȘme paroisse. Ă Saint-Leu, Ă partir de 1713, chaque piĂšce dâargenterie est proposĂ©e isolĂ©ment. Saint-Jean-en-GrĂšve fait de mĂȘme en 1716 il nây a plus trois mais quatre catĂ©gories de parements beaux / second / troisiĂšme et quatriĂšme qui ne comprennent plus lâargenterie, louĂ©e dĂ©sormais Ă©lĂ©ment par Ă©lĂ©ment. Les exemptions ou tarifs prĂ©fĂ©rentiels accordĂ©s aux marguilliers et Ă leurs familles au xviie siĂšcle disparaissent. Au siĂšcle des LumiĂšres, seul le clergĂ© a encore droit Ă des faveurs, sinon Ă des exemptions pour lâenterrement de lâabbĂ© Nicolay, prĂȘtre receveur des convois de Saint-AndrĂ© des Arts dĂ©cĂ©dĂ© le 11 fĂ©vrier 1762, son successeur ne touche de lâexĂ©cuteur testamentaire que 79 lt 5 sols car plusieurs articles sont gratis » les droits du curĂ©, des vicaires et du sacristain, les premiers parements, lâargenterie et la rĂ©munĂ©ration du receveur des convois58. 59 Lottin, A., 1984, p. 304. 60 Rideau, G., 2009, p. 129. 61 Salvadori, P., 1999, p. 144. 16Lâoffre des fabriques parisiennes se distingue de celle de leurs homologues provinciales qui pratiquent des classes de tarifs jusquâĂ la RĂ©volution. Ă Lille, câest le Magistrat de la Ville qui fixe les prix appliquĂ©s dans toutes les paroisses, lesquels comprennent quatre classes59. Ă Sainte-Catherine dâOrlĂ©ans, il y a aussi quatre classes60. Ă Dijon, la tarification des cloches et de lâinhumation des paroissiens est rĂ©glĂ©e Ă Notre-Dame et Ă Saint-Pierre [âŠ], respectivement en 1719 et 1745, en fonction de la qualitĂ© sociale des dĂ©funts, elle comprend trois classes les gens de qualitĂ© gens du parlement ou de la chambre des comptes, trĂ©soriers de France ; les autres officiers, les avocats, les marchands, les mĂ©decins, les bourgeois ; les artisans et les professions populaires »61. 62 Chaunu, P., 1978, p. 356. 63 AN, MC, notaire Boursier, 8 juin 1707 ; XCIX 518, 23 novembre 1753 ; LXXV 727, 9 septembre 1773, tr ... 64 Lebrun, F., 1971, p. 465. 17Les prestations funĂ©raires des paroisses parisiennes sont complĂ©tĂ©es, jusquâau xviie siĂšcle, par les services des confrĂ©ries modiques ou gratuits et des jurĂ©s crieurs payants. Ă la fin du rĂšgne de Louis XIV, ces derniers Ă©vincent les confrĂ©ries qui sont cantonnĂ©es dans la cĂ©lĂ©bration de services pour les dĂ©funts. Les jurĂ©s crieurs procurent lâessentiel des fournitures funĂšbres, utilisĂ©es au domicile tentures, estrade, chandeliers, bĂ©nitier, crucifix ainsi quâĂ lâĂ©glise »âŠ, mais aussi les vĂȘtements de deuil habits, manteau, chapeau, bas, gants, perruque noire⊠[et lâimpression et la] diffusion des faire-part »62. Ils sont titulaires dâoffices dont la valeur, aprĂšs avoir lĂ©gĂšrement baissĂ© dans la premiĂšre moitiĂ© du xviiie siĂšcle, remonte dans les deux dĂ©cennies prĂ©cĂ©dant la RĂ©volution environ 30 000 lt en 1707, 27 000 lt en 1753, 36 000 lt en 177363. Par comparaison, Ă Angers, câest lâHĂŽpital gĂ©nĂ©ral, qui, depuis 1672, a le monopole des pompes funĂšbres », et un tarif fixe le prix des fournitures les tentures, les housses, les manteaux et voiles de deuil » louĂ©s Ă la journĂ©e64. 65 Sur la survivance de ces pratiques dans la France du dĂ©but du xxe siĂšcle, voir A. Van Gennep, 1998, ... 66 Code de lâHĂŽpital GĂ©nĂ©ral de Paris, 1786, p. 301-303 extrait des registres des dĂ©libĂ©rations du Bu ... 18La norme sociale veut en effet que, lors des funĂ©railles dâun notable, dâune duchesse ou du lieutenant gĂ©nĂ©ral de police, des tentures soient tendues Ă la maison et Ă lâĂ©glise. Les personnes prĂ©sentes aux enterrements portent gants et crĂȘpes de deuil qui sont louĂ©s par les familles des dĂ©funts65. Les jurĂ©s crieurs ont thĂ©oriquement le monopole de ces fournitures mortuaires, dans les faits cette exclusivitĂ© est surtout avĂ©rĂ©e pour les tentures, et les familles ont souvent recours Ă dâautres prestataires. Lâimpression et le port des billets sont parfois demandĂ©s Ă des imprimeurs, des fripiers louent des vĂȘtements de deuil, des gantiers livrent des gants. Le marchand Ă©picier cirier fournit le luminaire câest-Ă -dire la cire des flambeaux qui sont placĂ©s autour du dĂ©funt puis du cercueil Ă la maison, dans le convoi et Ă lâĂ©glise. Des plombiers fabriquent les cercueils de plomb. Le temps des funĂ©railles est aussi celui de lâexpression des appartenances corporatives, les communautĂ©s de mĂ©tiers et autres corps auxquels le dĂ©funt appartient louent leur poĂȘle drap mortuaire ou leur argenterie moyennant des sommes entre six Ă trente lt pour les procureurs au parlement, les marchands de vin et les merciers. Les pauvres prĂ©sents sont rĂ©munĂ©rĂ©s directement par la famille ou bien par lâentremise dâune institution. Les enfants de lâHĂŽpital gĂ©nĂ©ral accompagnent parfois les convois dans les annĂ©es 1780, ceux de la PitiĂ© ne sont plus mandĂ©s que dans dix-neuf paroisses, le rapport pour lâHĂŽpital gĂ©nĂ©ral ne serait que de 16 00 lt par an, les autres [paroisses] prĂ©ferent les enfans de leur charitĂ© »66. Les demandes des dĂ©funts 67 Pour les bourgeois AN, MC, CXII 625, 11 fĂ©vrier 1709, testament de Marie-ThĂ©rĂšse Renou Ă©pouse Jean ... 19Comme on le sait, au xviie siĂšcle, nobles et bourgeois demandent gĂ©nĂ©ralement Ă ĂȘtre inhumĂ©s dans une Ă©glise prĂšs dâun parent ; au xviiie siĂšcle, les nobles continuent, tandis quâĂ cause de la multiplication des caves, les bourgeois cessent de donner des consignes en ce sens. Les vĆux dâinhumation au cimetiĂšre sont ultra minoritaires, mais ils Ă©manent aussi bien de bourgeois que de nobles et ils sont gĂ©nĂ©ralement associĂ©s Ă une demande dâobsĂšques trĂšs modestes67. 68 Nicolas Cadeau, prĂȘtre du diocĂšse de Paris, veut ĂȘtre enterrĂ© au plus tard Ă sept heures du matin d ... 69 AN, MC, IX 630, 21 janvier 1728, testament de LĂ©onard I Chauvin, mercier, Ă©chevin, juge-consul. Voi ... 70 Thibaut-Payen, J., 1977, p. 37. Autres exemples de refus des tentures sans rejet dâune autre conso ... 71 AN, MC, VI 747, 24 octobre 1761, testament dâAndrĂ© François de Paule LefĂšvre dâOrmesson baron du Ch ... 72 Le testament de Mme de Beauvau ne veut point de tenture, ni mĂȘme de billets dâinvitation, exceptĂ© ... 73 Madame de Barally, Ă©pouse dâun conseiller Ă la grandâchambre, demeurant paroisse Saint-Roch, prĂ©cis ... 74 AN, MC, LXXXVI, 657, testament olographe en date des 4 et 5 janvier 1752, dĂ©posĂ© le 13 juin 1753, M ... 75 Crasset, J., 1684, p. 45. 76 Nouvelle histoire abrĂ©gĂ©e de Port-Royal, tome 4, Paris, 1786, p. 176. 77 Vie du bienheureux François de PĂąris diacre du diocese de Paris, Utrecht, 1743, p. 146. Sur le diac ... 78 Manneville, C. de , 1904, note 2, p. 202. 79 Les marguilliers de Saint-Paul prĂ©sentent ainsi lâenterrement dâun fidĂšle mort sans laisser de bien ... 80 En 1678, câest un procureur qui meurt impĂ©nitent et quâon enterre sans sonnerie de cloches, dâoĂč ... 81 Lyon-Caen, N., 2010, p. 424. 82 Journal universel, septembre 1745, p. 549 Ă propos de lâinhumation de Bertrand Margoet, prĂȘtre et ... 20Le dĂ©sir de funĂ©railles, respectant la simplicitĂ© chrĂ©tienne, est un leitmotiv des testaments du xviiie siĂšcle. Les testateurs ne demandent quasiment jamais lâĂ©viction du jurĂ© crieur68, mais certains prennent la peine de noter les consommations quâils refusent. Les objets dont la prĂ©sence est stigmatisĂ©e par les Parisiens comme relevant dâun luxe et dâun orgueil dĂ©placĂ©s sont surtout les tentures. Leur installation cristallise lâessentiel des exigences de modestie de la bonne bourgeoisie Ă la noblesse. LĂ©onard Chauvin est un grand notable Ă©chevin et juge consul, il dĂ©sire, dans son testament rĂ©digĂ© en 1728, que la tenture soit Ă©pargnĂ©e tout autant que faire se pourra tĂ©moignant mĂȘme led. sr testateur quâil dĂ©sirerait quâil nây en eut aucune »69. La duchesse de Rochechouart, dĂ©cĂ©dĂ©e en 1752, refuse carrĂ©ment cet ornement70. Les nobles associent parfois au rejet des tentures celui des sonneries71 ou des billets72, ou bien les trois Ă la fois73. Le refus des cloches et des faire-part Ă©mane surtout de magistrats et de leurs Ă©pouses. Une exception, Marie Anne Breavoyne, ouvriĂšre en linges jansĂ©niste, veuve François Thouin, garçon mercier ancien marchand failli, veut ĂȘtre enterrĂ©e avec les pauvres, sans sonnerie ni billets, au plus bas prix », ni dĂ©pense inutile74. La spĂ©cificitĂ© des testaments des nobles dĂ©vots tient aux consignes sur le luminaire, quâils acceptent en petite quantitĂ©, ou bien quâils refusent en 1682, Madame Helyot rĂ©clame quatre cierges sur lâAutel » seulement75 ; en 1695, Nicole demande dâĂȘtre enterrĂ© sans pompe, sans tenture, ni Ă sa maison ni Ă lâĂglise, & conduit sans flambeaux »76 ; le diacre Paris, qui est issu dâune famille de conseillers au parlement de Paris, ordonne dâĂȘtre enterrĂ© sans tenture, sonnerie ni luminaire »77 dans le cimetiĂšre de Saint-MĂ©dard, ce qui est rĂ©alisĂ© le 3 mai 1727 Ă dix heures du soir moyennant vingt-cinq lt78. Ce refus rapproche les testateurs des pauvres des convois de charitĂ©79, mais aussi des fidĂšles punis par la hiĂ©rarchie ecclĂ©siastique. Sous Louis XIV, lâabsence de sonneries est utilisĂ©e par lâĂ©vĂȘque de Beauvais pour sanctionner les fidĂšles qui refusent de communier80. Les jansĂ©nistes morts sans sacrement parce quâils nâacceptent pas la bulle Unigenitus sont trĂšs rarement privĂ©s dâune inhumation en terre chrĂ©tienne81 mais ils sont enterrĂ©s dans un coin de cimetiĂšre sans passage par lâĂ©glise, sans luminaire, sans le son dâaucune cloche, sans encens, sans aucune priĂšre, sans aucun convoi ecclĂ©siastique »82. Lâinhumation silencieuse, sans cierge et sans croix ni priĂšre est aussi le mode des funĂ©railles protestantes. 83 AprĂšs une descente des plus complettes de toute la justice, et les formalitĂ©s requises en pareil ... 84 Hardy, 2008, p. 206-207 12 fĂ©vrier 1767 ; 2009, p. 665 18 novembre 1772. 85 Hardy, 2008, p. 549 5 dĂ©cembre 1769, inhumation du conseiller au Parlement Severt il nâ ... 86 Hardy, 2009, p. 665 18 novembre 1772, inhumation de Jacques Pierre de Sorhouet, ancien cons ... 87 Lâenterrement [du marĂ©chal dâEstrĂ©es Ă la paroisse Saint-Sulpice] Ă©tait assez magnifique ; cepend ... 21De façon exceptionnelle, les testateurs indiquent le montant maximal des sommes qui doivent ĂȘtre affectĂ©es Ă leur enterrement. Selon les milieux, la barre est bien sĂ»r placĂ©e plus ou moins haut, mais ces exemples montrent combien les Parisiens savent le prix et la valeur des obsĂšques. Hardy juge tel convoi fort beau », ou bien pompeux ». Ses remarques tĂ©moignent des compĂ©tences classificatoires des acteurs qui associent mentalement lâinĂ©galitĂ© des conditions au faste plus ou moins grand des pompes funĂšbres. Ă cette aptitude est logiquement associĂ©e la capacitĂ© de repĂ©rer les anomalies, les paradoxes. Hardy note lâincongruitĂ© des tentures lors des obsĂšques du banquier Bonvalet Desbrosses83, il remarque le dĂ©calage entre les cinq cents billets distribuĂ©s pour annoncer lâenterrement de Mlle La Chalotais, fille du procureur gĂ©nĂ©ral du parlement de Bretagne, et les douze personnes prĂ©sentes Ă la cĂ©rĂ©monie84. Hardy se plaĂźt tout particuliĂšrement Ă souligner la maigreur des convois des dĂ©funts hostiles aux jansĂ©nistes85 puis favorables aux rĂ©formes du chancelier Maupeou86, comme si le dĂ©saveu du public parisien le confortait dans ses choix politiques et religieux. Les apprĂ©ciations du duc de Luynes87 laissent penser que ces commentaires sur les cĂ©rĂ©monies funĂ©raires ne sont pas rĂ©servĂ©s Ă la bourgeoisie. Les choix des familles 88 AN, MC, XXXIX 139, 1e fĂ©vrier 1678, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Catherine Lenormand Ă©pouse Barroy ; X ... 22Les dĂ©penses finalement rĂ©alisĂ©es dĂ©pendent enfin des choix faits par le veuf ou la veuve, lâexĂ©cuteur testamentaire ou les hĂ©ritiers. Les niveaux de consommation sont liĂ©s aux dynamiques Ă©conomiques et sociales des familles. Ils sont pris en tension entre des exigences parfois difficilement compatibles. Lâusage voudrait que chacun ait droit Ă des funĂ©railles conformes Ă son Ă©tat, Ă sa condition, Ă son rang. Mais les alĂ©as des fortunes, enrichissement ou appauvrissement, ont parfois créé un hiatus entre le rang hĂ©ritĂ© et le rang prĂ©sent, les familles en situation de mobilitĂ© sociale ascendante ou descendante doivent choisir entre leur condition passĂ©e et leur condition prĂ©sente. Les parentĂ©s ruinĂ©es peuvent assumer leur honte et vouloir des funĂ©railles modestes et discrĂštes ou bien chercher Ă effacer un moment les effets du dĂ©classement en payant des funĂ©railles conformes Ă leur statut hĂ©ritĂ©. Pour les nouveaux riches, le temps des obsĂšques permet Ă©ventuellement de sâidentifier Ă un rang supĂ©rieur en surconsommant. Ainsi, les deux Ă©pouses du marchand mercier Mathurin Barroy sont inhumĂ©es dans lâĂ©glise Sainte-Opportune, la premiĂšre en 1678, moyennant 377 lt, la seconde en 1686 pour 982 lt88 ; entre temps, Barroy a entamĂ© une carriĂšre de notable en acquĂ©rant une charge de quartinier en 1682 il sera Ă©lu Ă©chevin en 1696. 23La multiplicitĂ© des paramĂštres diversitĂ© du coĂ»t des prestations, Ă©tendue des choix offerts aux familles⊠devrait susciter une grande hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des consommations qui seraient incomparables dâune paroisse Ă une autre. Il nâen est rien, lâĂ©tude du corpus des frais funĂ©raires rĂ©vĂšle des rĂ©gularitĂ©s signifiantes. 2. Les pompes funĂšbres 89 Villain, J., 1994, p. 331. PĂ©nicaut, E., 2004, p. 400. Cuvillier, J., 2005, p. 444-446. 24Ce corpus comprend 321 cas, 42 antĂ©rieurs Ă 1726, 279 de 1727 Ă la RĂ©volution, avec une moyenne de 411 lt la coupure a Ă©tĂ© choisie en fonction de la fixation de la valeur de livre tournois lt en 1726. Ce sont, dans la grande majoritĂ©, les dĂ©penses faites pour lâinhumation de bourgeois, grands et petits. Seuls ont Ă©tĂ© pris en compte les frais dâobsĂšques stricto sensu sont exclus les sommes payĂ©es pour le deuil, lâapposition de scellĂ©s, les messes, les litres funĂ©raires quand les funĂ©railles nâont pas lieu dans lâĂ©glise oĂč elles sont apposĂ©es⊠Ainsi les obsĂšques de Marie Madeleine Mazade Ă©pouse du marquis de la FerriĂšre, lieutenant gĂ©nĂ©ral des armes du roi, et auparavant veuve du fermier gĂ©nĂ©ral Grimod de la Reyniere, dĂ©cĂ©dĂ©e en 1773, inhumĂ©e Ă Saint-Eustache, sont Ă©valuĂ©es Ă 2 322 lt environ, non compris les messes, la rĂ©munĂ©ration du curĂ© de Clichy pour le service et pour priĂšres pendant trois jours 331 lt et celle dâun peintre pour les litres et armoires posĂ©es en dedans et au dehors de lâĂ©glise de Clichy » 540 lt. Les chiffres indiquĂ©s dans les travaux sur des ministres ou des familles nobiliaires globalisent souvent les dĂ©penses liĂ©es Ă la mort, ils ont rarement pu ĂȘtre utilisĂ©s89. Normes du conformisme mortuaire » Jean Nicolas90 90 Nicolas, J., 2003, p. 308. Tableau 1. RĂ©partition des dĂ©penses dâobsĂšques, 1671-1789 91 AN, MC, CXII 625, 10 juin 1709, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Claude Chapron, maĂźtre doreur sur mĂ©taux. 25Avant 1726, les quarante-deux cas sâĂ©chelonnent de 45 Ă 1 312 lt, avec une moyenne dâenviron 520 lt. Les frais funĂ©raires les plus modiques montent Ă 45-48 lt pour lâinhumation de deux artisans en 1709 un maĂźtre doreur sur mĂ©taux et lâĂ©pouse dâun maĂźtre boursier. Dans le premier cas, la veuve de lâartisan a Ă©tĂ© obligĂ©e de vendre quelques objets pour payer les frais dâenterrement, soit 28 lt Ă la paroisse, 5 lt au jurĂ© crieur, 56 sols Ă lâimprimeur pour impression des billets, 36 sols au clerc de la communautĂ© des doreurs pour le port desd. billets », et 7 lt 10 sols pour la biĂšre, fourniture de poĂȘle et le fossoyeur91. 92 Rideau, G., 2009, p. 123. 26AprĂšs 1727, la documentation, plus fournie 279 cas avec une moyenne dâenviron 394,5 lt permet dâapprofondir lâĂ©tude. La grille est beaucoup plus Ă©tirĂ©e que dans la pĂ©riode prĂ©cĂ©dente puiquâelle sâĂ©chelonne de 12 Ă prĂšs de 2 400 lt. Par comparaison, Ă OrlĂ©ans, ville dĂ©pourvue de cour souveraine, lâĂ©chelle des frais funĂ©raires est plus restreinte les dĂ©penses des nobles, 250 lt et plus, se distinguent de celles des autres Ă©lites, de 150 Ă 230 lt, des marchands, entre 50 et 150 lt, enfin des milieux populaires, au-dessous de 50 lt92. 27Revenons Ă Paris. De 1727 Ă la RĂ©volution, la moyenne des frais est infĂ©rieure dâenviron 120 lt Ă celle de la pĂ©riode prĂ©cĂ©dente, mais Ă lâintĂ©rieur de la pĂ©riode, on note une reprise des dĂ©penses Ă la fin du siĂšcle le montant moyen des obsĂšques est de 363,7 lt de 1727 Ă 1769 217 cas, puis de 503,8 lt de 1770 Ă 1789 62 cas. On retrouve ici la chronologie esquissĂ©e Ă partir des prix des offices des jurĂ©s crieurs. 93 Roche, D., 1981. 28Les frais modestes sont beaucoup plus nombreux quâĂ la fin du rĂšgne de Louis XIV et au dĂ©but du rĂšgne de Louis XV. Deux raisons expliquent sans doute ce fait. La premiĂšre tient sans doute Ă lâamĂ©lioration de la qualitĂ© des inventaires aprĂšs dĂ©cĂšs, seuls documents utiles pour lâĂ©tude des milieux populaires93 les comptes dâexĂ©cution testamentaire et les partages sont exceptionnels pour ces catĂ©gories au xviiie siĂšcle, les notaires notent plus souvent les dettes passives Ă la fin des inventaires. Seconde raison le dĂ©groupage des offres et le maintien des tarifs planchers des fabriques rendent les prestations accessibles Ă un public qui Ă©tait probablement exclu des obsĂšques paroissiales payantes. Avant 1726, il fallait compter un minimum de 50 lt pour ne pas avoir un convoi de charitĂ©, au xviiie siĂšcle, une petite dizaine de livres suffit. De fait, les enterrements les moins coĂ»teux â de la pĂ©riode et du corpus â reviennent Ă douze-treize lt et ils datent de 1753, 1754 2, 1763 et 1765, sommes payĂ©es pour enterrer deux gagne-deniers, les Ă©pouses dâun homme sans qualitĂ©, dâun marchand mercier ruinĂ© et dâun cocher. Tableau 2. DĂ©penses dâobsĂšques par groupe social ou professionnel, 1671-1789 94 Lyon-Caen, N., 2010. 29Plus du quart des inhumations coĂ»tent entre 100 et 300 lt. Au-dessous de 200 lt, il nây a pas dâobsĂšques de procureur, de noble ou de personne issue dâune famille de bonne bourgeoisie. Les funĂ©railles de lâĂ©pouse de Thomas-François Ruel, mercier ruinĂ© qui est devenu garde-magasin, valent prĂšs de 265 lt, mais Ruel est un neveu des riches merciers Boicervoise94. 95 AN, MC, X 728. 30Les enterrements des artisans se situent dans une large fourchette de 38 Ă 719 lt, avec une moyenne dâenviron 200 lt. Si lâon considĂšre comme une exception les 38 lt dĂ©pensĂ©s pour lâenterrement de lâĂ©pouse dâun tailleur dâhabits en 1757, le minimum est Ă 45-48 lt avant comme aprĂšs 1727. Le maximum se situe autour de 300 lt jusquâen 1769. Jean-Jacques Fromont, maĂźtre tourneur, demande en 1783 Ă ĂȘtre enterrĂ© dans lâĂ©glise de la paroisse sur laquelle il dĂ©cĂ©dera et prĂ©cise quâil soit employĂ© pour les frais de mon enterrement jusquâĂ concurrence de 240 lt »95. 96 AN, MC, LXIV 457, 31 mars 1780, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Pierre Antoine Rueff, bourgeois de Pari ... 97 Garden, M., 2008, p. 110. 31Trois cents lt est un seuil au-delĂ duquel les petits bourgeois sâidentifient Ă la bonne bourgeoisie. Les artisans dont les funĂ©railles dĂ©passent cette somme ont Ă©tĂ© les fournisseurs dâaristocrates vĂȘtement, sellerie, ils sont retirĂ©s des affaires, ils jouissent de nombreuses rentes, et ils meurent dans les deux derniĂšres dĂ©cennies de lâAncien RĂ©gime. Pierre Antoine Rueff, ancien maĂźtre tailleur, se prĂ©sente comme bourgeois de Paris » il a mariĂ© une de ses filles avec un mercier, lâautre avec un petit noble, il est inhumĂ© en 1780 moyennant 719 lt96. Lâenrichissement de lâĂ©lite artisanale parisienne induit une vĂ©ritable ascension sociale, alors quâĂ Lyon, les fortunes des maĂźtres ouvriers restent mĂ©diocres97. Le temps des funĂ©railles permet aux hĂ©ritiers des artisans enrichis de conforter leur intĂ©gration dans leur nouveau groupe social. 98 AN, Y 13119, octobre 1767, scellĂ©s aprĂšs le dĂ©cĂšs dâEdmond-Jean Georget, marchand Ă©picier oĂč est c ... 32Les dĂ©penses faites par les marchands non notables sont en moyenne de 400 lt, câest-Ă -dire quâelles sont deux fois plus coĂ»teuses que celles des artisans. Le bon marchand Ă©picier de la paroisse Saint-Eustache rĂ©clamant en 1767 que ses obsĂšques ne coĂ»tent pas plus de 500 lt98 veut des funĂ©railles honorables pour son rang, mais sans excĂšs. Avant la dĂ©cennie 1770, le maximum de ce groupe est Ă 900 lt sauf un cas. Dans les vingt annĂ©es prĂ©cĂ©dant 1789, on retrouve lâinflation dĂ©jĂ observĂ©e dans le milieu des artisans quatre des six cotes les plus importantes, entre 900 et 1 300 lt, datent de cette pĂ©riode, les obsĂšques de la belle-mĂšre du manufacturier RĂ©veillon en font partie voir ci-dessous. 99 AN, CVII 304, 16 septembre 1708, testament de Marie Chauvin veuve Pierre Presty, marchand mercier, ... 100 AN, MC, XLI 454, 26 juillet 1736, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs dâEtienne Laurent, marchand mercier, Ă©chev ... 33Les dĂ©penses des notables â ou bourgeoisie politique â et des nobles ne prĂ©sentent pas cette augmentation tardive qui semble propre aux petits et moyens bourgeois, Ă la bourgeoisie Ă©conomique, Ă la bourgeoisie montante aurait-on dit dans les annĂ©es 1970. Les familles des notables trente et un cas consacrent des sommes entre 300 lt et 1 810 lt Ă lâinhumation des leurs la moyenne est Ă 750 lt. Les 400 lt que la veuve dâun notable affecte Ă son enterrement en 1708 y compris les frais de messes ne sont pas un choix de dĂ©votion radical, un total dĂ©tachement des valeurs terrestres, mais lâexpression du dĂ©sir dâavoir un enterrement conforme au minimum tolĂ©rable pour une personne de son rang99. En 1736, la fille unique dâĂtienne Laurent, conseiller de ville et Ă©chevin, dĂ©bourse 888 lt pour le convoi de son pĂšre100. 101 AN, MC, XCVIII 532, 6 dĂ©cembre 1755, compte dâexĂ©cution testamentaire de Claude-RenĂ© Lelong ; LXXII ... 102 Hardy, 2009, p. 513 il nâest composĂ© que de » cinquante pauvres, environ cinquante valets ... 103 Croq, L., Paris, 2010. 34Les convois des banquiers, financiers, notaires, payeurs des rentes et autres secrĂ©taires du roi reviennent en moyenne Ă prĂšs de 1 000 lt environ. Ce montant est infĂ©rieur de 200 lt Ă celui des frais dĂ©pensĂ©s par les nobles de robe et dâĂ©pĂ©e. Dans notre corpus, les funĂ©railles de ces derniers -maĂźtre ordinaire de la chambre des comptes, conseiller au parlement, conseillers dâĂtat, comtes et comtesses, duc et duchessesâŠâ sâĂ©chelonnent en effet de 200 Ă prĂšs de 2 400 lt, avec une moyenne dâenviron 1 200 lt et une mĂ©diane autour de 1 100-1 200 lt cinq cas de 1712 Ă 1758 valable pour la haute robe conseillers dâĂtat comme pour la bonne noblesse dâĂ©pĂ©e Charles de SĂ©vignĂ©, un comte et une comtesse. LâĂ©troitesse de lâĂ©chantillon ne permet pas dâaffiner beaucoup lâanalyse. Le dimorphisme entre la robe ordinaire et lâĂ©pĂ©e est tout mĂȘme frappant. Les magistrats des cours souveraines se singularisent par la modestie relative de leurs dĂ©penses 667 lt en moyenne, câest-Ă -dire un niveau infĂ©rieur Ă celui des financiers, le maximum Ă©tant atteint par les enterrements de deux maĂźtres ordinaires Ă la chambre des comptes revenant chacun Ă environ 1 300 lt en 1755 et 1783101. La haute robe du conseil dâĂtat les imitent parfois Hardy remarque ainsi la modestie relative du convoi de Bignon, prĂ©vĂŽt des marchands, inhumĂ© le 9 mars 1772 Ă Saint-Eustache102. La modĂ©ration des consommations funĂ©raires des gens de robe fait Ă©cho Ă celle des habitants du quartier du Marais, espace oĂč les officiers de justice sont nombreux tout au long du xviiie siĂšcle103. 104 Cabantous, A., 2009, p. 124-125. 105 Le mĂȘme jour dans la matinĂ©e est inhumĂ© en lâĂ©glise de Saint-Sulpice sa paroisse par un convoi qu ... 35Les nobles dâĂ©pĂ©e dĂ©pensent beaucoup plus en moyenne 1 473,5 lt. Les dĂ©penses de luminaire sont Ă©gales ou supĂ©rieures aux frais de paroisse, certains de leurs enterrements sont probablement organisĂ©s la nuit, comme celui du duc de Luynes, inhumĂ© Ă Saint-Sulpice Ă neuf heures du soir le 8 octobre 1771 aprĂšs que le cortĂšge aux flambeaux eut empruntĂ© » plusieurs rues104. Les sommes les plus importantes sont atteintes par trois enterrements de la seconde moitiĂ© du siĂšcle qui ont coĂ»tĂ© environ 2 300 lt ceux du duc de ChĂątillon en 1754, de la comtesse dâArgenson en 1764, et de la marquise de la FerriĂšre en 1773. Ă lâinverse, câest dans ce milieu que le rejet des pompes funĂšbres prend les formes les plus extrĂȘmes105. 106 AriĂšs, P., 1977, p. 476-479. 36Ces donnĂ©es soulignent aussi la radicalitĂ© de la rĂ©forme des sĂ©pultures proposĂ©e par le parlement en 1763. Celui-ci voulait rĂ©server lâinhumation dans les Ă©glises au paiement dâun droit de 2 000 lt, auquel se serait ajoutĂ© le prix du service, du monument, ce qui aurait fait monter les frais dâobsĂšques Ă environ 3 000 lt106. Les marguilliers affirmant, quâĂ ce prix lĂ , les fabriques nâauraient quâun seul client par an, exagĂ©raient Ă peine. Choix familiaux, choix personnels la bourgeoisie et la famille, la noblesse et lâindividu 107 AN, MC, LXXXV 527, 18 mars 1751, notoriĂ©tĂ© le 6 mars 1724, Marie-Anne Accart Ă©pouse François ClĂ©me ... 108 AN, MC, XXXIX 407, 8 fĂ©vrier 1751, partage de la succession dâAntoine Broal, bourgeois de Paris le ... 109 AN, MC, CXII 724, 30 mai 1761, notoriĂ©tĂ© le 19 novembre 1760, Marie ThĂ©rĂšse Jacquesson veuve Marce ... 110 Hardy, 2009, p. 111. 111 AN, MC, XXXVIII 243, 3 juin 1728, partage de la succession de Jean I Chapus. 112 AN, MC, CXII 724, 13 janvier 1761, compte dâexĂ©cution testamentaire de Guillaume Charles Baudin, an ... 113 Lyon-Caen, N., 2010, p. 268. 37Les frais dâobsĂšques respectent, selon les milieux, plutĂŽt les vĆux des dĂ©funts ou bien ceux des familles. Dans la bourgeoisie, les inhumations au cimetiĂšre sont rares, mĂȘme si on en trouve des exemples107. Elles concernent bien souvent des enfants108, dâanciens faillis109 ou bien des parents de faillis Mme Billiard, Ă©pouse du cy devant caissier de la ferme gĂ©nĂ©rale des postes », qui est emprisonnĂ© pour une banqueroute frauduleuse, est inhumĂ©e dans le cimetiĂšre de Saint-Jacques du Haut Pas le 14 fĂ©vrier 1771110. Encore un enterrement au cimetiĂšre nâest-il pas forcĂ©ment modeste. Jean Chapus, marchand et maĂźtre tailleur dâhabits, est enterrĂ© en 1728 dans le cimetiĂšre de Saint-Laurent conformĂ©ment Ă son testament, mais ses obsĂšques coĂ»tent 383 lt111. Lâancien notaire jansĂ©niste, Guillaume Charles Baudin, est inhumĂ© en 1756 dans le cimetiĂšre de sa paroisse moyennant 352 lt112. La compensation symbolique par le faste des obsĂšques ne suffit pas toujours, les hĂ©ritiers refusent parfois que le corps de leur parent finisse dans la nĂ©cropole commune de la paroisse. Le commissaire Louis Pierre Regnard voulait ĂȘtre inhumĂ© dans le cimetiĂšre de Saint-SĂ©verin prĂšs de ses oncles Fromageau, le placard imprimĂ© aprĂšs son dĂ©cĂšs Ă la demande de son fils qui est conseiller au ChĂątelet petit noble de robe, montre quâil a Ă©tĂ© enterrĂ© dans lâĂ©glise de Saint-SĂ©verin le 4 mars 1755. En 1771, les obsĂšques du juge-consul jansĂ©niste, Charles Brochant, qui avait requis la plus grande simplicitĂ© et modestie chrĂ©tienne », interdit les tentures et toute grande sorte de pompe funĂšbre », reviennent Ă plus de 726 lt113. Dernier exemple, Anne Milleret, veuve dâun marchand mercier qui a fait faillite, et par ailleurs belle-mĂšre du manufacturier RĂ©veillon, rĂ©dige son testament en 1780 Je dĂ©sire ĂȘtre enterrĂ©e simplement aimant mieux que lâon assiste quelques pauvres avec la dĂ©pense que lâon ferait et que lâon fait assez souvent dans ce cas... ». 114 AN, MC, X 728, 5 mai 1783, dĂ©pĂŽt du testament olographe dâAnne Milleret, ci devant marchande de sal ... 115 AN, MC, X 576, 20 juin 1764, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Jacques Reveillon, bourgeois de Paris. 38Mme Maroy dĂ©cĂšde en 1783. Ă la fin de son inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs, RĂ©veillon prĂ©cise quâil a payĂ© les frais funĂ©raires de la dĂ©funte Ă Saint-Eustache, soit 927 lt 16 sols114. Ce montant, digne dâun Ă©chevin, peut ĂȘtre comparĂ© aux 62 lt 10 sols payĂ©es en 1764 par RĂ©veillon pour faire inhumer son pĂšre, bourgeois de Paris » ancien domestique, au cimetiĂšre des Saints-Innocents115. RĂ©veillon, qui nâĂ©tait, au moment de son mariage avec Mlle Maroy, quâun gendre de circonstance, sâest beaucoup enrichi entre 1764 et 1783, il tient Ă enterrer dignement sa belle-mĂšre tout autant quâĂ manifester le rang quâil a acquis Ă titre personnel dans la sociĂ©tĂ©. Cette hypothĂšse dâune appropriation du temps de la mort par les familles bourgeoises au dĂ©triment des choix personnels des individus, religieux ou philosophiques, est confortĂ©e par lâattitude de Diderot lui-mĂȘme qui affirme 116 Darnton, R., 1986, p. 214. que lorsquâil viendrait au dernier moment de sa vie, il se confesserait comme les autres et quâil recevrait ce quâon appelle Dieu, quâil ne le fera point par devoir, mais par rapport Ă sa famille de crainte quâon ne leur reproche quâil est mort sans religion ».116 117 Marcel, L., p. 221 dâaprĂšs les MĂ©moires de Bachaumont et la Correspondance de Grimm. 39Diderot dĂ©cĂ©dera sans avoir manifestement reçu les derniers sacrements, mais il sera inhumĂ© dans lâĂ©glise Saint-Roch le 1er aoĂ»t 1784 son gendre, M. de Vandeul, aurait amadouĂ© le clergĂ© en demandant le grand convoi » dâun montant de 1 500 Ă 1 800 lt117. La somme paraĂźt bien exagĂ©rĂ©e, mais lâenterrement a trĂšs probablement Ă©tĂ© nĂ©gociĂ©. 118 Marraud, M., 2009, chapitre 11. 119 AN, MC, LXXXVII 1010, 6 novembre 1751, dĂ©pĂŽt de lâextrait mortuaire de Jean-Baptiste Le Tourneur, c ... 120 Pourtant lâavocat Marais doutait que les vĆux de la dĂ©funte fussent respectĂ©s. âŠMme la chanceliĂšr ... 121 AN, MC, CXV 874, 20 septembre 1773, dĂ©pĂŽt de lâextrait mortuaire. 122 Lyon-Caen, N., 2010, p. 64, 210, 361 et 407. 123 Hardy, Ă paraĂźtre 21 novembre 1781. 124 Hardy, 2009, p. 600. 125 Hardy, Ă paraĂźtre. 126 Mayer de, M., 1789, p. 181. 127 Pillorget, S., 1978, p. 67. Hardy, Ă paraĂźtre 4 janvier 1787. 40Dans la noblesse, les vĆux des testateurs sont plus souvent respectĂ©s, les droits des individus priment ceux de la famille ; on trouve ici confirmation dâun des acquis des recherches de Mathieu Marraud118. Les chroniqueurs et les prĂȘtres chargĂ©s des registres paroissiaux notent souvent que le lieu de sĂ©pulture et les modalitĂ©s de lâinhumation dâun dĂ©funt respectent ses derniĂšres volontĂ©s. Jean-Baptiste Le Tourneur, intendant du commerce, a ainsi Ă©tĂ© inhumĂ© dans lâĂ©glise de Saint-Nicolas des Champs le 25 janvier 1751 vis Ă vis la chapelle de la Vierge de cette paroisse sepulture de sa famille comme il lâa demandĂ© par son testament »119. Les souhaits atypiques sont gĂ©nĂ©ralement pris en compte dĂšs le dĂ©but du rĂšgne de Louis XV. Lâattrait pour le cimetiĂšre est avant tout le fait de dĂ©vots. Alexandre Mandat, maĂźtre ordinaire en la chambre des comptes, ĂągĂ© de soixante-seize ans, est inhumĂ© en fĂ©vrier 1718 dans le cimetiere de la paroisse Saint Gervais, comme il lâavoit ordonnĂ© » ; son Ă©pouse, Catherine-Antoinette Herinx lây rejoint en fĂ©vrier 1728 ; ils rejoignent ainsi leur sĆur et belle-sĆur, Madame Heliot Marie Herinx Ă©pouse HĂ©liot, conseiller en la cour des aides, dĂ©vote morte en 1681. Anne Françoise LefĂšvre dâOrmesson, Ă©pouse du chancelier dâAguesseau, dĂ©jĂ citĂ©e, est inhumĂ©e le 3 dĂ©cembre 1735 dans le cimetiĂšre de la paroisse dâAuteuil suivant sa derniĂšre volontĂ© »120, son Ă©poux lây rejoint en 1751 ; les dâAguesseau faisaient partie de la mouvance jansĂ©niste. Dans les vingt annĂ©es prĂ©cĂ©dant la RĂ©volution, les exemples se multiplient. On retrouve les choix de dĂ©votion de la premiĂšre moitiĂ© du xviiie siĂšcle. Le 7 aoĂ»t 1773, Marie AgnĂšs Denyert veuve Charles François Henri de Revol, prĂ©sident au parlement de Paris, est inhumĂ©e dans le cimetiĂšre de Saint-Jacques-du-Haut-Pas121, elle est connue comme jansĂ©niste122. En 1781, la duchesse de Chaulnes est inhumĂ©e dans lâĂ©glise Saint-Sulpice avec un convoi de 80 lt123. Sây ajoutent les familles accablĂ©es par les rĂ©formes institutionnelles du chancellier Maupeou. En juillet 1773, lâancien chancelier Lamoignon est enterrĂ© dans le caveau familial de lâĂ©glise de Saint-Leu Saint-Gilles sans tenture en aucun endroit, sans invitation quelconque ; et lâon ne place pas mĂȘme au lieu de sa sĂ©pulture ce qui sâappelle vulgairement litre, câest Ă dire les quatre lĂ©s dâĂ©toffe noire garnis de trois bandes de velours et dâarmoiries, quâon est dans lâusage dây laisser pendant un an »124. Le 6 avril 1775, Ă 7 heures du matin, RenĂ©-Charles de Maupeou pĂšre, ancien Premier prĂ©sident du Parlement de Paris et pĂšre du chancelier Maupeou si honni par lâopinion publique, est inhumĂ© sans pompe et sans sonnerie dans le cimetiĂšre de lâĂ©glise de Saint-Sulpice, sa paroisse, auprĂšs de la porte dudit cimetiĂšre, conformĂ©ment Ă ce quâil avoit ordonnĂ© par son testament »125. On ignore en revanche les motivations de Vergennes dont le corps est dĂ©posĂ© dans le cimetiĂšre [Ă Versailles], ainsi quâil lâavoit ordonnĂ© » en 1784126. Une exception Ă cette tendance au respect des vĆux des dĂ©funts dans son testament olographe rĂ©digĂ© en 1785, lâancien lieutenant gĂ©nĂ©ral de police Feydeau de Marville demandait Ă ĂȘtre enterrĂ© dans le cimetiĂšre de la paroisse, il est inhumĂ© le 3 janvier 1787 dans lâĂ©glise de sa paroisse, Saint-Sulpice127. ModalitĂ©s du paiement des frais dâobsĂšques mort Ă crĂ©dit 41Les conditions rĂ©elles du paiement des frais dâenterrement peuvent ĂȘtre prĂ©cisĂ©es. Tableau 3. Paiement des frais dâobsĂšques Nb de cas Frais funĂ©raires dus au moment de lâinventaire Frais funĂ©rairesdĂ©jĂ payĂ©s dont les frais funĂ©raires payĂ©s avec argent empruntĂ© 1709-1750 20 9 11 0 1751-1785 30 6 24 8 1709-1785 50 15 35 8 Tableau 4. DĂ©lais entre le dĂ©cĂšs ou lâenterrement et le paiement des frais de la paroisse hors frais non payĂ©s Nb de cas DĂ©lai dĂ©cĂšs-paiement 1709-1750 11 10,5 jours 1751-1785 15 4,5 jours 1709-1785 26 7 jours 42Les dĂ©penses dâobsĂšques sont prĂ©levĂ©es sur la succession du dĂ©funt. Dans la pratique, le conjoint survivant ou un des hĂ©ritiers avance les frais, puis, lors du partage ou de la liquidation de la succession, il ou elle se fait rembourser. Pendant la premiĂšre moitiĂ© du xviiie siĂšcle, les sommes payĂ©es sont gĂ©nĂ©ralement dĂ©clarĂ©es oralement et globalement ; ensuite, la preuve devient de plus en souvent Ă©crite, le notaire ou le commissaire au ChĂątelet note plus ou moins succinctement le contenu des quittances. 128 Carpentier de Marigny, J., 1673. 129 SĂ©vignĂ©, Madame de, 1862, note 4, p. 214. 43Les prix payĂ©s par les familles sont parfois nĂ©gociĂ©s et infĂ©rieurs aux mĂ©moires prĂ©sentĂ©s par les prestataires de service. La satire des marguilliers de Saint-Paul publiĂ©e en 1673 prĂ©sente un noble qui nĂ©gocie avec les marguilliers la facture de la paroisse qui monte Ă 2 000 lt128. Des annĂ©es 1690 au milieu du xviiie siĂšcle, seuls les jurĂ©s crieurs et les marchands Ă©piciers de cire accordent des rabais, jamais les paroisses. En 1697, le mĂ©moire du jurĂ© crieur qui a fourni les tentures de deuil pour lâenterrement de Nicolas FuretiĂšre est rĂ©duit de 110 lt 8 sols Ă 96 lt. En 1713, celui qui est prĂ©sentĂ© pour lâenterrement de Charles de SĂ©vignĂ© est diminuĂ© de 582 lt 9 sols 6 deniers Ă 504 lt, et la facture du luminaire passe de 312 lt Ă 282 lt 15 sols129. En 1740 encore, la cire dĂ©pensĂ©e pour lâenterrement de Mme de Courson monte Ă 345 lt 19 sols, somme infĂ©rieure au mĂ©moire initial. Nous nâavons trouvĂ© aucun exemple de rĂ©duction Ă partir du milieu du xviiie siĂšcle, signe que la pratique sâest perdue et que les prix ne sont sans doute plus nĂ©gociables. En revanche, lâavocat jansĂ©niste Adrien Le Paige dĂ©nonce les pratiques malhonnĂȘtes des marguilliers de Saint-Germain lâAuxerrois qui surfacturent leurs prestations 130 BnF, 4-Z Le Senne 1023, 6 B microfilm 9141, MĂ©moire Ă Monseigneur procureur gĂ©nĂ©ral, sur les ex ... ainsi, les convois affichĂ©s autrefois de 12, on les affiche Ă prĂ©sent convois du chĆur et il y a 18 Ă 20 personnes au convoi affichĂ© de 24 ; on fait payer pour 28 personnes quand la sĂ©pulture est au cimetiĂšre, et pour 30 quand elle est Ă lâĂ©glise. Les convois affichĂ©s de 30 sont payĂ©s pour 36 et ceux de 40 pour 46. La raison de cette exaction intolĂ©rable est la manie des marguilliers de st Germain dâavoir de la musique et le chant en fleurtis et Ă contrepoint, qui est chant musical, aprĂšs que toutes les offices, mĂȘme les jours ouvrables, et dâavoir pour cet effet dix chantres dont 4 basses, 2 semainiers, 4 musiciens et 2 serpents. Comme la fabrique nâa pas assez de revenus pour suffire Ă cette cohorte de musiciens, on a imaginĂ© de mettre une taxe sur les paroissiens. »130 44Ce tĂ©moignage, unique, peut difficilement ĂȘtre exploitĂ©. 131 Sur le crĂ©dit Ă Paris G. Postel-Vinay & Rosenthal, 2001 ; Coquery, N., 2011. 132 Mercier, 1994, tome 1, Les convois, ch. 255, p. 647. 133 Point de testament sans une fondation de messes [âŠ] et les prĂȘtres auraient refusĂ© la sĂ©pultureâ ... 45On sait par ailleurs quâune partie des familles paient lâenterrement de leurs parents Ă crĂ©dit. De 1709 Ă 1785, dans cinquante cas, nous avons pu comparer la date du dĂ©cĂšs ou de lâenterrement avec la date de paiement des diffĂ©rentes factures. Cela permet de faire une brĂšve Ă©tude de la pratique du crĂ©dit dans ce contexte trĂšs particulier131. De 1709 Ă la fin des annĂ©es 1740, dans un cas sur deux, les frais funĂ©raires ne sont pas encore payĂ©s au moment de lâinventaire, ou bien ils ne le sont pas intĂ©gralement neuf cas sur vingt. En 1751, pour la premiĂšre fois, une veuve dĂ©clare quâelle a empruntĂ© lâargent des frais funĂ©raires, nâayant aucun denier comptant. De 1751 Ă 1785, les frais funĂ©raires restent dus une fois sur cinq six cas sur trente, les prestataires des services funĂ©raires font moins souvent crĂ©dit que pendant la pĂ©riode prĂ©cĂ©dente, ils poussent les familles Ă emprunter auprĂšs de leurs proches parents, amis, ou voisins. Cette pression Ă©mane en particulier des paroisses, les dĂ©lais de paiement de leurs factures se rĂ©duisent en moyenne, ils passent de dix jours et demi Ă quatre jours et demi. Mais paroisses et jurĂ©s crieurs font encore crĂ©dit attendu que dans six inventaires, les frais funĂ©raires sont dĂ»s. En conclusion, la moitiĂ© des familles paie les frais funĂ©raires avec leur fortune dans un dĂ©lai de quelques jours Ă quelques semaines. Pour lâautre moitiĂ©, le paiement se fait Ă crĂ©dit. Dans la premiĂšre moitiĂ© du xviiie siĂšcle, paroisses, ciriers et jurĂ©s crieurs acceptent que leurs factures soient payĂ©es tardivement. Ă partir de 1750, ils pressent les hĂ©ritiers dâemprunter les sommes nĂ©cessaires auprĂšs de leurs proches mais acceptent tout de mĂȘme de faire crĂ©dit Ă ceux qui ne peuvent trouver des prĂȘteurs et qui ont une dette infĂ©rieure Ă cent lt. Ce constat souligne encore une fois le manque de fiabilitĂ© des affirmations du chroniqueur Louis-SĂ©bastien Mercier qui proclamait On paie toujours dâavance Ă lâĂ©glise le convoi, le service & lâenterrement »132. En matiĂšre religieuse, Mercier est prompt Ă rĂ©pandre des rumeurs qui ne sont pas fondĂ©es133 mais qui alimentent lâanticlĂ©ricalisme. Une consommation peu coĂ»teuse, mais symbolique, les billets dâenterrement 134 Chaunu, P., 1978, p. 353-354. 46Les familles bourgeoises et nobles annoncent trĂšs souvent les dĂ©cĂšs de leurs parents par des faire-part imprimĂ©s entre cinquante et mille exemplaires. Au milieu du xviiie siĂšcle, lâimprimeur Gonichon Ă©tablit le nombre moyen de billets imprimĂ©s par dĂ©funt Ă cinq cents134. 135 Gros, G., 1993. PrĂ©aud, M., 2002. Lebrun, F., 1971, p. 478-479. 136 Messieurs & dames sây trouveront, sâil leur plaĂźt. » AN, MC, XXX 221, chemise de juillet 1719, fa ... 137 Makarova, A., 2006, p. 115. 47Ces documents sont apparus au xviie siĂšcle Ă Paris avant dâĂȘtre diffusĂ©s en province135. Ils invitent Ă lâenterrement tantĂŽt les hommes, tantĂŽt les hommes et les femmes136, ils sont remis en main propre aux parents et amis du dĂ©funt ou bien ils sont placardĂ©s ; les avis publiĂ©s dans la presse dans les Affiches Ă partir de 1745, et dans le Journal de Paris Ă partir de 1777137 ne sây substituent pas, ils annoncent seulement les dĂ©cĂšs car ils sont publiĂ©s quelques jours Ă quelques semaines aprĂšs les obsĂšques. Les formules des billets prĂ©sentent un dĂ©funt qui est dĂ©cĂ©dĂ© dans sa maison » il y a quelques variantes, il est dĂ©cĂ©dĂ© dans la maison de son pĂšre, ou de son fils et qui sera inhumĂ© en lâĂ©glise de ... sa paroisse ». 138 En 1697, Claude Le Peletier prĂ©cise il veut que sur son billet dâenterrement on puisse lire Doy ... 139 Registre des dĂ©libĂ©rations et ordonnances des marchands merciers de Paris, 1878, p. 220-224 critiq ... 140 Sur le billet de Jean Antoine de Mesmes, premier prĂ©sident du Parlement de Paris, en aoĂ»t 1723 Ma ... 48La titulature du dĂ©funt qui est inscrite sur le billet est plus longue que celle quâil dĂ©clarait habituellement Ă son notaire, elle reprend lâensemble des charges quâil a exercĂ©es dans les institutions laĂŻques jurĂ© ou garde de son corps, consul ou juge consul au tribunal de commerce et religieuses commissaire des pauvres ou marguillier de sa paroisse, administrateur de confrĂ©rie, ou porteur de la chĂąsse de Sainte-GeneviĂšve. Certaines personnes ĂągĂ©es donnent des consignes sur les titres quâelles souhaitent y voir figurer138. La rĂ©sonance sociale des billets dâenterrement est forte dans tous les milieux, mais moins dans la bourgeoisie139 que dans la haute noblesse. Les magnifiques qualitĂ©s » et titres ridicules » des dĂ©funts suscitent lâironie des chroniqueurs tout au long du xviiie siĂšcle140. 141 En 1714, lâĂ©pouse dâun marchand de vin de la paroisse Saint-Paul est enterrĂ©e moyennant 51 lt 10 so ... 49Le prix unitaire des billets diminue dâenviron 2 sols Ă 1 sol 4 deniers lâunitĂ©, sa consommation se diffuse dans la sociĂ©tĂ©. JusquâĂ la fin du rĂšgne de Louis XIV, les enterrements avec des billets sont tous supĂ©rieurs Ă 350 lt en tout cas dans notre corpus141 Ă partir de 1725, le seuil infĂ©rieur est abaissĂ© Ă une centaine de livres. La dĂ©mocratisation des billets sâaccentue encore dans les annĂ©es 1750, ils apparaissent dans des enterrements coĂ»tant entre 80 et 100 lt. Les bourgeois de Paris » et les artisans sont les principaux bĂ©nĂ©ficiaires de cette Ă©volution. Tableau 5. Faire-part de dĂ©cĂšs 142 Cent cinquante grands billets de faire-part ont Ă©tĂ© imprimĂ©s et envoyĂ©s aux grands de ce monde » ... 143 Bourgeois de Boynes, 2008, p. 238. 144 Les hĂ©ritiers de M. Goislard, pour Ă©viter les contestations quâauroit occasionnĂ© Ă Paris son titr ... 145 Hardy, Ă paraĂźtre 21 fĂ©vrier 1775 » on apprend aussi que messire de Beze de Lys, conseill ... 146 Sur la recherche par les Ă©lites de lâentre-soi lors des mariages dĂšs le xviie siĂšcle, voir D. Turre ... 50Les nobles refusent de se livrer Ă une surenchĂšre quantitative avec la bourgeoisie en multipliant le nombre des billets. Ils se singularisent en faisant imprimer leurs faire-part sur de grandes feuilles142, ou bien sur du beau papier.. Ils ne renoncent pas aux funĂ©railles publiques, mais ils prĂ©fĂšrent un public de qualitĂ© plutĂŽt que nombreux. Les magistrats, fidĂšles Ă leur Ă©thique de dĂ©cence, font parfois distribuer des billets manuscrits. Câest ainsi quâest annoncĂ© lâenterrement de Pierre Poulletier, conseiller dâĂtat ordinaire depuis 1747, dĂ©cĂ©dĂ© le 9 aoĂ»t 1765, inhumĂ© discrĂštement Ă Saint-Paul avec pour toute assistance, deux conseillers dâĂtat143. En 1772, câest par des billets Ă la main » que le dĂ©cĂšs dâAnne Jean Baptiste Goislard de BaillĂ© 1709-1772, cy devant conseiller au parlement, est annoncĂ© Ă ses anciens collĂšgues144. AprĂšs la disgrĂące de Maupeou, les anciens parlementaires qui avaient acceptĂ© la liquidation de leur office prĂ©fĂšrent mĂȘme renoncer aux billets145. Le public invitĂ© aux enterrements est restreint, les cĂ©rĂ©monies tendent Ă devenir strictement privĂ©es146. Sous-consommer, surconsommer 51Dans une sociĂ©tĂ© oĂč la mobilitĂ© sociale sâaccentue, le luxe plus ou moins grand des funĂ©railles est une des formalisations du rang auquel les individus sâidentifient. La bourgeoisie partage avec la noblesse un mĂȘme sentiment de lâhonneur, elle est cependant plus conformiste car elle attache une grande importance Ă lâexpression mĂȘme Ă©phĂ©mĂšre de sa dignitĂ©. La noblesse sâaffranchit de ce modĂšle en reconnaissant aux mourants le droit de choisir leur lieu et leur mode dâinhumation ; la robe va parfois plus loin en renonçant au faste et Ă la publicitĂ© des funĂ©railles. 3. Le deuil de la famille 147 Pellegrin, N. & Winn, C. H., 2003. 148 Par exemple, H. Medick, 1995, p. 761. Taylor, L., 1983, p. 119 dans les Pays-Bas, en 1754 lâimpĂ©ra ... 149 Kriedte, P., 1995, p. 750 aprĂšs la mort de Friedrich von der Leyen, le 23 novembre 1778, ses emp ... 52Lâenterrement terminĂ©, la famille continue Ă tĂ©moigner de la perte dâun des siens en portant son deuil. Le port du deuil est commun aux sociĂ©tĂ©s europĂ©ennes traditionnelles jusquâaux lendemains de la Seconde Guerre mondiale147, sa durĂ©e est rĂ©glementĂ©e par les coutumes ou les ordonnances. Depuis lâAntiquitĂ©, la tendance Ă lâinflation de ces dĂ©penses de reprĂ©sentation incite les Ătats Ă promulguer des lois somptuaires ou bien des rĂ©glementations spĂ©cifiques148 qui ne sont pas toujours ou pas souvent ? appliquĂ©es149. La bibliographie, trĂšs riche sur le deuil et ses pratiques dans la haute sociĂ©tĂ© au bas Moyen Ăąge et Ă lâĂ©poque moderne, est beaucoup moins fournie sur les autres catĂ©gories sociales. 150 Beauvalet-Boutouyrie, S., 2001, p. 218. 151 Taylor, L., 1983, p. 119. 53Ă Paris, les parents et hĂ©ritiers dâun dĂ©funt sont astreints par la coutume Ă en porter le deuil pendant une durĂ©e qui varie selon leurs liens de parentĂ© la veuve porte le deuil de son conjoint pendant un an et demi, le veuf pendant six mois. Lâusage veut aussi que dans la bonne bourgeoisie et la noblesse, le deuil soit aussi portĂ© par les domestiques ; dans la noblesse seule, lâhabitat et les carrosses sont parĂ©s de noir150. Les frais de deuil des veuves, des enfants, ou des domestiques sont gĂ©nĂ©ralement Ă©valuĂ©s Ă part dans les actes de successions, bien quâils fassent thĂ©oriquement partie des frais funĂ©raires dans leur dĂ©finition jurisprudentielle ; ceux des veufs ne sont jamais mentionnĂ©s car le mari survivant porte le deuil Ă ses frais. Les sources mentionnent rarement les dĂ©penses rĂ©elles une vingtaine de cas, plus souvent les sommes forfaitaires attribuĂ©es aux seules veuves. Elles ne suggĂšrent pas de dĂ©mocratisation en matiĂšre de coupe des vĂȘtements, contrairement Ă ce quâon observe au xviiie siĂšcle en Angleterre oĂč les classes moyennes finissent par porter des habits de deuil based on aristocratic lines »151. Deuil des parents et des domestiques 152 Pellegrin, N., 1989, p. 70-72. 54Les hĂ©ritiers les plus fortunĂ©s disposent parfois de quelques objets de deuil dans leur garde-robe Ă©pĂ©e de deuil, boucles de chaussuresâŠ, mais, Ă cause de lâĂ©volution des couleurs dominantes dans les garde-robes des Parisiens, la grande majoritĂ© doit de plus en plus faire confectionner de nouveaux vĂȘtements. Ă la fin du rĂšgne de Louis XIV, le port des couleurs sombres nâest pas lâapanage des milieux populaires », chacun a dans sa garde-robe des vĂȘtements ordinaires qui peuvent passer pour des habits de deuil ». En revanche, dans les annĂ©es prĂ©cĂ©dant la RĂ©volution, les vĂȘtements de couleur claire lâemportent, porter le deuil implique lâacquisition dâune tenue spĂ©ciale »152. 153 AN, MC, XCVIII 532, 6 dĂ©cembre 1755, compte dâexĂ©cution testamentaire de Claude-RenĂ© Lelong, maĂźtre ... 154 Hardy, 2008, p. 353-354 octobre 1768. 55Les testaments qui attribuent des sommes aux hĂ©ritiers Ă cet effet sont rares. En 1747, Claude-RenĂ© Lelong, maĂźtre ordinaire en la chambre des comptes, lĂšgue 1 000 lt Ă chacun de ses cinq enfants, tous adultes, pour leur deuil. Le legs ne suffit pas Ă couvrir les dĂ©penses qui montent Ă 1 500 lt. Il faut dire que les hĂ©ritiers ont de trĂšs belles situations deux fils et deux gendres sont maĂźtres des comptes comme leur pĂšre et beau-pĂšre, le troisiĂšme gendre est un riche manufacturier et secrĂ©taire du roi Paignon Dijonval ; Mme Lelong nâest pas en reste, elle dĂ©pense 1 903 lt 9 sols pour son deuil et celui de ses domestiques153. Second et dernier exemple, en 1768, Jean-Baptiste Coignard, ancien libraire devenu secrĂ©taire du roi, richissime mais sans enfants, donne 2 000 lt Ă chacune de ses sĆurs pour son deuil » dans un testament fantastique que Hardy reproduit dans son intĂ©gralitĂ©154. 2 000 lt est une somme qui convient tout Ă fait Ă son rang dâanobli. 155 AN, MC, LIII 226, 22 mai 1724, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Louise Desgodets veuve Nicolas Guillaume D ... 156 AN, MC, LXVII 594, 14 aoĂ»t 1755, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Marie-Madeleine Bingant Ă©pouse Thomas Fr ... 157 AN, MC, CXV 593, 22 octobre 1751, liquidation de la succession dâHenri Lehuart, marchand mercier. 56Le port du deuil est prĂ©vu pour les enfants, mĂȘme dans la bourgeoisie. Aucun des exemples glanĂ©s dans les archives nâest infĂ©rieur Ă 100 lt. En 1724, 119 lt 16 sols sont payĂ©s aux frĂšres tailleurs pour fournitures dâhabits de deuil Ă François Alexandre Daustel, treize ans, fils aĂźnĂ© du premier lit de Mme HĂ©bert, veuve en premiĂšres noces dâun mercier et remariĂ©e avec un autre155. LâĂąge minimal est difficile Ă dĂ©terminer, mais des enfants de cinq ans peuvent porter le deuil de leur mĂšre. Lâinventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Mme Ruel, Ă©pouse dâun mercier failli, mentionne deux quittances de dĂ©penses faites par son Ă©poux pour le deuil de leurs enfants et de sa domestique dâun montant total de 140 lt 10 sols 6 deniers. Or leurs trois enfants ont respectivement cinq ans et trois mois, deux ans et huit mois et dix mois et demi156. Les habits des filles semblent plus coĂ»teux que ceux des garçons Henri Lehuart, marchand mercier, meurt en 1751, le deuil de son fils de vingt-trois ans, coĂ»te 147 lt 17 sols 6 deniers, celui de sa fille de vingt-et-un ans monte Ă 167 lt 1 sol157. 158 AN, MC, XLVI 426, 13 juin 1769, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Jean-Henri-Thomas Marianchau, bourgeois d ... 159 AN, MC, XXXIX 176, 14 novembre 1691, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Marie Versoris, Ă©pouse Charles Verso ... 160 AN, MC, X 350, 14 octobre 1720, testament de Gabriel Dezegre, bourgeois de Paris. 161 Denisart, 1787, p. 649. 162 Duma, J., 1995, p. 416. 57Le coĂ»t des vĂȘtements de deuil des domestiques ordinaires est parfois moins important. En 1769, le deuil de la cuisiniĂšre de Jean-Henri-Thomas Marianchau, bourgeois de Paris » qui pratique la recette de rentes, coĂ»te 36 lt, alors que le fils du dĂ©funt, Benoit CĂ©sar Alexandre, a droit Ă 120 lt158. Les dĂ©penses des maĂźtres dâhĂŽtel, valets de chambre et autres femmes de chambre sont en revanche proches de celles des enfants en novembre 1691, Ălisabeth Perard, femme de chambre de lâĂ©pouse dâun ancien maĂźtre ordinaire de la chambre des comptes, dĂ©clare au notaire quâelle a dĂ©pensĂ© 105 lt 18 sols 6 deniers pour son habit de deuil quâelle a fait faire incontinant aprĂšs le dĂ©cĂšs de lad. Dame » ; la somme est Ă rapporter aux quinze Ă©cus de gages quâelle percevait chaque annĂ©e159. Les testateurs prĂ©voient parfois des legs particuliers destinĂ©s Ă financer ces nouveaux vĂȘtements des domestiques. En 1699, le banquier François Denis demande que chacun de ses domestiques ait un habit de deuil. En 1720, Gabriel Dezegre, bourgeois de Paris », donne 100 lt Ă chacun de ses domestiques et 500 lt Ă la veuve de Beauvais, sa gouvernante, pour leurs habits de deuil160. En 1748, le sieur Baudin, rentier, lĂšgue un deuil honnĂȘte » Ă ses domestiques ; il laisse environ 50 000 lt Ă son dĂ©cĂšs, le deuil est fixĂ© Ă 150 lt par une sentence du ChĂątelet161. Dans les maisons aristocratiques, les sommes payĂ©es pour lâendeuillement de la livrĂ©e reprĂ©sentent des sommes colossales chez les Bourbon-PenthiĂšvre, habiller les officiers et domestiques de lâĂ©curie coĂ»te 6 654 lt pour le deuil de feu madame » en 1722, 7 972 lt en 1732 pour le deuil du Roi de Sardaigne »162. Le deuil de la veuve des frais Ă lâindemnitĂ© 163 AN, MC, XXIV 768, 24 janvier 1760, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Louis Sauvage de LâIsle bourgeois de ... 164 AN, MC, LVIII 485, 21 novembre 1777, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Jacques Arnaud, bourgeois de Paris. 165 AN, MC, L 588, 24 fĂ©vrier 1773, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Philibert Fattoud, marchand mercier Ă©tof ... 58Les frais de deuil concernent bien sĂ»r avant tout les veuves. Dans la coutume de Paris, ils sont prĂ©levĂ©s sur la succession des dĂ©funts alors quâen Bretagne et en Bourgogne, la veuve doit porter le deuil Ă ses dĂ©pens. On nâa trouvĂ© aucun exemple de dĂ©penses infĂ©rieures Ă 100 lt. En 1760, la veuve de Louis Sauvage de LâIsle bourgeois de Paris », ancien valet de chambre dâun duc et ancien secrĂ©taire dâun Ă©vĂȘque, prĂ©sente un mĂ©moire de fournitures de deuil montant Ă 109 lt 5 sols son douaire est de 800lt163. En 1777, Jacques Arnaud, bourgeois de Paris », et son Ă©pouse forment un couple modeste qui paie 3 lt 13 sols et 6 deniers de capitation, mais Mme Arnaud, dont le douaire est de 600 lt, dĂ©pense 101 lt 6 sols 6 deniers pour son deuil164. Dans la bonne bourgeoisie, les frais de deuil de Marie-Jeanne Ticquet, veuve dâun riche marchand mercier de la paroisse Saint-Jean en GrĂšve, douĂ©e de 800 lt de rente, montent Ă 887 lt 15 sols 7 deniers en 1773, tandis que lâenterrement de son Ă©poux a coĂ»tĂ© environ 730 lt165. 166 Dousset-Seiden, C., 2009, p. 50. 167 PĂ©nicaut, E., 2004, p. 400. 168 AN, MC, XXIV 690, 15 novembre 1742, partage compte et liquidation de la succession de François Delo ... 59Les veuves se voient aussi attribuer des indemnitĂ©s de deuil, pratique qui sâinspire des rĂšgles en vigueur dans les pays de droit Ă©crit166. Les montants de ces sommes forfaitaires ne figurent pas dans les testaments, ils sont exceptionnellement mentionnĂ©s dans les contrats de secondes noces, on les trouve surtout dans les actes de rĂšglement des successions des Ă©poux dĂ©funts. Ces donnĂ©es ont Ă©tĂ© complĂ©tĂ©es avec celles fournies par des ouvrages de jurisprudence et divers travaux dâhistoriens. Lors de lâĂ©tablissement des partages, comptes de communautĂ© ou autres liquidations, le montant du deuil est proposĂ© par la veuve puis acceptĂ© ou bien refusĂ© par les autres parties, auquel cas un nouveau prix est fixĂ© de concert167. Le corpus contient ainsi quatre vingt-quinze indemnitĂ©s demandĂ©es et attribuĂ©es entre 1678 et 1789, Ă rapporter aux trois cas oĂč les veuves renoncent expressĂ©ment Ă leur indemnitĂ© de deuil168. 60La tendance gĂ©nĂ©rale Ă lâinflation de cette indemnitĂ© explique sa fixation coutumiĂšre Ă une annĂ©e de revenu de douaire vers le milieu du xviiie siĂšcle. Tableau 6. IndemnitĂ© de deuil et lâannĂ©e de douaire, 1678-1789 Datesde rĂšglementdes successions cas Montantdu deuil infĂ©rieurau douaire Montantdu deuilĂ©galau douaire Montantdu deuil supĂ©rieurau douaire Montant du douaire inconnu Montant du deuil demandĂ© par la veuve diminuĂ© 1678-1726 13 2 4 5 1 1 1727-1750 31 3 13 12 3 10 1751-1789 51 6 24 18 3 0 169 Brillon, 1727, tome 2, p. 609. 170 Le Boindre, J., 1997, p. 388 dâaprĂšs AN, Y 14614B, 28 aoĂ»t 1696, 3e chapitre de dĂ©penses. 61Les ouvrages de jurisprudence de la fin du rĂšgne de Louis XIV ne comprennent en effet aucune indication sur le montant du deuil de la veuve, pas plus les Questions notables de droit, ouvrage de Leprestre et Gueret 1679, que lâĂ©dition de 1711 du Dictionnaire des arrĂȘts de Brillon. Les dĂ©cisions des juges permettent Ă la veuve de tenir son rang, mĂȘme au dĂ©triment des hĂ©ritiers ou des crĂ©anciers de son dĂ©funt Ă©poux. La jurisprudence prend alors implicitement comme rĂ©fĂ©rence la position sociale originelle des couples et non leur condition Ă©conomique prĂ©sente. Un arrĂȘt du parlement du 26 mars 1694 porte Ă 3 500 t le deuil de la veuve du conseiller Dalesse dont la succession ne peut payer tous les crĂ©anciers169. Dans les transactions privĂ©es, les valeurs sont les mĂȘmes. Françoise Beschefer veuve Jean Le Boindre, conseiller au parlement mort en 1693, dĂ©clare ainsi quand lâavocat du petit-fils contesta les 3 000 lt que la veuve rĂ©clamait pour son deuil et celui des domestiques et Ă©quipages, elle rĂ©pliqua simplement pour une dame de sa qualitĂ©â170 ; alors que son contrat de mariage 2 juin 1647 lui accordait un douaire de 1 600 lt de rente si elle avait des enfants. 171 Augeard, M., 1713, tome 2, XCVIII, p. 684. 172 Bourjon, F., 1770, tome 1, p. 633. 62La fin du rĂšgne de Louis XIV amorce une pĂ©riode un peu moins favorable aux droits des femmes. La veuve de M. de Granges, prĂ©sident de la chambre des comptes de Rouen, qui demandait 6 000 lt et avait obtenu 1 500 lt du ChĂątelet, se voit finalement attribuer 2 000 lt en 1710 par le parlement171. Les ArrĂȘts notables de Mathieu Augeard, publiĂ©s en 1713, prĂ©sentent cette dĂ©cision judiciaire dans un chapitre dont le titre tĂ©moigne des premiers efforts des juristes pour codifier le deuil Sur quel pied les hĂ©ritiers du mari doivent fournir le deuil Ă sa veuve ». Lâargumentaire de lâavocat gĂ©nĂ©ral met lâaccent sur la condition et les biens du dĂ©funt Ă©poux pour justifier le montant attribuĂ©, il ne fait pas rĂ©fĂ©rence au montant du douaire environ 4 666 lt de rente. La veuve dâun maĂźtre des comptes Ă qui le ChĂątelet avait accordĂ© 1 500 lt obtient 2 000 lt du parlement en 1710172. 173 Houard, D., 1780, tome 1, article Deuil », p. 488. 174 Brillon, 1727, tome 2, p. 608-609. 63Les efforts de codification coutumiĂšre se poursuivent pendant les deux premiĂšres dĂ©cennies du rĂšgne de Louis XV. Deux Ordonnances, lâune du 23 Juin 1716, lâautre du 8 Octobre 1731, ont fixĂ© le deuil Ă une annĂ©e du douaire, [âŠ] mais elles nâont point Ă©tĂ© enregistrĂ©es »173. LâĂ©dition de 1727 du Dictionnaire de Brillon prĂ©sente les diffĂ©rentes modalitĂ©s de son Ă©valuation le deuil se rĂšgle ordinairement Ă Paris au tiers, ou au plus Ă la moitiĂ© du revenu dâune annĂ©e du douaire ; cependant le deuil des veuves du commun se rĂšgle Ă 50 lt » ; plus loin Brillon ajoute que le deuil dâune veuve sâarbitre suivant le douaire & sâĂ©gale Ă lui »174. 64Les donnĂ©es tirĂ©es des actes de la pratique jusquâen 1736 confirment cette impression dâune absence de norme dâusage et lâidĂ©e que la veuve fixe elle-mĂȘme le montant de son deuil en fonction des dĂ©penses quâelle a faites. Sur vingt-et-une indemnitĂ©s, une seule est rĂ©duite de moitiĂ© par rapport au vĆu de la veuve, et sept Ă©quivalent Ă une annĂ©e de douaire. 175 AN, Y 11051A, 19 janvier 1736, liquidation de reprises et conventions matrimoniales de madame la pr ... 65Le changement sâopĂšre trĂšs rapidement. Ă la fin des annĂ©es 1730, les juges du ChĂątelet adoptent lâunitĂ© de lâannĂ©e de revenu du douaire comme rĂ©fĂ©rence. Dans notre corpus, la premiĂšre allusion date de 1736 dans la liquidation de la succession dâAndrĂ© Robert LefĂšvre dâEaubonne, prĂ©sident au grand Conseil et maĂźtre des requĂȘtes honoraire les reprises de Mme dâEaubonne sont Ă©valuĂ©es Ă une certaine somme, sans prejudice Ă madame dâEaubonne de son deuil sur le pied dâune annĂ©e de son douaire »175, soit 5 000 lt. La codification semble donc sâĂ©tablir dans la noblesse avant de se diffuser dans le reste de la sociĂ©tĂ©, selon un processus tout Ă fait banal. La nouvelle norme sert Ă justifier la diminution des sommes rĂ©clamĂ©es par les veuves entre 1736 et 1745, dix-sept deuils sont accordĂ©s, dont dix sont rĂ©duits par rapport Ă la requĂȘte initiale. Les documents tirĂ©s des archives des notaires et des commissaires de police portent la trace des nĂ©gociations lâindemnitĂ© demandĂ©e est biffĂ©e, la somme accordĂ©e est Ă©crite dans la marge et est dĂ»ment justifiĂ©e arbitrĂ©e entre les parties ». 66Ă partir de 1746, les ratures disparaissent, les sommes demandĂ©es sont attribuĂ©es, les acteurs sociaux connaissent cette nouvelle norme mĂȘme sâils ne lâappliquent pas. Dans les annĂ©es 1760, lâannĂ©e du revenu du douaire devient la mĂ©diane des indemnitĂ©s de deuil dix-sept sur vingt-six cas renseignĂ©s. Ce qui nâempĂȘche pas les parties de dĂ©cider librement de la transgresser, en particulier quand la fortune du couple est bien supĂ©rieure Ă celle quâil avait au moment de son Ă©tablissement un tiers. 176 Nouveau stile du ChĂątelet de Paris, 1746, p. 84. 177 FerriĂšre de, 1754, tome 1, p. 480. 178 Denisart, 1787, p. 362. 67Les recueils de jurisprudence enregistrent la nouvelle norme avec retard, pratiquement une gĂ©nĂ©ration plus tard. Le Nouveau stile du ChĂątelet de Paris publiĂ© en 1747 ignore la codification coutumiĂšre puisquâil prĂ©sente un compte fictif de communautĂ© oĂč le deuil monte Ă deux annĂ©es de revenu du douaire fixĂ© Ă 2 000 lt176. En 1754, le Dictionnaire de Claude-Joseph de FerriĂšre prĂ©cise quâordinairement les impenses sic pour les habits de deuil de la femme, se reglent Ă Paris Ă la moitiĂ© du revenu dâune annĂ©e du douaire »177. Il faut attendre les annĂ©es 1760 pour que tous les ouvrages prennent lâannĂ©e du douaire comme rĂ©fĂ©rence. Encore Denisart estime t-il que lâannĂ©e de douaire est la somme attribuĂ©e ordinairement aux personnes du commun », mais quâelle ne suffit pas Ă lâĂ©gard des personnes constituĂ©es en dignitĂ©, sur-tout lorsque la dignitĂ© est augmentĂ©e pendant la durĂ©e du mariage »178. Pourtant, dans notre corpus, les rĂšgles dâattribution du deuil ne semblent pas diffĂ©rentes entre la bourgeoisie et la noblesse. 179 Denisart, 1787, p. 362. 68Les juristes ont donc finalement choisi lâannĂ©e de douaire comme rĂ©fĂ©rence, belle somme dont le montant a Ă©tĂ© fixĂ© au moment du mariage, ils prennent en compte la condition dâorigine du couple, qui a pu Ă©voluer. Ce choix traduit aussi la prĂ©gnance dâune mentalitĂ© qui consiste, en cas de dĂ©classement, Ă prendre pour rĂ©fĂ©rence le groupe dâorigine et non le groupe prĂ©sent. En cas dâenrichissement, les acteurs peuvent librement dĂ©roger Ă la coutume. En cas dâappauvrissement, les juges nâhĂ©sitent pas Ă protĂ©ger les droits des crĂ©anciers Marie-Charlotte dâEstrades, veuve de Pierre Jean Romanet, conseiller puis prĂ©sident au parlement, mariĂ©e en 1717 avec un douaire de 6 000 lt, se borne Ă demander 5 000 lt pour son deuil puisque son Ă©poux est mort ruinĂ© ; en 1752, le parlement rĂ©duit lâindemnitĂ© Ă 4 000 lt sous la pression des crĂ©anciers179. Tableau 7. IndemnitĂ©s de deuil par groupe social ou professionnel pour 75 cas classables, 1671-1789 180 Daumard, A. et Furet, F., 1961. 69Ă lâĂ©chelle macro, quelle part des Parisiennes a accĂšs au deuil ? Si on considĂšre quâĂ partir des annĂ©es 1740, lâindemnitĂ© de 50 lt correspond en moyenne Ă une annĂ©e du douaire au denier 20 intĂ©rĂȘt officiel Ă 5 %, le douaire minimal est de 1 000 lt. Dans la coutume de Paris, le douaire Ă©quivaut en thĂ©orie Ă la moitiĂ© des biens de lâĂ©poux au moment du mariage, ici une fortune masculine minimale de 2 000 lt. Or dans les travaux dâAdeline Daumard et François Furet sur les mariages de 1749 qui Ă©valuent les apports au mariage cumulĂ©s des deux Ă©poux, les apports supĂ©rieurs Ă 2 000 lt reprĂ©sentent 55,35 % des contrats180. Sociologiquement, les catĂ©gories qui bĂ©nĂ©ficient du deuil sont situĂ©es au-dessus des gens du peuple qui demandent des convois de charitĂ©. Il nây a quasiment pas dâouvriers dans notre corpus, alors que les domestiques enrichis et autres bourgeois de Paris » y sont mĂȘlĂ©s aux maĂźtres artisans. On peut donc estimer que les indemnitĂ©s de deuil concernent potentiellement la moitiĂ© des Parisiennes mariĂ©es. La gradation des indemnitĂ©s suit grossiĂšrement la hiĂ©rarchie sociale. 181 Brillon, 1727, tome 2, p. 608-609. 70DâaprĂšs lâarrĂȘtiste Brillon dont lâouvrage est publiĂ© en 1727, la coutume fixe le montant du douaire Ă 50 lt pour les veuves du commun181. Dans notre corpus, les premiers exemples dâindemnitĂ©s infĂ©rieures Ă 100 lt datent des annĂ©es 1730, signe dâune dĂ©mocratisation du deuil qui profite surtout aux artisans. En 1736, Sulpice Robbe, maĂźtre potier dâĂ©tain dĂ©cĂšde en laissant quatre enfants vivants, deux fils aussi maĂźtres potiers dâĂ©tain, un gendre maĂźtre tabletier, un autre maĂźtre fondeur. Ses funĂ©railles coĂ»tent 105 lt, et sa veuve reçoit 75 lt au titre de son deuil. Les Robbe sâĂ©taient mariĂ©s trĂšs modestement en 1699 ; ils sâaccordaient un prĂ©ciput de 50 lt ; aucun douaire nâĂ©tait mentionnĂ©, dernier indice de lâappartenance de ce couple aux milieux populaires. Or, ce minimum de 50 lt reste valable jusquâĂ la RĂ©volution, il vaut en 1751 pour la veuve dâun mercier failli qui est devenu commis mais Ă qui on avait promis un douaire de 300 lt de rente ; il vaut aussi en 1768 pour la veuve dâun frotteur mariĂ©e en 1730 avec un douaire de 500 lt. 182 Menjot dâElbenne, S., 1923, p. 128. 183 AN, MC, XIX 746, 6 fĂ©vrier 1754, liquidation et partage de la succession Louis Roberge de Boismorel ... 184 PĂ©nicaut, E., 2004, p. 400. 185 Cuvillier, J., 2005, p. 89-90. 186 VergĂ©-Franceschi, M., 1990, p. 2281. 187 Denisart, 1787, p. 362. 188 AN, MC, CXII 568, 22 septembre 1756, compte et arrĂȘtĂ© de la succession du duc de ChĂątillon. 189 Lagrave de, 1999, p. XIV et 13. 71Le seuil de 300 lt apparaĂźt, comme pour les frais funĂ©raires, comme une limite supĂ©rieure des consommations de la petite bourgeoisie. Dans le milieu des notables, la fourchette est Ă©troite entre 600 et 1 000 lt. Pour les financiers et les nobles, cette derniĂšre somme est un seuil plancher. Mme de la SabliĂšre, veuve dâun financier, a un douaire de 2 000 lt de rente et touche un deuil de 4 000 lt aprĂšs la mort de son Ă©poux en 1679182. La veuve du payeur des rentes Louis Roberge de Boismorel, douĂ©e de 2 000 lt de rente, se voit attribuer un deuil dâune annĂ©e de douaire en 1754183. La somme accordĂ©e en 1721 Ă Ălisabeth-ThĂ©rĂšse Le Rebours, veuve de lâancien contrĂŽleur gĂ©nĂ©ral des finances Chamillart, 5 000 lt, se situe logiquement dans une frange supĂ©rieure184. Lâaristocratie titrĂ©e est encore au-dessus. Catherine AngĂ©lique dâAlbert de Luynes Ă©pouse en 1694 le marquis de Gouffier, son douaire est fixĂ© Ă 6 000 lt de rente sâils ont des enfants ; le marquis dĂ©cĂšde en 1706, les frais de deuil sont estimĂ©s Ă une annĂ©e de douaire185. Au dĂ©but du gouvernement personnel de Louis XV, la veuve du marĂ©chal de Montesquiou demande 12 000 lt, le lĂ©gataire de son dĂ©funt Ă©poux en propose 4 000 lt, la justice arbitre Ă 8 000 lt en 1726 ; Denisart justifie la dĂ©cision en arguant que 4 000 lt nâest pas [une somme] suffisante, pour le deuil de la veuve dâun marĂ©chal de France ». Les 12 000 lt rĂ©clamĂ©s par la marĂ©chale de Broglie, veuve depuis 1727 et douĂ©e de 6 000 lt de rente, sont cohĂ©rents avec le cas prĂ©cĂ©dent186. Mais un plafond semble avoir Ă©tĂ© implicitement fixĂ© Ă 8 000 lt. En 1729, la comtesse de la Motte obtient cette somme187, tout comme la veuve du duc de Chatillon douĂ©e pourtant de 9 000 lt de rente en 1756188, et Mme HelvĂ©tius douĂ©e de 8 000 lt de rente en 1771189. On ne sâĂ©tonnera pas que la veuve dâun financier rivalise avec les grands nobles dâĂ©pĂ©e en cette fin dâAncien RĂ©gime. Tableau 8. IndemnitĂ©s de deuil et frais funĂ©raires, 1695-1789 Nombretotal Nb fraisfunĂ©rairessupĂ©rieurs Ă deuil Nb fraisfunĂ©rairesinfĂ©rieursĂ deuil Moyennedes fraisfunĂ©raires lt Moyennedes indemnitĂ©sde deuil lt 1695-1703 2 2 0 1721-1750 17 10 7 396 340 1751-1789 16 6 10 638 1 009 1695-1789 35 18 17 471 666 72La comparaison entre les indemnitĂ©s moyennes de deuil et les frais dâenterrement moyens rĂ©vĂšle un dimorphisme sexuel des consommations funĂ©raires dans les catĂ©gories supĂ©rieures de la sociĂ©tĂ©. En effet, chez les bourgeois de Paris », ces dĂ©penses sont sensiblement Ă©quivalentes environ 150 lt, dans le milieu des notables, des marchands non-notables et des artisans, elles sont voisines 820 lt / 735,9 lt ; 476 lt / 405,7 lt ; 165 lt / 202 lt. LâĂ©cart se creuse chez les avocats non notables 537,5 lt / 384,4 lt, il devient trĂšs important chez les financiers et les nobles en moyenne, un enterrement coĂ»te environ 1 000 lt, le deuil de la veuve et de ses domestiques 4 000 lt. 73La comparaison peut ĂȘtre approfondie par quelques Ă©tudes de cas trente-cinq cas. Dans ce petit corpus, la moyenne des indemnitĂ©s de deuil est de 666 lt, bien supĂ©rieure Ă celle des frais funĂ©raires plus de 400 lt. LĂ encore, les annĂ©es 1730 sont des annĂ©es charniĂšres. Jusquâen 1738, les frais funĂ©raires sont trĂšs majoritairement supĂ©rieurs aux dĂ©penses de deuil neuf cas sur dix. Ă partir de la dĂ©cennie 1740, câest lâinverse. En fait, quand le deuil vaut entre 45 et 400 lt, il est gĂ©nĂ©ralement infĂ©rieur aux frais funĂ©raires ; en revanche, quand le deuil vaut entre 500 et 8 000 lt les cas vont jusquâen 1788, sa valeur est supĂ©rieure aux dĂ©penses des obsĂšques de lâĂ©poux. En 1742, les obsĂšques du mercier Barbier coĂ»tent 884 lt, le deuil de sa veuve est de 1 000 lt. 190 Roche, D., 1989 tableau 7. 74Dans ce petit corpus, les indemnitĂ©s de deuil connaissent une forte croissance 100 %, nettement plus forte que celle des frais dâobsĂšques 61 %. Cette augmentation touche surtout les grosses fortunes, qui consacrent plus de 350 lt aux funĂ©railles ou 500 lt et plus au deuil de la veuve. Cette forte croissance est cohĂ©rente avec lâaugmentation des dĂ©penses vestimentaires que Daniel Roche a observĂ©e dans tous les milieux sociaux entre la fin du rĂšgne de Louis XIV et la RĂ©volution190. Les familles sont loin de renoncer Ă ces dĂ©penses de reprĂ©sentation, ce qui explique la multiplication des commentaires des moralistes. 75Cette diffusion du deuil dans la sociĂ©tĂ© parisienne compense une disparition progressive de la visibilitĂ© des morts dans les Ă©glises paroissiales. * 76En mobilisant diffĂ©rents types de sources, cet article a tentĂ© de prĂ©senter une Ă©tude dâune partie du marchĂ© funĂ©raire » Ă Paris des annĂ©es 1680 Ă la RĂ©volution. 77Les prestataires de services proposent aux familles des produits variĂ©s. Dans les paroisses, lâabsence de classes leur permet de choisir lâenterrement quâelles peuvent et veulent payer. Avec le dĂ©groupage des offres et la fin des avantages consentis aux marguilliers et aux anciens paroissiens, lâoffre est de plus en plus souple. LâĂ©tude des consommations funĂ©raires rĂ©vĂšle cependant la force des reprĂ©sentations communes qui pousse la majoritĂ© des acteurs appartenant Ă un mĂȘme groupe social Ă ne pas dĂ©passer certaines limites, Ă respecter des normes sociales tacites. Les cas de transgression ne sont pas exceptionnels, mais un sentiment religieux intense ou une belle fortune acquise sur le tard leur donnent sens. 191 Croq, L., 2010. 78Les dĂ©penses funĂ©raires, frais dâobsĂšques et de deuil, font partie de la culture des apparences. La bourgeoisie parisienne reste attachĂ©e Ă ces formes dâexpression du rang et de la fortune des familles dans lâespace public. Dans une sociĂ©tĂ© oĂč lâenrichissement est plus rapide que lâascension sociale, oĂč les marques de puissance des notables sont en voie de disparition avec la suppression des bancs familiaux dans les Ă©glises paroissiales191, le convoi et son faste permettent de manifester furtivement Ă la fois sa bonne fortune et son respect des devoirs familiaux. Avec les mariages, les obsĂšques sont un des rites de passage qui permet la surconsommation. 79Le faste des obsĂšques, dâune dizaine Ă quelques milliers de livres, est globalement proportionnel au rang des acteurs. LâadĂ©quation de ces Ă©chelles est cependant troublĂ©e par de multiples anomalies. Les nobles restent bien sĂ»r soucieux de leur honneur, mais ils manifestent de plusieurs façons leur refus dâun conformisme quâils jugent sans doute petit bourgeois. Les droits de la conscience individuelle priment ceux de la famille, ce qui va Ă lâencontre de lâessence lignagĂšre mĂȘme de la noblesse. La tendance de la robe est plutĂŽt Ă la sous-consommation quâaux dĂ©penses ostentatoires. Les plaintes des curĂ©s du Marais font sens les magistrats qui y sont particuliĂšrement nombreux refusent le luxe aristocratique et les convois les plus fastueux. Les enterrements des financiers, plus onĂ©reux, induisent un dĂ©classement relatif de la magistrature. La bourgeoisie est aussi touchĂ©e par des opĂ©rations de reclassement symboliques dans les deux derniĂšres dĂ©cennies de lâAncien RĂ©gime, les dĂ©penses dâobsĂšques des petite et moyenne bourgeoisie enrichies sâemballent et atteignent le niveau de celles des notables, bourgeoisie politique alors dĂ©valorisĂ©e par le rattachement de lâĂ©chevinage Ă la sphĂšre monarchique et par la politique libĂ©rale menĂ©e par le contrĂŽle gĂ©nĂ©ral des finances. Le hiatus entre la rapiditĂ© des changements Ă©conomiques et la lenteur des mutations sociales est frappant. 192 Croq, L., 2009, p. 38. 80Lâinflation du coĂ»t des obsĂšques de la bourgeoisie Ă©conomique est un des signes de la dĂ©mocratisation de certaines consommations funĂ©raires qui est un phĂ©nomĂšne marquant du siĂšcle des LumiĂšres. Le maintien par les fabriques des tarifs planchers permet aux gens du peuple de faire inhumer leurs parents dans les cimetiĂšres paroissiaux pour une dizaine de livres sans avoir recours Ă la charitĂ©. Les billets dâenterrement mais aussi le deuil se diffusent dans la petite bourgeoisie. Ă lâautre bout de lâĂ©chelle sociale, lâenvolĂ©e des rĂ©clamations des femmes de la noblesse qui doivent non seulement changer leur garde-robe mais aussi vĂȘtir les nombreux domestiques de la maison amĂšne les juges Ă codifier lâindemnitĂ© de deuil Ă une annĂ©e du revenu du douaire vers le milieu du xviiie siĂšcle. Cette restriction jurisprudentielle, dont les arrĂȘtistes tĂ©moignent bien tardivement, participe de la dynamique de limitation des droits des femmes au xviiie siĂšcle elle sâajoute Ă la rĂ©duction des droits des filles-mĂšres sur les pĂšres putatifs de leurs enfants et Ă la perte du statut de crĂ©anciĂšre privilĂ©giĂ©e des femmes sĂ©parĂ©es de biens dans les annĂ©es 1740192. 81Ces mutations sont Ă©talĂ©es sur plusieurs dĂ©cennies, aussi nâont-elles guĂšre suscitĂ© de commentaires des contemporains. Elles contrastent avec la faiblesse des changements initiĂ©s par la monarchie et le parlement dans la capitale en matiĂšre funĂ©raire, celle-ci est en retard par rapport aux autres villes du royaume, le grand changement â la construction des caves collectives â est le rĂ©sultat des initiatives locales des marguilliers et non des pouvoirs publics. Ceux-ci ont sans doute eu dâautant plus de mal Ă imposer leurs rĂ©formes que la bourgeoisie parisienne Ă©tait fortement attachĂ©e au systĂšme cĂ©rĂ©moniel mortuaire traditionnel. La noblesse seule qui sâĂ©tait toujours singularisĂ©e chapelles funĂ©raires, endeuillement des domestiques etc. met Ă distance ce systĂšme de multiples façons et y introduit des Ă©lĂ©ments de modernitĂ© les enterrements de nuit ou Ă la campagne ou dans les cimetiĂšres, la raretĂ© des faire-part et le petit nombre des invitĂ©s, le respect de la conscience individuelle des dĂ©funts au pĂ©ril de lâhonneur du lignage⊠La noblesse conforte ainsi sa marginalisation dans lâespace public. Haut de page Bibliographie Sources imprimĂ©es Chassin, Charles-Louis, Les Ă©lections et les cahiers de Paris en 1789, Paris, 1888-1889, 4 volumes. Ăpitaphier du Vieux Paris. Recueil gĂ©nĂ©ral des inscriptions funĂ©raires des Ă©glises, couvents, collĂšges, hospices, cimetiĂšres et charniers depuis le Moyen Ăge jusquâĂ la fin du xviiie siĂšcle, 1890-1997 - Imprimerie nationale, Paris, 13 volumes. 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Ou veut-on, par ce stratagĂšme, engager les familles pauvres Ă faire des dĂ©penses au-dessus de leurs forces ? ». Chassin, 1889, t. 2, p. 499 Observations dâun habitant des Filles Saint-Thomas, article 20. 3 Foisil, M., 1987, p. 295. 4 Garrioch, D., 2005, p. 35-75. 5 Il ne faudroit pas [âŠ] que la religion encourageĂąt les dĂ©penses des funĂ©railles. Quây a t-il de plus naturel que dâĂŽter la diffĂ©rence des fortunes dans une chose et dans les moments qui Ă©galisent les fortunes ? ». Montesquieu, De lâesprit des lois, 1Ăšre Ă©dition, 1748 chapitre vii. Du luxe de la superstition. 6 Chaunu, P., 1978, p. 441. Vovelle, M., 1974, p. 201. 7 Foisil, M., 1974 ; AriĂšs, P., 1977, p. 472-493 ; McManners, J., 1981, p. 303-367. 8 AN, S 7493, 13 octobre 1762, lettre du curĂ© de Saint-Gervais. 9 Aubert, G., 2003. 10 AN, MC, CXII 813A, 11 avril 1789, dĂ©pĂŽt du testament olographe de Michel Bouvard de Fourqueux, rĂ©digĂ© le 1e mars 1781. Lâextrait mortuaire datĂ© du mardi 7 avril et Ă©tabli Ă Saint-Gervais, sa paroisse, prĂ©cise que le corps a Ă©tĂ© apportĂ© en lâĂ©glise Saint-Gervais et aprĂšs lâoffice chantĂ©, le corps prĂ©sent, a Ă©tĂ© transportĂ© en carrosse, de cette Ă©glise en celle paroissiale de Fourqueux lieu de sa sĂ©pulture ». 11 Le 5 juillet 1740, les Augustins de la place des Victoires concĂšdent une chapelle familiale Ă RenĂ© HĂ©rault, lieutenant gĂ©nĂ©ral de police, qui demeure rue des Petits-Champs, paroisse Saint-Roch. Il y est inhumĂ© le 2 aoĂ»t suivant. Pillorget, S., 1971, p. 296. 12 Hardy, 2009, p. 370 et 518 les ducs de Gesvres et de Chaulnes sont inhumĂ©s Ă Saint-Sulpice ; p. 450 les Gilbert de Voisins sont Ă Saint-SĂ©verin, p. 513 les Bignon sont Ă Saint-Eustache, p. 600 les Lamoignon sont Ă Saint-Leu Saint-Gilles, p. 670 les Talon sont Ă Saint-Cosme. Hardy, Ă paraĂźtre 7 fĂ©vrier 1781 les Clermont-Tonnerre sont Ă Saint-Nicolas du Chardonnet. Saint-Nicolas du Chardonnet abrite aussi la chapelle des dâArgenson Combeau Y., 1999, p. 42. La concession de la chapelle Saint-Etienne de Saint-Merry, attribuĂ©e Ă la famille Camus de PontcarrĂ© en 1609, est renouvelĂ©e en 1756. Baloche, C., 1911, t. 2, p. 445. 13 Hardy, Ă paraĂźtre, 6 aoĂ»t 1776 le corps du prince de Conti est transportĂ© Ă lâIle -Adam, [âŠ] pour ĂȘtre inhumĂ© conformĂ©ment dans le lieu de lâĂ©glise paroissiale dudit lieu [âŠ] On Ă©toit Ă©tonnĂ© que le prince de Conti eĂ»t renoncĂ© comme la feue Dame sa mĂšre au tombeau de ses ancĂȘtres dont les cendres reposoient sous le maĂźtre-autel de lâĂ©glise paroissiale de Saint AndrĂ© des Arts ». 14 Les sĂ©pultures des PhĂ©lypeaux donnent cette impression de dispersion. LâĂ©glise Saint-Germain-lâAuxerrois est le lieu de leur sĂ©pulture familiale Bombelles, M. de, 1982, tome 1, p. 89 et Hardy, Ă paraĂźtre, 23 novembre 1781. Le comte de Maurepas y est enterrĂ© le 23 novembre 1781, mais peu de ses parents y sont inhumĂ©s au XVIIIe siĂšcle. Le corps de Louis PhĂ©lyppeaux, duc de La VrilliĂšre, comte de Saint-Florentin, ministre dâEtat est transportĂ© [âŠ] Ă La VrilliĂšre, cy-devant ChĂąteauneuf, Ă cinq lieues dâOrlĂ©ans, pour y ĂȘtre inhumĂ© au mĂȘme lieu qui avoit servi de sĂ©pulture au feu marquis de La VrilliĂšre son pĂšre » ; la duchesse de Nivernois, sĆur du comte de Maurepas, est inhumĂ©e en lâĂ©glise de Saint-Sulpice sa paroisse » Hardy, Ă paraĂźtre, 27 fĂ©vrier 1777 et 13 mars 1782. 15 Il faut payer le clergĂ© de la paroisse de dĂ©part et du lieu de culte dâarrivĂ©e, ainsi que les frais de transport du corps. 16 Nadault de Buffon, H., 1863, p. 117-127 en 1788, le corps du comte de Buffon est prĂ©sentĂ© Ă Saint-MĂ©dard puis transportĂ© Ă Montbard. 17 Robin-Romero, I., 2007, p. 58. 18 Menetra, 1982, p. 38 et 226-227. 19 Hardy, 2008, p. 179-180, 303, 336, 452-453, 662, 707-708. 20 Hardy, 2008, p. 254, 357, 719-720 et 792. 21 Hardy, 2008, p. 543-544 et 795. 22 Il nây a pas jusquâĂ la bourgeoisie qui sâastreint au cĂ©rĂ©monial de la Cour, & qui emprunte un air dâimportance tout Ă fait risible. Argante a gagnĂ© un bien fort honnĂȘte, il vit dans une douce aisance, & serait vraiment heureux si sa vanitĂ© ne se trouvait de temps en temps mortifiĂ©e lorsquâil oublie la gradation des diffĂ©rents Ă©tats. Ă la mort de sa sĆur, il a fait prendre le deuil Ă ses chevaux. Quelques mauvaises plaisanteries lâont obligĂ© Ă ne plus se promener dans un carrosse drapĂ©. Argante sâest tenu prisonnier dans ses appartements, jusquâĂ ce que le temps du grand deuil a Ă©tĂ© expirĂ©. Il a reparu dans un Ă©quipage plus modeste » Tableau du siĂšcle, 1759, p. 145. Voir aussi les citations relevĂ©es par S. Beauvalet-Boutouyrie, 2001, p. 138. 23 Solnon, 1992, p. 147. 24 SĂ©vignĂ©, Madame de, 1862, p. 214 testament rĂ©digĂ© le 29 septembre 1711, dĂ©posĂ© le 26 mars 1713 chez le notaire Doyen. 25 AriĂšs, P., 1977, p. 79-80 ; Chaunu, P., 1978, p. 326. 26 Engammare, M., 2002. La laĂŻcisation des valeurs apparaĂźt aussi dans lâamĂ©nagement des siĂšges des temples. Grosse, C., Ă paraĂźtre. 27 AN, MC, XXXIX 247, 13 novembre 1706, testament de Marie Orceau veuve Louis RouillĂ©, contrĂŽleur gĂ©nĂ©ral des postes, demeurant paroisse Saint-Germain lâAuxerrois desire ladite dame ĂȘtre inhumĂ©e dans la chapelle de la Visitation de Sainte Marie quâelle a acquise dans lâĂ©glise de Saint-Germain lâAuxerrois pour la sepulture de sa famille prĂšs ledit defunt sieur son epoux et que la ceremonie sâen fasse avec le plus de modestie que faire se pourra » ; XVII 74, 27 fĂ©vrier 1739, testament de GeneviĂšve Savatier veuve François Saussoy, Ă©cuyer, commissaire provincial des guerres en Catalogne et Roussillon, demeurant paroisse Saint-Nicolas du Chardonnet ordonne lâinhumation de son corps dans lâĂ©glise de saint Nicolas du Chardonnet sous la tombe de dame Elisabeth Justinant sa grand-mĂšre [âŠ] oĂč les sieur et de pĂšre et mĂšre de lad testatrice sont inhumĂ©s » ; VI 747, 24 octobre 1761, testament dâAndrĂ© François de Paule LefĂšvre dâOrmesson, baron du Cheray, conseiller honoraire au parlement, paroisse Saint-Gervais je veux et ordonne ĂȘtre inhumĂ© dans la sĂ©pulture de mes ancĂȘtres ». 28 Rideau, G., 2010, p. 111. 29 Foisil, M., 1974. 30 AN, MC, XXXIX 82, 3 mai 1648, testament dâAdrien Devin, marchand drapier, ancien Ă©chevin, demeurant rue des Bourdonnais, paroisse Saint-Germain lâAuxerrois il veut ĂȘtre enterrĂ© dans le cimetiĂšre des Saints-Innocents oĂč sont inhumĂ©s ses pĂšre, mĂšre, aĂŻeux.... 31 AN, MC, CXV 316, 25 janvier 1703, testament dâAnne Françoise Duzelle Ă©pouse AndrĂ© MollĂ©, marchand pelletier ; CXII 661, 1e avril 1728, testament de Claude Mesnier, marchand mercier. En 1733, le marchand de musique François Boivin est enterrĂ©, conformĂ©ment Ă ses vĆux, au cimetiĂšre des Saints-Innocents Milliot, S., 1968, p. 110. VII 261, 30 dĂ©cembre 1739, testament de Nicolas Trelain, marchand mercier paroisse Saint-Eustache. 32 GaĂ«l Rideau a travaillĂ© Ă partir du mĂȘme type dâarchives. Rideau, G., 2009, p. 130 et 2010, p. 110-111. 33 Croq, L., 1998 et 2009. 34 Denisart, 1775, p. 476-477. Durand de Maillane, P. T., 1776, p. 178. Thibaut-Payen, J., 1977, p. 57-64. 35 Lebrun, F., 1971, p. 464-465. 36 Thibaut-Payen, J., 1977, p. 59, note 228. 37 MarcadĂ©, J., 2010, p. 36. 38 Thibaut-Payen, J., 1977, p. 64 sans nĂ©anmoins vouloir empĂȘcher la libĂ©ralitĂ© des riches ». 39 Baloche, C., 1911, p. 501 ; Baurit, M. & Hillairet, J., 1955, p. 24. 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Croq, 2009, p. 298-299. 52 Harding, V., 2002, p. 129. 53 BnF, Z-Thoisy 331, f. 191-213, RĂšglement gĂ©nĂ©ral pour les droits de la fabrique de lâĂ©glise paroissiale de Saint-SĂ©verin Ă Paris, & des officiers dâicelle, quĂȘtes & fonctions desdits officiers, 19 avril 1637. 54 Brochard, L., 1923, p. 77. 55 BnF, Lk7 7039, RĂšglements des droits et fonctions des officiers dĂ©pendants de la fabque de [âŠ] Saint-Eustache Ă Paris, faits le 1er octobre 1669âŠ, ch. XXXVIII. 56 Harding, V., 2002, p. 139. 57 Les offres forfaitaires associant obligatoirement plusieurs prestations qui ne sont pas toujours dĂ©taillĂ©es sont fortement critiquĂ©es par J. Carpentier de Marigny, 1673, p. 15. 58 AN, T 1068. 59 Lottin, A., 1984, p. 304. 60 Rideau, G., 2009, p. 129. 61 Salvadori, P., 1999, p. 144. 62 Chaunu, P., 1978, p. 356. 63 AN, MC, notaire Boursier, 8 juin 1707 ; XCIX 518, 23 novembre 1753 ; LXXV 727, 9 septembre 1773, traitĂ©s dâoffice. 64 Lebrun, F., 1971, p. 465. 65 Sur la survivance de ces pratiques dans la France du dĂ©but du xxe siĂšcle, voir A. Van Gennep, 1998, p. 639-641. 66 Code de lâHĂŽpital GĂ©nĂ©ral de Paris, 1786, p. 301-303 extrait des registres des dĂ©libĂ©rations du Bureau de lâHĂŽpital gĂ©nĂ©ral, 5 aoĂ»t 1784. 67 Pour les bourgeois AN, MC, CXII 625, 11 fĂ©vrier 1709, testament de Marie-ThĂ©rĂšse Renou Ă©pouse Jean LiegĂ©, maĂźtre boursier ; XI 405, 16 mai 1710, dĂ©pĂŽt du testament olographe de Catherine Marguerite Sanguiniere veuve Etienne Magneux, avocat au parlement, ancien Ă©chevin et intendant des affaires du duc de la Tremouille jâ ordonne Ă mes enfants sous peine dâencourir mon indignation » dâĂȘtre enterrĂ©e dans le cimetiĂšre de la paroisse sans aucune pompe ni tenture ; XLI 363, 27 juin 1717, testament de Marie Bournigal Ă©pouse RenĂ© Estienne, marchand mercier, paroisse Saint-Germain lâAuxerrois ; CXII 661, 15 janvier 1728, testament de Marie Barbe Tixerand veuve Nicolas Pierre Le Roy, marchand mercier ancien failli, le couple avait Ă©tĂ© sĂ©parĂ© de biens en 1697, paroisse Saint-Pierre des Arcis ; XXXVIII 242, 19 janvier 1728, dĂ©pĂŽt du testament olographe de Jean I Chapus, marchand maĂźtre tailleur dâhabits, paroisse Saint-Laurent ; XCIV 202, 29 fĂ©vrier 1732, testament de Jean-Baptiste Germain ancien marchand mercier et testament de Marie Porchez, son Ă©pouse, paroisse Saint-Nicolas des Champs ; XXIV 690, 18 octobre 1742, testament dâAntoine Guillot, marchand mercier, paroisse Saint-Germain lâAuxerrois. AN, MC, C 620, 25 fĂ©vrier 1755, testament de Louis Pierre Regnard, commissaire au ChĂątelet, paroisse Saint-SĂ©verin ; XCVIII 571, 27 juin 1766, testament de Pierre-Charles Deligny, ancien procureur au parlement, paroisse St Gervais ; LXXIII 1021, 18 juin 1781, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Pierre de Varenne, marchand mercier, Ă©chevin et juge consul jansĂ©niste, paroisse Saint-MĂ©dard, avec testament olographe du 20 juin 1777 insĂ©rĂ©. Pour les nobles la chanceliĂšre dâAguesseau veut ĂȘtre inhumĂ©e dans le cimetiĂšre dâAuteuil Marais, M., 1988, p. 88 -dĂ©cembre 1735, son Ă©poux demande, dans son testament rĂ©digĂ© le 30 septembre 1742, Ă ĂȘtre inhumĂ© prĂšs dâelle Storez-Brancourt, I., 1996, p. 43. La comtesse de Verrue veut ĂȘtre enterrĂ©e dans le cimetiĂšre de la paroisse Saint-Sulpice, oĂč le chevalier de Luynes, son frĂšre, a Ă©tĂ© inhumĂ©. Deschamps, P., 1864, p. 322 27 septembre 1736. Le prince de Bauffremont jansĂ©niste est inhumĂ© en 1769 dans le cimetiĂšre de Saint-Sulpice comme il lâavoit demandĂ© par son testament ». Hardy, 2008, p. 462-463. Le comte de Vergennes Ă©crit le 1e septembre 1784 Je veux que mon enterrement se fasse simplement et sans pompe, que mon corps soit dĂ©posĂ© dans le cimetiere de la paroisse sur laquelle je mourrai ; je permets seulement Ă mes hĂ©ritiers de placer sur la fosse dans laquelle je reposerai, une pierre, sur laquelle on pourra graver mes noms, mon Ăąge, et les diffĂ©rens emplois que jâaurai remplis, sans aucune sorte dâĂ©loge ». Mayer de, 1789, p. 193-194. 68 Nicolas Cadeau, prĂȘtre du diocĂšse de Paris, veut ĂȘtre enterrĂ© au plus tard Ă sept heures du matin dans le petit cimetiĂšre qui est au milieu du charnier de lâĂ©glise de Saint-Jean en GrĂšve sa paroisse le plus succinctement que faire se pourra sans aucun ministere de jurĂ© crieur ». AN, MC, LI 905, 12 juillet 1737, testament. 69 AN, MC, IX 630, 21 janvier 1728, testament de LĂ©onard I Chauvin, mercier, Ă©chevin, juge-consul. Voir aussi le refus de la tenture dans le testament du lieutenant gĂ©nĂ©ral de police La Reynie citĂ© dans J. Thibaut-Payen, 1977, p. 338. 70 Thibaut-Payen, J., 1977, p. 37. Autres exemples de refus des tentures sans rejet dâune autre consommation particuliĂšre. Extrait du testament de la veuve du marquis de Lyonne, brigadier des armĂ©es du roi, paroisse Saint-Sulpice, rĂ©digĂ© le 21 mai 1754. BriĂšle, L., 1886, p. 21. Testament du lieutenant gĂ©nĂ©ral de police La Reynie mort le 14 juin 1709, citĂ© par J. Thibaut-Payen, 1977, dâaprĂšs Jacques Saint-Germain, La Reynie et la police du grand siĂšcle dâaprĂšs de nombreux documents inĂ©dits, Paris, Hachette, 1962, p. 338. XI 405, 16 mai 1710, dĂ©pĂŽt du testament olographe de Catherine Marguerite Sanguiniere veuve Ătienne Magneux ; XXXVIII 242, 19 janvier 1728, dĂ©pĂŽt du testament olographe de Jean I Chapus ; XXIX 389, 27 mai 1728, dĂ©pĂŽt du testament de Catherine Orient veuve Jean Toupiolle, marchand mercier paroisse Saint-Leu Saint-Gilles ; IX 677, 22 octobre 1751, dĂ©pĂŽt du testament de Pierre Sorin, marchand Ă©picier, rĂ©digĂ© le 24 dĂ©cembre 1739 ; XCVIII 517, 5 avril 1742, dĂ©pĂŽt du testament de Marc HĂ©ron, marchand apothicaire ; C 676, 7 dĂ©cembre 1764, dĂ©pot du testament olographe de Claude Lenain, correcteur de la chambre des comptes, rĂ©digĂ© le 18 novembre 1760 ; XCVIII 571, 27 juin 1766, testament de Pierre-Charles Deligny ; IX-647, 17 aoĂ»t 1737, testament dâEspĂ©rance Imbault veuve Pierre Tribout, marchand de vin paroisse Saint-Jean en GrĂšve ; XXIV 690, 18 octobre 1742, testament dâAntoine Guillot. Deschamps, P., 1864, p. 322. Pillorget, S., 1978, p. 67 testament de Feydeau de Marville. 71 AN, MC, VI 747, 24 octobre 1761, testament dâAndrĂ© François de Paule LefĂšvre dâOrmesson baron du Cheray ; CXII 661, 1er avril 1728, testament de Claude Mesnier, marchand mercier, paroisse Saint-Pierre des Arcis ; CXII 704 b, 16 juin 1751, testament de Jeanne Le Boucher de Grumesnil veuve Paul Alexandre Petau chevalier seigneur de Mepuis, Vigneux et autres lieux, paroisse Saint-Paul. 72 Le testament de Mme de Beauvau ne veut point de tenture, ni mĂȘme de billets dâinvitation, exceptĂ© celui quâon envoya Ă lâHĂŽpital gĂ©nĂ©ral pour convoquer les pauvres Ă lâenterrement. [âŠ] Elle fut inhumĂ©e tout simplement dans le cimetiĂšre commun ». Thibaut-Payen, J., 1977, p. 37. 73 Madame de Barally, Ă©pouse dâun conseiller Ă la grandâchambre, demeurant paroisse Saint-Roch, prĂ©cise dans son testament Je veux que mon corps soit inhumĂ© avec la plus grande modestie de grand matin, sans tenture, ni sonnerie, sans aucun billets invitoires, et quâil nâassiste que six prĂȘtres Ă mon enterrement ». AN, MC, XCVIII 538, 14 mai 1757, testament de RenĂ©e Louise Lefevre de Givry de la Pommeraye Ă©pouse Denis Bernard François de Barally, conseiller Ă la grandâchambre. 74 AN, MC, LXXXVI, 657, testament olographe en date des 4 et 5 janvier 1752, dĂ©posĂ© le 13 juin 1753, Marie-Anne Breavoyne, ouvriĂšre en linges, veuve François Thouin, garçon mercier. 75 Crasset, J., 1684, p. 45. 76 Nouvelle histoire abrĂ©gĂ©e de Port-Royal, tome 4, Paris, 1786, p. 176. 77 Vie du bienheureux François de PĂąris diacre du diocese de Paris, Utrecht, 1743, p. 146. Sur le diacre PĂąris, voir N. Lyon-Caen, 2010. 78 Manneville, C. de , 1904, note 2, p. 202. 79 Les marguilliers de Saint-Paul prĂ©sentent ainsi lâenterrement dâun fidĂšle mort sans laisser de bien Sans Prieres ni luminaire / On le fait porter comme un chien / Dans quelque coin du Cimetiere / Et de plus sçachez quâen ce cas / Lâexactitude est si prĂ©cise, / Que mĂȘme nous ne souffrons pas / Que le corps passe par lâĂglise ». Carpentier de Marigny, J., 1673, p. 16. 80 En 1678, câest un procureur qui meurt impĂ©nitent et quâon enterre sans sonnerie de cloches, dâoĂč grave mĂ©contentement chez les gens de robe ». Vinot-PrĂ©fontaine, J., 1959, p. 82. 81 Lyon-Caen, N., 2010, p. 424. 82 Journal universel, septembre 1745, p. 549 Ă propos de lâinhumation de Bertrand Margoet, prĂȘtre et bĂ©nĂ©ficier de la cathĂ©drale de Lectoure. M. Puissant, prĂȘtre de Saint-Denis [en Bretagne], est inhumĂ© sans ClergĂ©, sans croix, sans luminaire, sans cĂ©rĂ©monie, sans prieres &c ». Suite des Nouvelles ecclĂ©siastiques, 16 avril 1740, p. 62. La levĂ©e du corps [de M. Dailenc, avocat rĂ©sidant Ă Bayonne] fut faite par un seul PrĂȘtre sans luminaire et sans sonnerie [âŠ] ». Suite des Nouvelles ecclĂ©siastiques, 2 juillet 1748, p. 120. M. Friocourt, curĂ© dâAlinctun diocĂšse de Boulogne-sur-Mer, est enterrĂ© en septembre 1754, conformĂ©ment aux exigences de lâĂ©vĂȘque, sine luce, sine cruce, sine prece â sans luminaire, sans croix & sans prieres », sans que le corps fĂ»t seulement dĂ©posĂ© dans lâĂ©glise, quoi quâil fallĂ»t y passer, pour le porter au Cimetiere ». Suite des Nouvelles ecclĂ©siastiques, 13 fĂ©vrier 1755, p. 25. 83 AprĂšs une descente des plus complettes de toute la justice, et les formalitĂ©s requises en pareil cas, il fut inhumĂ© le lendemain Ă six heures du matin assĂ©s pompeusement en lâĂ©glise de Saint-Gervais sa paroisse par un convoi de quarante prĂȘtres, on assura mĂȘme quâil y avoit eu de la tenture dans lâĂ©glise ». Hardy, 2008, p. 543-544 28 novembre 1769. 84 Hardy, 2008, p. 206-207 12 fĂ©vrier 1767 ; 2009, p. 665 18 novembre 1772. 85 Hardy, 2008, p. 549 5 dĂ©cembre 1769, inhumation du conseiller au Parlement Severt il nây eut que quatre procureurs qui assistĂšrent au convoi de ce magistrat qui sâĂ©toit toujours montrĂ© fort attachĂ© Ă la sociĂ©tĂ© des cy-devant soi-disans jĂ©suittes⊠». 86 Hardy, 2009, p. 665 18 novembre 1772, inhumation de Jacques Pierre de Sorhouet, ancien conseiller au Grand Conseil et conseiller au parlement Maupeou, en lâĂ©glise Saint-Gervais. 87 Lâenterrement [du marĂ©chal dâEstrĂ©es Ă la paroisse Saint-Sulpice] Ă©tait assez magnifique ; cependant, la tenture de lâĂ©glise auroit pu ĂȘtre plus belle. » Luynes de, 1860, tome 1, p. 435 dĂ©cembre 1737. 88 AN, MC, XXXIX 139, 1e fĂ©vrier 1678, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Catherine Lenormand Ă©pouse Barroy ; XXXIX 220, 31 aoĂ»t 1700, compte dâexĂ©cution testamentaire de Marie Mariette Ă©pouse Barroy. 89 Villain, J., 1994, p. 331. PĂ©nicaut, E., 2004, p. 400. Cuvillier, J., 2005, p. 444-446. 90 Nicolas, J., 2003, p. 308. 91 AN, MC, CXII 625, 10 juin 1709, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Claude Chapron, maĂźtre doreur sur mĂ©taux. 92 Rideau, G., 2009, p. 123. 93 Roche, D., 1981. 94 Lyon-Caen, N., 2010. 95 AN, MC, X 728. 96 AN, MC, LXIV 457, 31 mars 1780, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Pierre Antoine Rueff, bourgeois de Paris », ancien maĂźtre tailleur dâhabits. 97 Garden, M., 2008, p. 110. 98 AN, Y 13119, octobre 1767, scellĂ©s aprĂšs le dĂ©cĂšs dâEdmond-Jean Georget, marchand Ă©picier oĂč est citĂ©e une lettre du notaire Fournel Ă©voquant le testament du dĂ©funt du 19 mars 1767. 99 AN, CVII 304, 16 septembre 1708, testament de Marie Chauvin veuve Pierre Presty, marchand mercier, Ă©chevin et juge consul. 100 AN, MC, XLI 454, 26 juillet 1736, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs dâEtienne Laurent, marchand mercier, Ă©chevin. 101 AN, MC, XCVIII 532, 6 dĂ©cembre 1755, compte dâexĂ©cution testamentaire de Claude-RenĂ© Lelong ; LXXIII 1040, 10 fĂ©vrier 1783, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Marie-LĂ©on Daguin de Launac Ă©pouse ClĂ©ment de Sainte-Pallaye. 102 Hardy, 2009, p. 513 il nâest composĂ© que de » cinquante pauvres, environ cinquante valets de pied, et de plusieurs carrosses occupĂ©s tant par des personnes de la famille, que par les diffĂ©rents membres du Corps de Ville ». 103 Croq, L., Paris, 2010. 104 Cabantous, A., 2009, p. 124-125. 105 Le mĂȘme jour dans la matinĂ©e est inhumĂ© en lâĂ©glise de Saint-Sulpice sa paroisse par un convoi qui ne coute que 60 lt conformĂ©ment Ă ses intentions expresses, haute et puissante Dame Marie Paule AngĂ©lique dâAlbert de Chevreuse, duchesse de Chaulnes, Dame du Palais de la Reine, Ă©pouse de haut et puissant seigneur Messire Marie Joseph Louis dâAlbert dâAilly, duc de Chaulnes, pair de France [âŠ]. Cette jeune Dame extrĂȘmement pieuse avoit fait un testament dont tout le monde parloit et par lequel elle donnoit soit Ă ses domestiques, soit aux pauvres gĂ©nĂ©ralement tout ce dont elle avoit pu disposer ». Hardy, Ă paraĂźtre 21 novembre 1781. 106 AriĂšs, P., 1977, p. 476-479. 107 AN, MC, LXXXV 527, 18 mars 1751, notoriĂ©tĂ© le 6 mars 1724, Marie-Anne Accart Ă©pouse François ClĂ©ment, marchand mercier, 50 ans, est enterrĂ©e au cimetiĂšre de Saint-Nicolas-des-Champs ; XXXIX 468, 4 septembre 1761, notoriĂ©tĂ© le 28 janvier 1744, François Jacquemard, marchand faĂŻencier, 69 ans, est inhumĂ© au cimetiĂšre de Saint-Laurent ; XXIV 726, 17 avril 1751, notoriĂ©tĂ© le 20 mars 1750, Marie Pilon veuve Nicolas Prevost, marchand mercier, 77 ans, est inhumĂ©e au cimetiĂšre de Saint-Roch ; XXVIII 303, 26 aoĂ»t 1761, notoriĂ©tĂ© le 18 mai 1756, Jean Robert Turbert, marchand mercier paroisse Saint-Merry, 44 ans, est inhumĂ© au cimetiĂšre des Saints-Innocents ; XLVIII 114, 21 juillet 1761, notoriĂ©tĂ© le 7 novembre 1757, Marie Ălisabeth Decamp, fille majeure de Maximilien Decamp, marchand mercier, 38 ans, est inhumĂ©e dans le cimetiĂšre de Saint-Etienne du Mont ; VII 333, 2 mai 1761, notoriĂ©tĂ© le 20 avril 1761, Jean Aubert marchand mercier, paroisse Saint-Merry, 60 ans, est inhumĂ© au cimetiĂšre des Saints-Innocents ; XX 653, 28 mars 1765, notoriĂ©tĂ© le 1e mars 1765, Jacques Le Gry, marchand grainier, ancien de sa communautĂ©, 69 ans, est inhumĂ© au cimetiĂšre de Saint-Eustache ; XLI 625, 26 septembre 1772, notoriĂ©tĂ© le 3 mars 1772, Michel François Michel, marchand mercier, 71 ans, est inhumĂ© au cimetiĂšre de Saint-Nicolas des Champs. NB Aucun exemple ne concerne la paroisse Saint-Sulpice, car les extraits mortuaires prĂ©cisent rarement les lieux dâinhumation. 108 AN, MC, XXXIX 407, 8 fĂ©vrier 1751, partage de la succession dâAntoine Broal, bourgeois de Paris le 2 novembre 1724, ThĂ©rĂšse Elisabeth, fille dâun marchand mercier, 15 jours, dĂ©cĂ©dĂ©e chez sa nourrice, a Ă©tĂ© inhumĂ©e au cimetiĂšre de Saint-Nicolas des Champs ; LXIV 338, 6 mai 1750, notoriĂ©tĂ© le 15 mai 1737, Françoise ClermontĂ©, fille dâun marchand fripier, 5 mois, a Ă©tĂ© inhumĂ©e au cimetiĂšre des Saints-Innocents ; IX 668, 9 janvier 1748, notoriĂ©tĂ© le 19 juillet 1745, GeneviĂšve Madeleine ThĂ©rĂšse Marlot, fille dâun marchand bourgeois de Paris, 8 ans et 9 mois, a Ă©tĂ© inhumĂ©e au cimetiĂšre de Saint Nicolas des Champs ; LX 303, 5 octobre 1751, notoriĂ©tĂ© le 15 juillet 1746, AngĂ©lique Catherine Riquet, 2 ans et 2 mois, fille dâun marchand bonnetier, a Ă©tĂ© inhumĂ©e dans le cimetiĂšre de la paroisse Saint-Nicolas des Champs ; LXI 515, 1 juin 1767, notoriĂ©tĂ© le 18 juillet 1748, Madeleine Josse, fille dâun marchand mercier, 24 ans, a Ă©tĂ© inhumĂ©e au cimetiĂšre de Saint-Eustache ; XLI 620, 6 mai 1771, notoriĂ©tĂ© le 5 juillet 1764, Marc Antoine Mignonneau, fils dâun marchand mercier, 15 ans, a Ă©tĂ© inhumĂ© au cimetiĂšre des Saints-Innocents. 109 AN, MC, CXII 724, 30 mai 1761, notoriĂ©tĂ© le 19 novembre 1760, Marie ThĂ©rĂšse Jacquesson veuve Marcelin Joseph Brion, marchand mercier failli puis employĂ© dans les fermes du roi, 51 ans, est inhumĂ©e dans le cimetiĂšre de Saint-Gervais. 110 Hardy, 2009, p. 111. 111 AN, MC, XXXVIII 243, 3 juin 1728, partage de la succession de Jean I Chapus. 112 AN, MC, CXII 724, 13 janvier 1761, compte dâexĂ©cution testamentaire de Guillaume Charles Baudin, ancien notaire. 113 Lyon-Caen, N., 2010, p. 268. 114 AN, MC, X 728, 5 mai 1783, dĂ©pĂŽt du testament olographe dâAnne Milleret, ci devant marchande de salines, veuve François Maroy, marchand mercier, rĂ©digĂ© le 27 mars 1780. Id, 8 mai 1783, inventaire aprĂšs son dĂ©cĂšs. 115 AN, MC, X 576, 20 juin 1764, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Jacques Reveillon, bourgeois de Paris. 116 Darnton, R., 1986, p. 214. 117 Marcel, L., p. 221 dâaprĂšs les MĂ©moires de Bachaumont et la Correspondance de Grimm. 118 Marraud, M., 2009, chapitre 11. 119 AN, MC, LXXXVII 1010, 6 novembre 1751, dĂ©pĂŽt de lâextrait mortuaire de Jean-Baptiste Le Tourneur, conseiller au parlement, intendant du commerce. 120 Pourtant lâavocat Marais doutait que les vĆux de la dĂ©funte fussent respectĂ©s. âŠMme la chanceliĂšre, [âŠ] a demandĂ© Ă ĂȘtre enterrĂ©e au cimetiĂšre dâAuteuil, ce que je ne crois pas quâon fasse ». Marais, M., 1988, p. 88. 121 AN, MC, CXV 874, 20 septembre 1773, dĂ©pĂŽt de lâextrait mortuaire. 122 Lyon-Caen, N., 2010, p. 64, 210, 361 et 407. 123 Hardy, Ă paraĂźtre 21 novembre 1781. 124 Hardy, 2009, p. 600. 125 Hardy, Ă paraĂźtre. 126 Mayer de, M., 1789, p. 181. 127 Pillorget, S., 1978, p. 67. Hardy, Ă paraĂźtre 4 janvier 1787. 128 Carpentier de Marigny, J., 1673. 129 SĂ©vignĂ©, Madame de, 1862, note 4, p. 214. 130 BnF, 4-Z Le Senne 1023, 6 B microfilm 9141, MĂ©moire Ă Monseigneur procureur gĂ©nĂ©ral, sur les exactions quâon fait Ă Saint Germain lâAuxerrois dans les convois, et sur les abus qui sây commettent ». 131 Sur le crĂ©dit Ă Paris G. Postel-Vinay & Rosenthal, 2001 ; Coquery, N., 2011. 132 Mercier, 1994, tome 1, Les convois, ch. 255, p. 647. 133 Point de testament sans une fondation de messes [âŠ] et les prĂȘtres auraient refusĂ© la sĂ©pultureâ. Au vrai se mĂȘle le faux, le lĂ©gendaire noir. Pas de testament sans messe, pratiquement oui, mais sans fondation, non. Les fondations Ă Paris, au xviie siĂšcle sic, nous lâavons prouvĂ©, sont tout Ă fait exceptionnelles. Quant au refus de sĂ©pulture pour ce seul motif, câest pure affabulation. Mercier est aussi tĂ©moin du bobard qui court » Chaunu, P., Foisil, M. & Noirfontaine, F. de, 1998, p. 479. 134 Chaunu, P., 1978, p. 353-354. 135 Gros, G., 1993. PrĂ©aud, M., 2002. Lebrun, F., 1971, p. 478-479. 136 Messieurs & dames sây trouveront, sâil leur plaĂźt. » AN, MC, XXX 221, chemise de juillet 1719, faire-part de Monsieur David Libraire, ancien adjoint de sa communautĂ©, ancien marguillier de sa paroisse, un des 40 porteurs de la chĂąsse de Sainte GeneviĂšve, qui sera inhumĂ© le 22 fĂ©vrier 1719 Ă Saint-AndrĂ© des Arts. 137 Makarova, A., 2006, p. 115. 138 En 1697, Claude Le Peletier prĂ©cise il veut que sur son billet dâenterrement on puisse lire Doyen des conseils du Roy ». Mazel, G., 2003, p. 130. 139 Registre des dĂ©libĂ©rations et ordonnances des marchands merciers de Paris, 1878, p. 220-224 critique de la qualitĂ© de grand garde des marchands » figurant sur le billet de M. Beguin, grand garde de la mercerie. 140 Sur le billet de Jean Antoine de Mesmes, premier prĂ©sident du Parlement de Paris, en aoĂ»t 1723 Marais, M., 2004, t. 2, p. 692. Sur le billet du marĂ©chal dâEstrĂ©es, dĂ©cembre 1737 Albert de Luynes dâ, tome 1, 1860, p. 435. Sur le billet dâĂlisabeth Bontemps Ă©pouse Nicolas Beaujon, receveur gĂ©nĂ©ral des finances, en 1769 Pidansat de Mairobert, 1780, p. 155. Sur le billet du duc de la Vauguyon, inhumĂ© le 4 fĂ©vrier 1772 Hardy, 2009, p. 484 ; Grimm, F. M., 1812, p. 199-202 fĂ©vrier 1772 ; Deffand du, Mme, 1859, p. 15 lettre Ă la duchesse de Choiseul, 11 fĂ©vrier 1772. 141 En 1714, lâĂ©pouse dâun marchand de vin de la paroisse Saint-Paul est enterrĂ©e moyennant 51 lt 10 sols ; son convoi avait Ă©tĂ© annoncĂ© par cinquante billets. Bourgeon, 1984, p. 99. 142 Cent cinquante grands billets de faire-part ont Ă©tĂ© imprimĂ©s et envoyĂ©s aux grands de ce monde » pour les obsĂšques de Claude Le Peletier. Mazel, G., 2003, p. 130. 143 Bourgeois de Boynes, 2008, p. 238. 144 Les hĂ©ritiers de M. Goislard, pour Ă©viter les contestations quâauroit occasionnĂ© Ă Paris son titre de Conseiller au Parlement quâon vouloit lui conserver, soit dans son Extrait Mortuaire, soit dans les billets dâenterrement, lâont fait transportĂ© Ă sa terre dâAndonville, oĂč il a Ă©tĂ© inhumĂ© ils ont fait courir des billets Ă la main, & nâen ont envoyĂ© quâĂ lâancienne magistrature. [âŠ] ». Journal historique de la rĂ©volution, 1774, t. 3, p. 179 30 juin 1772. 145 Hardy, Ă paraĂźtre 21 fĂ©vrier 1775 » on apprend aussi que messire de Beze de Lys, conseiller en la GrandâChambre du Parlement, du nombre de ceux qui, par dĂ©couragement et pour recouvrer [plus tĂŽt] leur libertĂ© aprĂšs la funeste rĂ©volution de 1771, avoient liquidĂ© leur office et reçu leur remboursement, lequel nâavoit pu reparoĂźtre au palais depuis le 12 novembre 1774, jour du rĂ©tablissement du Parlement, Ă cause de son Ă©tat dâinfirmitĂ©, [âŠ] venoit de mourir rue Beautreillis, sur la paroisse Saint-Paul, aprĂšs avoir fait un testament par lequel, entre autres dispositions, il demandoit quâon ne fĂźt point imprimer de billets dâinvitation pour son convoi, peut-ĂȘtre afin quâon ne se trouvĂąt point dans le cas dâen envoyer Ă ses anciens confrĂšres qui, peu satisfaits de sa conduite, auroient pu se dispenser dây satisfaire. ». 146 Sur la recherche par les Ă©lites de lâentre-soi lors des mariages dĂšs le xviie siĂšcle, voir D. Turrel, 2009. 147 Pellegrin, N. & Winn, C. H., 2003. 148 Par exemple, H. Medick, 1995, p. 761. Taylor, L., 1983, p. 119 dans les Pays-Bas, en 1754 lâimpĂ©ratrice Marie ThĂ©rĂšse ordonne la stricte application de lâĂ©dit de 1616 sur les rĂšgles du deuil somptuaire. 149 Kriedte, P., 1995, p. 750 aprĂšs la mort de Friedrich von der Leyen, le 23 novembre 1778, ses employĂ©s de comptoirs et lâensemble de ses domestiques revĂȘtirent des habits de deuil, ce qui allait Ă lâencontre de la rĂ©glementation de 1734 sur les deuils ». 150 Beauvalet-Boutouyrie, S., 2001, p. 218. 151 Taylor, L., 1983, p. 119. 152 Pellegrin, N., 1989, p. 70-72. 153 AN, MC, XCVIII 532, 6 dĂ©cembre 1755, compte dâexĂ©cution testamentaire de Claude-RenĂ© Lelong, maĂźtre ordinaire en la chambre des comptes testament rĂ©digĂ© le 20 juillet 1747. 154 Hardy, 2008, p. 353-354 octobre 1768. 155 AN, MC, LIII 226, 22 mai 1724, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Louise Desgodets veuve Nicolas Guillaume Daustel et Ă©pouse Thomas Joachim Hebert, marchands merciers. 156 AN, MC, LXVII 594, 14 aoĂ»t 1755, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Marie-Madeleine Bingant Ă©pouse Thomas François Ruel, marchand mercier. 157 AN, MC, CXV 593, 22 octobre 1751, liquidation de la succession dâHenri Lehuart, marchand mercier. 158 AN, MC, XLVI 426, 13 juin 1769, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Jean-Henri-Thomas Marianchau, bourgeois de Paris. 159 AN, MC, XXXIX 176, 14 novembre 1691, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Marie Versoris, Ă©pouse Charles Versoris, Ă©cuyer ancien maĂźtre ordinaire de la chambre des comptes. 160 AN, MC, X 350, 14 octobre 1720, testament de Gabriel Dezegre, bourgeois de Paris. 161 Denisart, 1787, p. 649. 162 Duma, J., 1995, p. 416. 163 AN, MC, XXIV 768, 24 janvier 1760, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Louis Sauvage de LâIsle bourgeois de Paris », ancien valet de chambre dâun duc et ancien secrĂ©taire dâun Ă©vĂȘque. 164 AN, MC, LVIII 485, 21 novembre 1777, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Jacques Arnaud, bourgeois de Paris. 165 AN, MC, L 588, 24 fĂ©vrier 1773, inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Philibert Fattoud, marchand mercier Ă©toffes 193 lt 10 sols ; bas 22 lt ; une robe 26 lt ; Ă©toffe 4 lt et 66 lt ; drap 322 lt 3 sols ; battiste 77 lt 8 sols 4 deniers ; au tailleur 60 lt ; diverses ouvriĂšres pour fourniture et façon 80 lt ; mousseline 19 lt 5 sols et 17 lt 9 sols 3 deniers. 166 Dousset-Seiden, C., 2009, p. 50. 167 PĂ©nicaut, E., 2004, p. 400. 168 AN, MC, XXIV 690, 15 novembre 1742, partage compte et liquidation de la succession de François Delorme, marchand bourgeois de Paris » Ă lâĂ©gard du deuil quâil conviendrait fournir Ă lad veuve Delorme il nâen est fait aucun prĂ©lĂšvement attendu la remise quâelle en fait Ă ses enfants par bienveillance pour eux dans lâesprit de diminuer dâautant leurs charges » ; XXX 353, 13 mai 1759, partage de la succession de Charles Guy, marchand fabriquant dâĂ©toffes de soie le deuil a Ă©tĂ© payĂ© par la communautĂ©, la veuve fait remise de la moitiĂ© quâelle a payĂ©e ; VII 330, 22 fevrier 1761, liquidation de la succession de RenĂ© Bailleul, marchand mercier quant au deuil qui est dĂ» Ă lad Bailleul par la succession de son mari, elle en dĂ©charge lad succession eu Ă©gard Ă lâĂ©tat oĂč cette succession se trouve et encore au moyen des dĂ©penses faites pour portion dud deuil des deniers de lad succession ». 169 Brillon, 1727, tome 2, p. 609. 170 Le Boindre, J., 1997, p. 388 dâaprĂšs AN, Y 14614B, 28 aoĂ»t 1696, 3e chapitre de dĂ©penses. 171 Augeard, M., 1713, tome 2, XCVIII, p. 684. 172 Bourjon, F., 1770, tome 1, p. 633. 173 Houard, D., 1780, tome 1, article Deuil », p. 488. 174 Brillon, 1727, tome 2, p. 608-609. 175 AN, Y 11051A, 19 janvier 1736, liquidation de reprises et conventions matrimoniales de madame la prĂ©sidente dâEaubonne. 176 Nouveau stile du ChĂątelet de Paris, 1746, p. 84. 177 FerriĂšre de, 1754, tome 1, p. 480. 178 Denisart, 1787, p. 362. 179 Denisart, 1787, p. 362. 180 Daumard, A. et Furet, F., 1961. 181 Brillon, 1727, tome 2, p. 608-609. 182 Menjot dâElbenne, S., 1923, p. 128. 183 AN, MC, XIX 746, 6 fĂ©vrier 1754, liquidation et partage de la succession Louis Roberge de Boismorel, payeur des rentes de lâHĂŽtel de Ville notes prises par Daniel Roche. 184 PĂ©nicaut, E., 2004, p. 400. 185 Cuvillier, J., 2005, p. 89-90. 186 VergĂ©-Franceschi, M., 1990, p. 2281. 187 Denisart, 1787, p. 362. 188 AN, MC, CXII 568, 22 septembre 1756, compte et arrĂȘtĂ© de la succession du duc de ChĂątillon. 189 Lagrave de, 1999, p. XIV et 13. 190 Roche, D., 1989 tableau 7. 191 Croq, L., 2010. 192 Croq, L., 2009, p. de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Laurence Croq, Le dernier hommage. La comptabilitĂ© des frais funĂ©raires et du deuil dans la sociĂ©tĂ© parisienne aux xviie et xviiie siĂšcles », Histoire & mesure, XXVII-1 2012, 161-214. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Laurence Croq, Le dernier hommage. La comptabilitĂ© des frais funĂ©raires et du deuil dans la sociĂ©tĂ© parisienne aux xviie et xviiie siĂšcles », Histoire & mesure [En ligne], XXVII-1 2012, mis en ligne le 15 fĂ©vrier 2013, consultĂ© le 18 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page
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Fils de Louis XIII, il naquit le 16 septembre 1638, aprĂšs vingt-trois annĂ©es dâun mariage stĂ©rile. Cette circonstance lui fit donner le surnom de DieudonnĂ©, quâon oublia pendant la guerre civile de la Fronde et quâil fit oublier encore plus quand il rechercha et obtint le nom de Grand. Il nâavait que cinq ans lorsque la mort de Louis XIII lâappela sur le trĂŽne, en 1643. Les troubles de la minoritĂ© sont liĂ©s Ă Anne dâAutriche, la duchesse de Longueville, Mazarin, le cardinal de Retz, Turenne, etc. Nous ne parlerons ici de ces troubles que pour observer leur influence sur le caractĂšre dâun roi qui, par lâaction de sa volontĂ©, sut prendre tant dâempire sur les Ă©vĂ©nements du siĂšcle le plus illustre et se montra comme le bon sens qui commande au gĂ©nie. On a beaucoup dit que son Ă©ducation fut nĂ©gligĂ©e Ă dessein et quâil manqua des Ă©lĂ©ments de lâinstruction la plus commune. Cette opinion mĂ©rite dâĂȘtre examinĂ©e. On lui avait donnĂ© pour prĂ©cepteur lâun des hommes les plus distinguĂ©s de ce temps, PĂ©rĂ©fixe, Ă©vĂȘque de Rodez ce prĂ©lat Ă©crivit pour son royal Ă©lĂšve cette Vie de Henri IV qui, par lâintĂ©rĂȘt merveilleux du sujet, la candeur et la facilitĂ© de la narration et le parfum de vertu qui sây fait sentir, est regardĂ©e comme un des chefs-dâĆuvre de la biographie moderne. Il nâest point Ă prĂ©sumer que ce digne prĂ©lat pĂ»t ĂȘtre infidĂšle Ă ses devoirs dâinstituteur ; et nâĂ©tait-ce pas en remplir les devoirs que de rendre familiers Ă son Ă©lĂšve les exemples du meilleur et du plus grand des rois de sa dynastie ? Le jeune Louis, douĂ© dâun tempĂ©rament actif et vigoureux, de toutes les grĂąces et de tous les dons extĂ©rieurs, rĂ©ussissant Ă merveille dans lâĂ©quitation, dans les armes, aux jeux du mail et de la paume, se montra moins appliquĂ© aux Ă©tudes sĂ©rieuses. Il apprit cependant le latin et il parlait avec facilitĂ© lâitalien et lâespagnol. Les sociĂ©tĂ©s polies, les cercles brillants oĂč la reine sa mĂšre introduisit les agrĂ©ments et la galanterie du fameux hĂŽtel de Rambouillet, avec moins dâinstruction et de pĂ©danterie, durent lâhabituer de bonne heure Ă un tact dĂ©licat et Ă ce sentiment des convenances que depuis il unit si bien Ă lâart de rĂ©gner. SĂ©rieux, timide, docile et bienveillant, il apprit Ă Ă©couter, sans dĂ©daigner de plaire ; et la conversation devint pour lui un utile supplĂ©ment Ă des Ă©tudes fort imparfaites. La guerre de la Fronde, qui contraria ses Ă©tudes, servit beaucoup Ă son caractĂšre. DĂšs son adolescence, il ne vit autour de lui que les pĂ©rils du trĂŽne. Combien de fois nâentendit-il pas la reine sa mĂšre dĂ©plorer les intrigues des courtisans quâelle avait comblĂ©s de ses dons, des favorites auxquelles elle avait confiĂ© ses pensĂ©es les plus intimes ! Quelle source continuelle dâĂ©tonnement et dâinstruction pour cette jeune Ăąme quâune guerre civile conduite par les dĂ©positaires des lois, que des sĂ©ditions et de nouvelles barricades commandĂ©es par un prĂ©lat ! Combien de fois ne fut-il pas troublĂ© dans ses exercices, dans ses jeux, par des pĂ©rils imminents, par des fuites prĂ©cipitĂ©es ! Que de mauvais gĂźtes ! que dâasiles peu sĂ»rs ! Le sort de ses jeunes annĂ©es semblait le mĂȘme que celui de lâenfance de Charles IX. On ne parlait que de lâarracher Ă la reine sa mĂšre. LâĂ©vĂ©nement dâun combat pouvait le rendre prisonnier de courtisans rebelles qui lui auraient dictĂ© des ordonnances pour proscrire sa mĂšre. Il avait prĂšs de dix ans quand la guerre de la Fronde commença ; il en jugeait les divers Ă©vĂ©nements avec une sagacitĂ© dâesprit assez remarquable. Lorsque, au commencement des troubles parlementaires, la cour reçut la nouvelle de la victoire de Lens remportĂ©e par le grand CondĂ© sur lâarmĂ©e espagnole VoilĂ , sâĂ©cria le jeune roi, une victoire qui va bien chagriner MM. du parlement de Paris. » Cependant la France pouvait citer, mĂȘme alors, quelques succĂšs extĂ©rieurs. Comme pour donner le prĂ©sage dâun rĂšgne ornĂ© et surchargĂ© de gloire militaire, cinq jours aprĂšs lâavĂšnement de Louis XIV au trĂŽne, le grand CondĂ©, alors duc dâEnghien, remportait Ă vingt-deux ans la victoire de Rocroy, la plus glorieuse des journĂ©es qui eussent signalĂ© les armes françaises depuis les batailles de Bovines et de Marignan. Les victoires de Fribourg, de Nordlingen et de Lens, dues au mĂȘme hĂ©ros, le prĂ©sentaient comme lâhĂ©ritier du gĂ©nie, de la fortune et de la valeur de Gustave-Adolphe. Sâil avait un rival, câĂ©tait dans les rangs de lâarmĂ©e française quâil fallait le chercher. Le vicomte de Turenne, avec des succĂšs moins brillants et moins constants, perfectionnait encore plus la tactique militaire et donnait Ă la France le plus sĂ»r boulevard des empires, une excellente infanterie. La fortune voulut que ces deux hĂ©ros, qui avaient Ă©pouvantĂ© et accablĂ© les deux branches de la maison dâAutriche par des succĂšs noblement combinĂ©s, fussent opposĂ©s lâun Ă lâautre sans inimitiĂ© dans la guerre civile et changeassent de rĂŽle et de parti, comme afin de pouvoir mesurer encore leurs talents militaires. La guerre de la Fronde fut tristement illustrĂ©e par la rivalitĂ© de ces deux grands capitaines, et nâeut pour ainsi dire dâautre rĂ©sultat que dâentretenir dans la nation un esprit guerrier, dĂ©jĂ trop enflammĂ© par les succĂšs prĂ©cĂ©dents de ces mĂȘmes hĂ©ros. Au milieu de ces troubles, Mazarin eut la gloire de fonder le droit public de lâEurope, par le traitĂ© de Munster et par la paix de Westphalie, sur les bases les plus nobles que la politique pĂ»t se proposer ; car le seul but de ces deux traitĂ©s semblait ĂȘtre de protĂ©ger les petits Ătats contre lâambition des grandes monarchies. Les coups que le cardinal de Richelieu, que le hĂ©ros suĂ©dois, que les protestants dâAllemagne, que Turenne, CondĂ© et le cardinal Mazarin lui-mĂȘme avaient portĂ©s Ă lâambition et Ă la puissance de la maison dâAutriche, avertissaient tout autre souverain quâil nâĂ©tait plus temps de songer Ă la monarchie universelle. Mais la France sâĂ©levait et la possession de lâAlsace, que lâheureux Mazarin lui avait assurĂ©e, ne semblait ĂȘtre que le premier essai de ses forces nouvelles. Tandis que lâempereur dâAllemagne se fĂ©licitait dâĂ©chapper par divers sacrifices et dâhumiliantes concessions Ă une vaste ruine, la branche autrichienne dâEspagne, plus fiĂšre, moins abattue, refusait dâentrer dans le traitĂ© de Westphalie, continuait la guerre et nous opposait ce mĂȘme prince de CondĂ© qui, dans quatre victoires, avait si cruellement chĂątiĂ© son orgueil. Mazarin jouissait alors dâune puissance absolue. La guerre civile cessa quand le parlement ouvrit les yeux sur le crime dâavoir appelĂ© les Espagnols Ă son secours contre le roi, quand il sut apprĂ©cier le repentir lucratif des courtisans ; enfin, lorsque CondĂ©, bien peu digne alors du surnom de Grand, commanda ou laissa exĂ©cuter lâincendie de lâhĂŽtel de ville et le meurtre de quelques Ă©chevins signalĂ©s par leur esprit de modĂ©ration. Les bourgeois de Paris, qui sâĂ©taient habituĂ©s Ă de funestes combats, eurent assez dâhonneur et de bon sens pour sâindigner et sâĂ©pouvanter des excĂšs de la multitude. Dans lâĂ©tourdissement gĂ©nĂ©ral et la lassitude commune, personne ne sâavisa de songer Ă des stipulations pour la libertĂ© publique. Le cardinal nâeut quâĂ faire semblant de subir un nouvel exil pour dĂ©sarmer les Parisiens ; et bientĂŽt ils le virent rentrer au Louvre sans Ă©tonnement comme sans terreur. La Fronde finit par rire dâelle-mĂȘme et de ses hĂ©ros. Mazarin ne se vengea quâen mettant tout doucement la France au pillage, non au profit du roi, mais au sien il parut ne regretter que dâavoir Ă©tĂ© jusque-lĂ trop dĂ©sintĂ©ressĂ©. La reine Anne trembla devant le favori quâelle avait protĂ©gĂ© avec une constance si opiniĂątre et si pĂ©rilleuse. Mazarin sut habilement se servir des vertus naissantes et de lâesprit judicieux du jeune roi pour contenir son ardeur de gouverner. Louis XIV, attribuant au gĂ©nie de son ministre lâheureux dĂ©nouement de la guerre civile, crut que lâautoritĂ© absolue dont il devait recueillir lâhĂ©ritage avait Ă©tĂ© transmise par Richelieu Ă Mazarin. Il considĂ©ra celui-ci comme un pĂšre, Ă lâautoritĂ© duquel il ne pouvait succĂ©der quâaprĂšs sa mort, et se prĂ©para par des Ă©tudes secrĂštes aux grands devoirs qui lui seraient alors imposĂ©s. Mazarin voulut, Ă lâexemple de Richelieu, essayer de la gloire militaire. Il se rendit aux armĂ©es et sây fit suivre par le monarque mais câĂ©taient encore Turenne et CondĂ© que lâon voyait en prĂ©sence ; et lâEurope sâaperçut Ă peine du voyage militaire du cardinal et du roi. Entre les deux illustres rivaux, la fortune semblait toujours sâattacher Ă celui qui soutenait la cause du devoir et de la patrie. CondĂ©, gĂ©nĂ©ral de lâarmĂ©e espagnole, mais subordonnĂ© aux ordres dâun archiduc, fut rĂ©duit Ă la gloire de sauver quelquefois une armĂ©e quâil ne pouvait rendre victorieuse. Il vit les lignes de son camp forcĂ©es par Turenne devant Arras, les Espagnols battus une seconde fois devant les Dunes 1654 ; et cependant il parvint un peu Ă balancer les avantages de la campagne. Le parlement de Paris, dans cet intervalle, avait manifestĂ© le dĂ©sir de se relever de lâhumiliation oĂč il Ă©tait tombĂ©. Il refusait lâenregistrement de quelques Ă©dits bursaux. Louis, ĂągĂ© de dix-sept ans, se chargea dâaller intimider des magistrats qui lâavaient si souvent rĂ©duit Ă la fuite. Il nâeut point recours Ă lâappareil des lits de justice. Soit quâil suivĂźt les instructions du cardinal, soit quâil se livrĂąt Ă lâemportement dâun jeune prince enivrĂ© de son pouvoir, il se rendit au parlement prĂ©cĂ©dĂ© de plusieurs compagnies de ses gardes, en Ă©quipage de chasse, un fouet Ă la main, et commanda lâenregistrement avec des paroles hautaines et menaçantes. Le parlement obĂ©it et dĂ©vora en silence cet affront. Louis sut depuis sâabstenir de ces bravades despotiques. Du reste, il se montrait ou paraissait encore entiĂšrement livrĂ© aux goĂ»ts de son Ăąge. Les filles dâhonneur de la reine mĂšre Ă©taient les objets de ses intrigues galantes. La duchesse de Navailles, chargĂ©e de veiller sur leur conduite, fit murer une porte par laquelle le roi avait Ă©tĂ© quelquefois furtivement introduit. Le respect filial le fit renoncer Ă des entreprises que la reine condamnait avec sĂ©vĂ©ritĂ©. Mais bientĂŽt un amour plus sĂ©rieux, et qui menaçait de plus prĂšs la dignitĂ© du trĂŽne, alarma cette reine fiĂšre et prudente. Marie Mancini, la seule des niĂšces du cardinal qui fĂ»t dĂ©pourvue dâattraits, toucha le cĆur de Louis par une conversation vive, spirituelle, et par toute lâexaltation dâun esprit romanesque. Dans de frĂ©quents entretiens, que le cardinal favorisait et dirigeait peut-ĂȘtre, elle rĂ©ussit Ă subjuguer le roi, au point quâil annonça, sinon la volontĂ©, au moins le dĂ©sir dâĂ©pouser la niĂšce du cardinal. La reine mĂšre fut indignĂ©e de voir jusquâoĂč sâĂ©tait Ă©levĂ©e lâambition dâun ministre ingrat. Son imagination lui montra dans cette indigne alliance beaucoup de pĂ©rils vraisemblables et un opprobre certain. La fermetĂ© avec laquelle elle parla au cardinal fit rĂ©flĂ©chir ce vieux courtisan. Il prit le parti de se donner auprĂšs dâun monarque judicieux et reconnaissant le mĂ©rite dâavoir gĂ©nĂ©reusement combattu sa passion. Ses remontrances obtinrent un succĂšs plus prompt et plus facile quâil ne lâavait espĂ©rĂ© peut-ĂȘtre. Il ordonna lui-mĂȘme lâexil de sa niĂšce. Marie Mancini eut la permission de voir encore une fois le roi dont elle se croyait tendrement aimĂ©e elle lui laissa pour adieux ces mots touchants Vous ĂȘtes roi, vous pleurez, et cependant je pars. » La paix des PyrĂ©nĂ©es se conclut peu de temps aprĂšs le dĂ©nouement de cette lĂ©gĂšre intrigue 1659. La France fut loin dâobtenir dans ce traitĂ© les avantages qui semblaient devoir ĂȘtre le rĂ©sultat de tant de victoires Ă©clatantes elle garda le Roussillon et lâArtois, mais rendit ses conquĂȘtes dans la Flandre. La clause la plus importante avait Ă©tĂ© le mariage du roi avec lâinfante, fille de Philippe IV. Le cardinal Mazarin, dont on loua beaucoup depuis la haute prĂ©voyance, avait regardĂ© comme le chef-dâĆuvre de la politique de transporter Ă la couronne de France des droits Ă©ventuels, soit sur la couronne dâEspagne, soit sur quelque partie de ses vastes Etats. Ces droits existaient dĂ©jĂ par le mariage dâAnne dâAutriche avec Louis XIII. A la vĂ©ritĂ©, on exigeait une renonciation formelle de la part de lâinfante et du roi ; mais la politique europĂ©enne, et surtout celle du cardinal, regardait ces renonciations comme la plus vaine des formalitĂ©s diplomatiques. Un grand appareil avait eu lieu dans les confĂ©rences qui se tinrent pour cet objet Ă lâĂźle des Faisans entre le cardinal et don Louis de Haro, qui gouvernait la monarchie espagnole. De plus grandes magnificences signalĂšrent la cĂ©lĂ©bration du mariage. Louis, qui Ă©tait allĂ© chercher son Ă©pouse sur la frontiĂšre des PyrĂ©nĂ©es, la conduisit avec le plus beau cortĂšge. Pendant une grande partie de la route, on le vit suivre ou prĂ©cĂ©der la voiture de la nouvelle reine de France, Ă cheval, le chapeau bas. Ce fut ainsi quâil lui fit faire son entrĂ©e Ă Paris. Tout dans cette fĂȘte brillait de grĂące, de fraĂźcheur ; tout eĂ»t brillĂ© dâespĂ©rance et de joie, si le cardinal Mazarin nâavait attristĂ© les regards par la pompe insolente quâil sâavisa de dĂ©ployer. EntourĂ© de ses gardes et dâune compagnie de mousquetaires, il semblait au bout de six ans, triompher encore de la Fronde et montrer aux Français les dĂ©pouilles que, depuis cette Ă©poque, il avait levĂ©es sur le royaume. Le moment du rĂ©veil de Louis nâĂ©tait point encore arrivĂ©. Enfin, au commencement de lâannĂ©e 1661, il vit dĂ©pĂ©rir ce ministre et montra une douleur exempte dâaffectation. Le 9 mars 1661, jour de la mort du cardinal, les ministres sâapprochĂšrent du roi et lui dirent avec assez de lĂ©gĂšretĂ© A qui nous adresserons-nous ? - A moi », reprit Louis XIV. Ce mot fut une rĂ©volution la cour et le peuple Ă©galement lassĂ©s du rĂšgne des favoris, regardĂšrent comme une sorte de libertĂ© de ne plus recevoir des ordres que du monarque, et de nâĂȘtre plus avilis par leur obĂ©issance. Cependant on se dĂ©fiait encore des rĂ©solutions dâun jeune roi assailli de flatteurs, et fort susceptible des sĂ©ductions de lâamour et de la voluptĂ© ; mais on le vit bientĂŽt prendre des heures rĂ©glĂ©es et invariables pour le travail, lire toute requĂȘte avec une attention vraie, sâexprimer avec prĂ©cision, Ă©nergie, dĂ©mĂȘler les affaires les plus difficiles, soumettre Ă lâascendant de son caractĂšre, encore plus quâĂ son autoritĂ© absolue, des hommes Ă©clatants de gloire, de talent et de gĂ©nie ; vaincre toute pensĂ©e de rĂ©bellion, jusque dans le cĆur des anciens hĂ©ros de la Fronde et de ce grand CondĂ© que la paix des PyrĂ©nĂ©es lui avait rendu on le vit noble et mesurĂ© dans ses paroles, absolu dans ses ordres, sans rudesse et sans colĂšre, obligeant dans son langage, fidĂšle Ă ses affections, Ă ses promesses ; plus heureux dans ses choix et ce bonheur dura quarante annĂ©es que ne le fut jamais aucun prince souverain, aucun sĂ©nat ; exempt de superstition dans son zĂšle religieux, mais toujours rendant Ă la religion et Ă ses ministres lâhommage dâun chrĂ©tien soumis et dâun roi ; se jouant de toutes les fatigues, et les cherchant Ă plaisir, pour signaler lâardeur de son Ăąge et la force de son tempĂ©rament. Amoureux des fĂȘtes, sans en ĂȘtre Ă©bloui ; plein de grĂące dans tous les exercices, mais dâune grĂące toujours royale, toujours auguste ; Ă©minemment douĂ© du talent dâunir les plus petits dĂ©tails aux plus grandes vues de la politique ; sensible aux plus heureuses productions des belles-lettres et des beaux-arts, et les apprĂ©ciant par des inspirations soudaines que dirons-nous enfin ? Toujours roi, sans distraction, sans contrainte, sans fatigue ; tellement roi, que tout son caractĂšre Ă©tait entrĂ© dans son rĂŽle. Jeune et plein dâambition, il maintint pendant six ans la paix quâil trouva Ă©tablie par le traitĂ© des PyrĂ©nĂ©es ; et la vigueur de son administration prĂ©para les succĂšs militaires quâil devait obtenir. On peut juger combien il les dĂ©sirait par la maniĂšre dont il fit respecter lâhonneur de sa couronne. Vers la fin de lâannĂ©e 1661, le baron de Watteville, ambassadeur dâEspagne Ă la cour de Londres, disputa le pas au comte dâEstrade, ambassadeur de France, dans une cĂ©rĂ©monie qui avait pour objet lâentrĂ©e dâun ambassadeur de SuĂšde. Ces deux ministres rivaux sâĂ©taient prĂ©parĂ©s Ă cette lutte. DâEstrade avait rĂ©uni Ă son cortĂšge cinq cents Français armĂ©s ; Watteville avait gagnĂ© la populace de Londres le comte dâEstrade fut insultĂ©, son cortĂšge mis en fuite ; quelques Français furent blessĂ©s. LâEspagnol poursuivit sa marche, et jouit insolemment de celte lĂąche victoire. Louis XIV fit Ă lâinstant sortir de ses Ătats lâambassadeur dâEspagne, rappela le sien, fit des prĂ©paratifs de guerre. LâEspagne, intimidĂ©e, se prĂȘta aux satisfactions exigĂ©es par la France ; et le petit-fils de Philipe II cĂ©da le pas au petit-fils de Henri IV. LâannĂ©e suivante, Louis eut une autre occasion de venger lâhonneur de sa couronne. Le duc de CrĂ©qui, ambassadeur Ă la cour de Rome, avait tolĂ©rĂ© la licence de ses gens, qui insultĂšrent et meurtrirent une compagnie corse de la garde du pape. La rĂ©paration dâun tel attentat nâeĂ»t pu ĂȘtre ni Ă©ludĂ©e ni diffĂ©rĂ©e par la cour de France ; mais le cardinal Chigi, frĂšre du pontife rĂ©gnant, voulut ou souffrit que les Corses se vengeassent par eux-mĂȘmes. Ceux-ci se rĂ©unirent pour assaillir lâambassadeur dans son hĂŽtel ; ils tirĂšrent sur le carrosse de lâambassadrice, tuĂšrent un page et blessĂšrent quelques domestiques. Le duc de CrĂ©qui se hĂąta de partir de Rome. Louis fit saisir le comtat dâAvignon, et Ă©crivit au pape que son armĂ©e Ă©tait prĂȘte Ă passer les Alpes, pour marcher sur Rome, sâil nâobtenait une rĂ©paration Ă©clatante. Le pape, aprĂšs avoir vainement implorĂ© les secours des princes de la chrĂ©tientĂ©, fut obligĂ© de se soumettre Ă dâhumiliantes excuses, que le cardinal Chigi vint prĂ©senter lui-mĂȘme. Une pyramide Ă©levĂ©e dans Rome consacra le souvenir du plus sanglant affront quâeut reçu le Vatican et que lui avait infligĂ© le fils aĂźnĂ© de lâĂglise. Le courage des Français ne manqua point dâoccupation pendant la paix. Louis envoya noblement du secours Ă lâempereur contre les Turcs, qui venaient de se rĂ©pandre dans la Hongrie, et pouvaient mettre Vienne en danger. Six mille Français remplis dâune ardeur chevaleresque partirent sous les ordres du comte de Coligny. Ils eurent la gloire dâopĂ©rer la dĂ©livrance de lâAllemagne, et obtinrent le principal honneur dans la victoire de Saint-Gothard. En mĂȘme temps, ce duc de Beaufort, qui, par sa popularitĂ© et sa valeur, bien plus que par ses talents, sâĂ©tait rendu si dangereux Ă lâautoritĂ© royale dans la guerre civile de la Fronde, portait, par les ordres du roi, du secours aux VĂ©nitiens, Ă©galement menacĂ©s par les Turcs ; et, montĂ© sur un petit nombre de galĂšres royales, il rĂ©primait les brigandages si longtemps impunis des Barbaresques. Louis sâĂ©tait engagĂ©, par la paix des PyrĂ©nĂ©es, Ă ne pas prĂȘter de secours Ă la maison de Bragance, qui, par la rĂ©volution de 1640, avait arrachĂ© le Portugal Ă la domination de lâEspagne, et qui, depuis ce temps, soutenait avec des succĂšs une guerre dâindĂ©pendance. Comme les Espagnols nâavaient pas rempli scrupuleusement les conditions de ce traitĂ©, Louis nâeut aucun scrupule de lâĂ©luder, et de faire Ă©prouver Ă lâEspagne quelques reprĂ©sailles de la part odieuse quâelle avait prise aux guerres civiles de la Ligue et de la Fronde. Au moment oĂč les grands coups allaient se porter sur les frontiĂšres du Portugal, le comte de Schomberg, ami et Ă©lĂšve de Turenne, sâembarqua pour Lisbonne, avec quatre mille Français qui passaient pour ĂȘtre uniquement Ă sa solde ; et nommĂ© gĂ©nĂ©ral de lâarmĂ©e portugaise, il gagna la bataille de Villaviciosia, qui affranchit pour jamais le Portugal du joug de ses voisins. Mazarin avait tellement fait de lâintĂ©rĂȘt de lâEtat la seule religion des traitĂ©s, quâil avait achetĂ© lâalliance du rĂ©gicide Cromwell, par la cession de Dunkerque. Il semblait que Louis XIV lui-mĂȘme eĂ»t oubliĂ© le crime du Protecteur en faveur de lâautoritĂ© absolue que celui-ci exerçait sur un peuple rĂ©voltĂ©. Quand le repentir des Anglais, ou les dĂ©goĂ»ts quâils montrĂšrent pour la domination peu ferme du fils de Cromwell, et ensuite pour la domination renaissante mais fort affaiblie du long parlement, eurent appelĂ© Charles II sur un trĂŽne ensanglantĂ©, Louis mit tous ses soins Ă discerner le caractĂšre de ce monarque, sut profiter de ses embarras et de son naturel prodigue. Dans une nĂ©gociation quâil suivit avec autant dâactivitĂ© que de mystĂšre, il parvint Ă racheter la ville de Dunkerque pour une somme de quatre millions. Les Anglais sâindignĂšrent lorsquâils eurent connaissance du marchĂ© honteux souscrit par leur roi. En vain le parlement fit offrir Ă Charles II une somme Ă©quivalente Ă celle quâil allait recevoir du roi de France. Le traitĂ© reçut son exĂ©cution, parce que Charles II essayait tous les moyens de dĂ©pendre moins de son parlement. La guerre sâalluma bientĂŽt entre lâAngleterre et la Hollande. Louis, qui se livrait avec ardeur au projet de rendre enfin la France puissance maritime, vit avec intĂ©rĂȘt le dommage quâallaient se causer ces deux marines rivales. Son pavillon ne put dâabord se distinguer ni presque se faire apercevoir dans ce conflit entre deux puissances qui couvraient les mers de trois cents vaisseaux ; mais, en secourant les Hollandais contre un voisin inquiet, lâĂ©vĂȘque de Munster, il parut montrer Ă ces rĂ©publicains une amitiĂ© qui Ă©tait loin de son cĆur et quâil devait bientĂŽt cruellement dĂ©mentir. Vers le mĂȘme temps, il achetait de lâimprudent Charles IV, duc de Lorraine, Marsal, la meilleure des forteresses de cette province il sâĂ©tait mĂȘme flattĂ© dâavoir rĂ©uni la Lorraine Ă la couronne de France, par un testament quâil dicta et quâil paya Ă ce prince aventurier. Lâagrandissement auquel visait Louis XIV pouvait se voiler par lâintĂ©rĂȘt commun que prenait encore lâEurope Ă lâapaisement de la maison dâAutriche. La plupart de ces petites entreprises offraient quelque chose de chevaleresque, puisque leur but Ă©tait de porter du secours aux faibles. Louis occupait ainsi au dehors une noblesse inquiĂšte et cette foule dâaventuriers mercenaires quâavait dĂ» multiplier soit la guerre civile, soit la mauvaise administration intĂ©rieure du cardinal Mazarin. Mais il voulait des conquĂȘtes. La mort de Philippe IV, son beau-pĂšre, lui en fournit lâoccasion et le prĂ©texte. Puissant, ambitieux, muni dâun bon trĂ©sor, soutenu par une armĂ©e longtemps victorieuse que commandaient encore Turenne et CondĂ©, il ne fut point arrĂȘtĂ© par le scrupule de respecter les droits de Charles II, faible enfant qui montait sur le trĂŽne dâEspagne. En Ă©change dâune dot de 500 000 francs promise Ă la reine son Ă©pouse, que la cour dâEspagne avait nĂ©gligĂ© de payer, et que celle de France sâĂ©tait bien gardĂ©e de rĂ©clamer, il demanda la Flandre et la Franche-ComtĂ©. AprĂšs quelques dĂ©lais, commandĂ©s par la nĂ©cessitĂ© de former dâamples magasins, il marcha sur la Flandre, emmenant avec lui Turenne, Louvois et Vauban, la meilleure infanterie, les plus habiles ingĂ©nieurs et la plus redoutable artillerie de lâEurope. Point de place renommĂ©e qui ne tombĂąt devant lui. Lille elle-mĂȘme ne lui demanda que neuf jours de siĂšge. Il lui suffit de se prĂ©senter devant Douai, ArmentiĂšres, Charleroi, Tournai, Courtrai et vingt autres places. LâarmĂ©e espagnole nâosait porter du secours Ă aucune de ces forteresses. La conquĂȘte de la Franche-ComtĂ© fut encore plus facile les villes ouvraient leurs portes au grand CondĂ© presque Ă la premiĂšre sommation ; la soumission de plusieurs commandants et de plusieurs magistrats avait Ă©tĂ© payĂ©e par lâor de la France. Quelque diligence que fĂźt Louis pour trouver encore quelque occasion de gloire dans cette province, il nâarriva que pour presser le siĂšge de DĂŽle, qui seule osa se dĂ©fendre pendant quatre jours. LâAutriche allemande sâĂ©tait tenue immobile pendant ces coups portĂ©s Ă lâAutriche espagnole. On vit avec Ă©tonnement la Hollande venir au secours du petit-fils de Philippe II. Le grand pensionnaire de Witt craignit pour son pays un voisin plus dangereux que lâEspagne affaiblie il fallut nĂ©gocier. Louis, irritĂ© de cette intervention inattendue, mais cachant alors son ressentiment, prit le parti de rendre une de ces deux conquĂȘtes pour sâassurer lâautre. Il restitua la Franche-ComtĂ©, bien dĂ©terminĂ© Ă la reprendre Ă la premiĂšre occasion, et se fit cĂ©der, par le traitĂ© dâAix-la-Chapelle 1668, plusieurs de ces villes florissantes qui forment aujourdâhui la Flandre française. Il est temps de le suivre dans des travaux dâune gloire plus pure et dâun ordre encore plus imposant. Un sens exquis lui avait suggĂ©rĂ© comme le premier de ses devoirs celui de travailler Ă la rĂ©forme de lâadministration, et les succĂšs quâil avait obtenus se manifestent par les nĂ©gociations diverses oĂč nous venons de le voir, lâor Ă la main, dicter ses lois Ă des gouvernements obĂ©rĂ©s. Soit que le cardinal Mazarin rougĂźt de son immense fortune de quarante millions, soit quâil tentĂąt sur le cĆur du roi une Ă©preuve dont il se tenait assurĂ©, il lui en fit une entiĂšre donation, que Louis refusa dans son aveugle gratitude ; et un trĂ©sor bien supĂ©rieur Ă celui quâavait laissĂ© Charles V et comparable Ă celui de Henri IV alla sâengloutir en peu dâannĂ©es dans les folles et vaniteuses dĂ©penses du fantasque Ă©poux de lâune des niĂšces du cardinal. Mais tout trĂ©sor quâon se fait par lâĂ©conomie vaut mieux que celui quâon a reçu en hĂ©ritage. Louis le prouva par son exemple ; il montra une ardeur sans Ă©gale pour sâinitier dans les secrets de lâadministration. Il y avait, sous Mazarin, comme deux ministres des finances lâun qui prĂ©sidait aux siennes, câĂ©tait Colbert, son intendant ; lâautre, Ă celles de lâĂtat, câĂ©tait Fouquet. Les premiĂšres Ă©tant aussi florissantes que les secondes Ă©taient dĂ©sordonnĂ©es, Mazarin vantait Colbert au roi, et lui faisait peut-ĂȘtre soupçonner Fouquet, afin de nâĂȘtre pas soupçonnĂ© lui-mĂȘme. A la mort du cardinal, Fouquet crut pouvoir continuer des dĂ©sordres que son faste rendait manifestes. Cependant Louis observait son surintendant. IrritĂ© dâavoir vu que cet opulent sĂ©ducteur des plus belles personnes de la cour avait osĂ© porter ses vues jusque sur mademoiselle de la ValliĂšre, il se sentit animĂ© contre lui dâune haine que Colbert enflamma. Louis regarda comme un tĂ©moignage des dĂ©prĂ©dations du surintendant lâĂ©talage indiscret de son opulence. AprĂšs lâavoir fait arrĂȘter par le capitaine de ses gardes, et transfĂ©rer de prison en prison, il le poursuivit par des abus de pouvoir qui rappelaient le temps de Richelieu, le fit juger par une commission, non seulement pour les dĂ©prĂ©dations quâil avait pu commettre, mais pour le dĂ©lit chimĂ©rique dâune tentative de rĂ©bellion. Il montra dans cette circonstance, et devait montrer dans des circonstances plus grandes, combien la force dâune prĂ©vention reçue pouvait altĂ©rer la justesse de son esprit et lâĂ©quitĂ© de son caractĂšre. On le vit avec surprise, peu de jours aprĂšs la disgrĂące de Fouquet, sâimposer Ă lui-mĂȘme tout le travail dâun surintendant des finances. Il est vrai quâil sâassocia, pour cet emploi, Colbert, quâil nomma contrĂŽleur gĂ©nĂ©ral ; mais sâil reçut de lui une instruction difficile, tout prouve quâil Ă©tendit, par des conceptions hautes et judicieuses, lâesprit exact, habile et vigilant de lâintendant de Mazarin. Colbert, sous un prince indolent et dissipĂ©, eĂ»t pu nâĂȘtre quâun homme Ă ressources ; inspirĂ© par le grand cĆur de Louis XIV, il fut un homme de gĂ©nie. Lâimagination sâĂ©tonne des travaux quâils accomplirent en quelques annĂ©es de paix, et mĂȘme au milieu de plusieurs guerres quâil fallut soutenir contre la plupart des Ătats de lâEurope. On vit lâimpĂŽt des tailles rĂ©duit successivement dâun cinquiĂšme, lâintĂ©rĂȘt de la dette publique diminuĂ© de prĂšs de vingt millions, le revenu de lâĂtat considĂ©rablement augmentĂ© par la prospĂ©ritĂ© du commerce ouvrage commun du roi et de son ministre. LâEurope vit avec Ă©tonnement lâindustrie française, dĂšs son premier essor, surpasser celle des Pays-Bas, des villes commerçantes dâItalie, et des villes hansĂ©atiques. De nobles avances faites par Louis sollicitĂšrent dâabord lâactivitĂ© des particuliers. Le luxe justifia toutes ces inventions en leur donnant un caractĂšre de grandeur et de soliditĂ©. Les manufactures de draps dâAbbeville, de Sedan, de Louviers et dâElbeuf, celles des Ă©toffes de soie de Lyon et de Tours, furent dĂšs leur naissance sans rivales en Europe. Les secrets des manufactures de glaces et de plusieurs autres genres dâindustrie furent enlevĂ©s aux VĂ©nitiens, aux Pisans, aux GĂ©nois. Les tapisseries des Gobelins se montrĂšrent dignes de retracer les faits dâun rĂšgne hĂ©roĂŻque, et les tapis de la Savonnerie surpassĂšrent la magnificence du luxe oriental. Une foule de jeunes paysannes furent habilement dirigĂ©es dans le travail des dentelles. Des manufactures de chapeaux, de bas, dâĂ©toffes communes, de divers ustensiles de fer et de cuir, lâinvention de beaux carrosses substituĂ©s Ă des voitures grossiĂšres fournissaient encore plus aux riches exportations de la France. LâintĂ©rĂȘt de lâargent diminua les capitaux sâaccrurent. On fut Ă©tonnĂ© du petit nombre de faillites parmi tant de nouveaux Ă©tablissements. On eĂ»t dit quâil Ă©tait formĂ© un Colbert dans chaque manufacture. Lâagriculture reçut des soulagements par la diminution des tailles ; mais Colbert commit la faute de la subordonner trop aux besoins des manufactures en dĂ©fendant presque toujours lâexportation des blĂ©s, qui avait produit tant de trĂ©sors sous lâadministration de Henri IV et de Sully. Lâesprit de rĂšglement donna une impulsion et des rĂšgles communes Ă tant dâĂ©tablissements qui naissaient Ă la fois ; et tout ce qui Ă©mana de Colbert joignit la rigueur du bon sens Ă une prĂ©voyance Ă©tendue. Bordeaux, Nantes, Saint-Malo et Dunkerque firent connaĂźtre et respecter les vaisseaux français dans les Indes et le nouveau monde. Le commerce de Marseille sâĂ©tendit dans les Ă©chelles du Levant. Colbert reçut, comme un juste prix de ses soins, un nouveau dĂ©partement, celui de la marine, et il fut pour elle un admirable lĂ©gislateur. BientĂŽt sâĂ©levĂšrent les magnifiques constructions des ports de Toulon, de Brest et de Rochefort. Louis, en mĂȘme temps quâil dĂ©livrait son peuple des concussions des traitants, sâoccupait de mettre un frein aux vexations des gens de justice. En 1667 parut lâordonnance sur la procĂ©dure civile dont la prĂ©cision et la clartĂ©, Ă©pouvantant le gĂ©nie de la chicane, lâembarrassĂšrent longtemps, mais sans pouvoir le vaincre. Les grands actes de la lĂ©gislation se multipliĂšrent. En peu de temps parurent un Code pour le commerce 1673, un autre pour la marine 1681, un autre pour les eaux et forets 1669, oĂč brille le gĂ©nie de la conservation ; un autre pour les colonies, connu sous le nom de Code noir, et oĂč perçaient quelques lueurs dâhumanitĂ©. Lâordonnance pour lâinstruction de la procĂ©dure criminelle 1670, est de tous ces codes celui qui a encouru les plus lĂ©gitimes censures. On sait quâun homme dur, Pussort, oncle de Colbert, rĂ©ussit Ă conserver les principes dâune jurisprudence gothique et cruelle que Lamoignon voulut sagement modifier. A lâexception de ce dernier code, tous les autres, opĂ©rant des amĂ©liorations faciles, devaient un jour inviter les esprits Ă sâoccuper dâamĂ©liorations plus importantes. Louis prenait beaucoup dâombrage des innovations politiques ; et ce quâil y eut dâĂ©tonnant, câest que tous les Français partagĂšrent alors la mĂȘme dĂ©fiance. Lâamour de lâordre Ă©tait devenu la passion du siĂšcle ; mais on voulait un ordre plein de vigueur et de majestĂ©, fĂ©cond en rĂ©sultats, en crĂ©ations ; et lâon trouva le secret dâĂȘtre original sans bizarrerie et sans tĂ©mĂ©ritĂ©. Il parut Ă la fois une foule dâexcellents magistrats, dâhommes signalĂ©s par des vertus antiques dans ces mĂȘmes parlements qui nâavaient pu Ă©viter le ridicule en conduisant une guerre civile. Louis se gardait bien de montrer aucun ressentiment et cachait sa dĂ©fiance sous des formes polies. Dans le progrĂšs de son autoritĂ© absolue, il en vint jusquâĂ supprimer le droit de remontrance ou du moins jusquâĂ le rendre illusoire, en ne le permettant plus que huit jours aprĂšs lâenregistrement des Ă©dits. Le clergĂ© surpassait alors en Ă©clat et en renommĂ©e lâhonorable magistrature dont on a parlĂ©. De grands exemples de piĂ©tĂ© brillaient dans la capitale Saint-Vincent de Paul avait donnĂ© Ă son siĂšcle la plus heureuse impulsion, et des Ă©tablissements de charitĂ© et de bienfaisance sâĂ©taient Ă©levĂ©s de toutes parts Ă sa voix. De nouveaux PĂšres de lâĂglise, dignes rivaux par leurs talents des plus fameux orateurs de lâantiquitĂ©, animaient le zĂšle religieux dans un siĂšcle poli. LâincrĂ©dulitĂ© naissante fut dĂ©concertĂ©e Ă la vue de ces puissants athlĂštes de la foi, et se rĂ©fugia dans les plaisirs dâun indolent Ă©picurisme ou dans les futilitĂ©s du bel esprit. Les diffĂ©rentes sortes de la religion rĂ©formĂ©e trouvĂšrent de redoutables contradicteurs. Louis XIV, ennemi des innovations religieuses et les redoutant pour son autoritĂ© comme pour le repos de la France, montra de fortes prĂ©ventions contre le jansĂ©nisme, que la reine sa mĂšre avait dĂ©jĂ en aversion. Cependant les hommes religieux, austĂšres, Ă©loquents, quâon dĂ©signait sous le nom de solitaires de Port-Royal, ont contribuĂ© Ă lâĂ©clat de ce beau siĂšcle de lâĂglise qui fut en mĂȘme temps le beau siĂšcle des lettres. Lâauteur des Lettres provinciales, enlevĂ© par une mort prĂ©maturĂ©e, avait laissĂ© la sublime esquisse du plus grand ouvrage qui eĂ»t Ă©tĂ© entrepris pour la dĂ©fense de la religion chrĂ©tienne. Le docteur Arnauld, trop ardent sur dâautres objets, dĂ©fendait avec succĂšs la religion catholique contre les attaques dâun puissant controversiste, Claude, ministre protestant. Les Bossuet, les FlĂ©chier, les FĂ©nelon, les Bourdaloue, faisaient des conversions auxquelles aidait parfois la sagesse de Louis XIV. Heureux ce monarque, sâil eĂ»t pris plus de confiance dans le zĂšle et le talent de ces redoutables adversaires de lâhĂ©rĂ©sie, et sâil nâeĂ»t voulu depuis avancer les Ćuvres de la foi par la force de lâautoritĂ© ! Les dignitĂ©s ecclĂ©siastiques ne furent jamais confĂ©rĂ©es avec plus de scrupule. Aucun Ă©vĂȘque nâosa sortir de la sphĂšre de ses devoirs, et jamais lâĂ©piscopat ne fut plus illustrĂ©. On ne vit point, comme dans les cinquante annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, les prĂ©lats gouverner lâempire, commander les armĂ©es en personne ou marcher Ă la tĂȘte des factions. Il nây eut que le mĂ©tier de courtisan auquel tous les Ă©vĂȘques ne renoncĂšrent pas. Pendant la premiĂšre moitiĂ© de ce rĂšgne, ce clergĂ©, qui Ă©levait de nouveaux boulevards autour de la religion catholique, se montra plein de zĂšle Ă dĂ©fendre les libertĂ©s de lâĂglise gallicane et Ă repousser les prĂ©tentions ultramontaines. Louis XIV, dans sa fiertĂ© royale, donnait cette impulsion que Bossuet secondait par son Ă©loquence, par lâĂ©tendue et la puretĂ© de sa doctrine. La cour de Rome sâĂ©tonna et sâirrita dâune rĂ©sistance habile, respectueuse et ferme, qui produisit en 1682 les quatre fameuses propositions du clergĂ©, lesquelles ont Ă©tĂ© depuis dĂ©savouĂ©es par un clergĂ© devenu ultramontain. Car Louis maintint mal son ouvrage ; le clergĂ© changea de principes le parlement seul conserva les siens. La condition des nobles dĂ©chut sans quâils sâen aperçussent. Il nây eut plus de ces grands seigneurs qui, soit Ă la cour soit dans leur gouvernement, rappelaient les grands vassaux dâautrefois, levaient des armĂ©es et marchaient toujours entourĂ©s de trois ou quatre cents gentilshommes. Le titre de gouverneur perdit beaucoup de son autoritĂ© ; elle fut transfĂ©rĂ©e en partie Ă des commandants moins dangereux par leur crĂ©dit et leur naissance. Ce que Louis XI et le cardinal de Richelieu avaient opĂ©rĂ© avec des Ă©chafauds, Louis XIV sut le consommer avec des pensions, des rubans, avec des regards bienveillants ou sĂ©vĂšres, avec des paroles flatteuses, presque toujours brillantes dâĂ -propos, de grĂące et de justesse, avec les Ă©tiquettes de son palais, avec le privilĂšge des grandes et des petites entrĂ©es, avec la compagnie quâil nommait pour le suivre Ă lâarmĂ©e ou dans ses voyages de Marly, de CompiĂšgne, de Fontainebleau ; enfin avec tous ces signes commodes et variĂ©s qui annoncent la faveur, en excitent le dĂ©sir et font servir la jalousie des grands Ă la sĂ©curitĂ© et au pouvoir du prince. Ce genre de prestige Ă©tait nouveau Louis XIII nâeĂ»t jamais pu le crĂ©er avec son caractĂšre sombre et sauvage. Henri IV, dans sa grandeur et sa bontĂ©, avait une maniĂšre plus vive et plus impĂ©tueuse de dĂ©clarer ses sentiments. Cet art Ă©tait tout fait pour le caractĂšre, lâesprit et la situation de Louis XIV. Il put sâamuser longtemps de ces petites inventions qui opĂ©raient de grands rĂ©sultats ; mais quand ce rĂ©gime fut Ă©tabli dans toute son uniformitĂ©, il nâen Ă©prouva plus que la contrainte et lâennui. NĂ© en quelque sorte sur le trĂŽne, il nâeut pas comme son aĂŻeul le bonheur de connaĂźtre lâamitiĂ©, mais il se conduisait envers ses courtisans comme lâami le plus judicieux. Arbitre de leurs discordes, il Ă©tait aussi le confident de leurs peines domestiques. Souvent il sut prĂ©venir de grands dĂ©sordres, Ă©touffer dâhorribles scandales. La cour ne se ressentait que trop des souillures des mĆurs italiennes contractĂ©es sous la rĂ©gence des deux MĂ©dicis. Louis lui rendit des mĆurs françaises, câest-Ă -dire des mĆurs plus aimables que rĂ©guliĂšres. De jeunes courtisans qui avaient bravĂ© les lois et le mĂ©pris public, juste et faible chĂątiment de leurs excĂšs, furent enfin contenus par les sĂ©vĂšres remontrances du prince et par la crainte dâune disgrĂące Ă©ternelle. LâadultĂšre, trop encouragĂ© par les exemples du monarque, fut souvent expiĂ© par des repentirs profonds ; et le cloĂźtre ne cessa de sâouvrir Ă dâillustres pĂ©cheresses. Toutes les passions, assujetties Ă des biensĂ©ances qui nâĂ©taient point encore de lâhypocrisie, eurent plus de profondeur et plus de dĂ©licatesse. Partout le langage devint plus noble parce que les sentiments lâĂ©taient davantage, et fut en mĂȘme temps naturel parce que les grandes choses et les grandes idĂ©es devenaient plus familiĂšres. La vertu sans tache obtenait des honneurs constants dans une cour galante. Quel sort plus heureux lâimagination peut-elle souhaiter Ă des femmes brillantes dâesprit, dâagrĂ©ment et distinguĂ©es davantage encore par les qualitĂ©s du cĆur, que le sort de mesdames de SĂ©vignĂ©, de la Fayette, du Grignan, de Villars, et que celui mĂȘme de madame de Maintenon, si elle ne fĂ»t devenue reine ? Nul hĂ©ros des temps anciens ne surpasse Turenne en modestie, en dĂ©sintĂ©ressement, en dĂ©licatesse. Le duc de Montausier, gouverneur du Dauphin, ne fut point un inutile censeur des mĆurs de son temps il fut Ă©galĂ© dans ses vertus par les ducs de Chevreuse et de Beauvilliers, les amis de FĂ©nelon. La sĂ©vĂ©ritĂ© des ordonnances de Louis contre les duels ne put abolir, mais diminua beaucoup cet usage barbare. Pour quâon ne nous reproche pas de laisser rien dâidĂ©al dans un tel tableau, nous avouerons que ceux des courtisans qui persĂ©vĂ©raient dans des mĆurs dissolues se livraient Ă plusieurs genres dâexcĂšs ou de turpitude devenus bien plus rares dans le XVIIIe siĂšcle mĂȘme chez des hommes corrompus, tels que les friponneries au jeu, divers genres dâescroqueries, les sociĂ©tĂ©s de prĂ©tendus devins et les plus grossiers excĂšs de la table. Nous avouerons encore quâil y eut des empoisonnements prĂ©sumĂ©s, dâautres constatĂ©s ; mais quelques exemples dâimmoralitĂ© et de scĂ©lĂ©ratesse nâont jamais rien prouvĂ© contre lâesprit gĂ©nĂ©ral dâune nation, dâune sociĂ©tĂ©, dâune cour. Louis XIV ne sĂ©para jamais son estime de sa faveur. Le marĂ©chal de Vivonne sâen montra digne par de brillants succĂšs sur terre et sur mer, par sa probitĂ© dĂ©licate et par son goĂ»t pour les lettres. Le duc de la Feuillade avait dĂ©ployĂ© des qualitĂ©s chevaleresques dans la brillante expĂ©dition des Français envoyĂ©s au secours de lâempereur contre les Turcs. Il fit Ă©riger Ă ses frais le monument trop fastueux de la place des Victoires ce fut un tort Ă Louis de le souffrir ; mais on ne voit pas que la vanitĂ© de ce monarque ait reconnu un si brillant et si dangereux hommage par dâimmenses largesses. Lauzun avait sĂ©duit le roi par lâingĂ©nieuse vivacitĂ© et lâair passionnĂ© quâil portait dans son rĂŽle de courtisan ; mais il dut vivement lâirriter par son arrogance, par des incartades irrespectueuses et par le trop heureux succĂšs de ses artifices auprĂšs de Mademoiselle, fille de Gaston dâOrlĂ©ans. On sait quâun jour oĂč il avait poussĂ© le roi Ă bout par une indiscrĂ©tion impardonnable, Louis jeta sa canne par les fenĂȘtres en disant Dieu me prĂ©serve du malheur de frapper un gentilhomme ! » Il Ă©tait beau dâexprimer et de rĂ©primer ainsi sa colĂšre ; mais Louis usa moins modĂ©rĂ©ment de son autoritĂ© despotique en faisant enfermer pendant dix ans Ă Pignerol ce mĂȘme duc de Lauzun devenu, par un mariage secret, lâĂ©poux de Mademoiselle. Par une bizarrerie qui dĂ©note les vices de son caractĂšre, le duc se conduisit au sortir de cette prison comme le tyran de la princesse quâil avait subjuguĂ©e et comme lâadorateur le plus passionnĂ© du roi, qui lui avait tĂ©moignĂ© un si long et si cruel ressentiment. Le duc de la Rochefoucauld, fils de lâauteur des Maximes, fut le plus discret de tous les favoris. La faveur du marĂ©chal de Villeroi devint, beaucoup plus tard, fatale aux armes françaises câĂ©tait cependant un guerrier plein dâhonneur et de vaillance, mais dâun talent mĂ©diocre et dâun caractĂšre faible, quâil tĂąchait de rehausser par des dehors glorieux. Louis XIV fut encore moins dominĂ© par ses maĂźtresses que par ses favoris. Ce monarque nâaffranchit point sa famille des lois de lâĂ©tiquette quâil imposait Ă tous ses courtisans il rendit cependant tous les soins dâun fils tendre et respectueux Ă la reine Anne dâAutriche, qui mourut en 1666 aprĂšs une maladie longue et douloureuse. Il parut prendre un soin continuel dâintimider, mais sans rudesse et sans emportement, son frĂšre, Monsieur, qui, livrĂ© comme Gaston dâOrlĂ©ans, Ă des favoris tracassiers et pervers, eĂ»t pu, Ă©tant moins surveillĂ©, renouveler les troubles du rĂšgne de Louis XIII. LâĂ©pouse de ce prince, immortalisĂ©e par lâĂ©loquence et les regrets pathĂ©tiques de Bossuet, avait paru inspirer au roi, son beau-pĂšre, des sentiments que le public et la cour mĂȘme nâauraient vus quâavec horreur. Louis eut la force de faire taire une passion naissante. La mort subite et prĂ©maturĂ©e de cette princesse aimable frappa les esprits du soupçon dâun grand crime le roi, dans sa douleur, sut sâabstenir de commencer des recherches odieuses, et de sacrifier la sĂ»retĂ© de lâĂtat et la paix de sa famille Ă des bruits populaires. Plusieurs lettres de Louis indiquent quâil aimait tendrement le Dauphin ; mais peut-ĂȘtre fit-il trop souvent sentir Ă son fils la froide autoritĂ© du monarque. Ce prince, timide et inappliquĂ©, rĂ©pondait faiblement aux espĂ©rances quâavaient fait concevoir deux instituteurs tels que le duc de Montausier et Bossuet. LâĂ©pouse de Louis XIV, modeste, rĂ©servĂ©e, constante et douce dans sa piĂ©tĂ©, semblait se faire une crainte Ă©gale de dĂ©plaire Ă Dieu ou de dĂ©plaire Ă son Ă©poux. Louis, en lâenvironnant de respects et de quelques tĂ©moignages dâaffection, nâexerça que trop la patience de la pieuse reine par lâĂ©clat et la multiplicitĂ© de ses amours adultĂšres. Dâabord il parut se les reprocher, en rougir, et ne cĂ©der quâĂ le force de la passion ; mais dĂšs quâil se crut assez grand pour se faire pardonner un genre de fautes que la nation française a toujours trop faiblement reprochĂ© Ă ses rois, il dĂ©clara sans contrainte et avec une sorte de faste les liaisons les plus coupables. Accessible aux remords avant dâavoir atteint lâĂąge qui Ă©mousse les dĂ©sirs, il parut, dĂšs sa quarante-deuxiĂšme annĂ©e, prĂ©fĂ©rer des sentiments Ă©purĂ©s Ă des plaisirs enivrants qui troublaient sa conscience. La ValliĂšre, dans le secret dâune passion quâelle sâefforça vainement de combattre et se reprocha sans cesse, craignait des honneurs indices de sa faiblesse ; elle les reçut en rougissant, adora toutes les volontĂ©s de Louis, lui sacrifia deux fois un repentir ou de justes alarmes qui la portaient Ă la retraite, trembla toujours de lâaffliger, et, aprĂšs lâavoir vu inconstant, attendit avec la crĂ©dulitĂ© des Ăąmes tendres que sa patience et la sincĂ©ritĂ© de son amour lui ramenassent un roi dont les passions voulaient ĂȘtre irritĂ©es par les obstacles. Ses longues douleurs furent respectĂ©es par les courtisans. On sentait que le cĆur du monarque ne pouvait subir un plus aimable et plus doux esclavage. BientĂŽt elle se crĂ©a des droits Ă lâestime et Ă la vĂ©nĂ©ration des personnes les plus austĂšres, Il nây en eut aucune qui ne la suivĂźt de ses pleurs au couvent des CarmĂ©lites, dans le moment solennel oĂč, sous les yeux de la reine, elle consomma un religieux sacrifice auquel lâĂ©loquence de Bossuet prĂȘtait encore plus dâintĂ©rĂȘt et de pompe. Madame de Montespan, douĂ©e dâune beautĂ© Ă©blouissante, armĂ©e dâun esprit vif et piquant, rĂ©gna par des artifices et des dĂ©fauts qui eussent peut-ĂȘtre prolongĂ© lâempire de sa rivale. Dâabord, elle sâinquiĂ©ta, ou parut sâinquiĂ©ter des premiers hommages du roi, et engagea son mari de lâemmener loin de la cour celui-ci ne crut pas alors devoir faire le sacrifice de son ambition personnelle Ă des craintes qui pouvaient ĂȘtre chimĂ©riques ; mais son Ă©pouse lui fit cruellement expier son incrĂ©dulitĂ©. Elle plaça bientĂŽt son orgueil dans un scandale Ă©clatant, rechercha les indignes honneurs dâune maĂźtresse dĂ©clarĂ©e, et livra un mari qui lâobsĂ©dait de ses plaintes, quelquefois de ses fureurs, Ă la colĂšre du roi. Louis, en sacrifiant mademoiselle de la ValliĂšre Ă cette maĂźtresse arrogante, perdit ce bonheur si rarement goĂ»tĂ© des rois, celui dâĂȘtre aimĂ© pour lui-mĂȘme mais sâil soumit Ă madame de Montespan une cour quâil avait pliĂ©e Ă toutes les formes de lâidolĂątrie, il se garda bien de lui soumettre aucune opĂ©ration de son cabinet. Lâesprit de madame de Montespan Ă©tait dâailleurs peu fait pour de tels soins, et ne se manifestait que par des saillies malignes et mordantes. Louis y souriait gravement, et quoique dominĂ© par ses sens, quoique rĂ©veillĂ© dans sa passion par des orages perpĂ©tuels et toutes les contrariĂ©tĂ©s dâun caractĂšre hautain et capricieux, il sentait le besoin dâentretiens plus solides, plus calmes, dâun commerce plus doux et plus mĂȘlĂ© de confiance. Ces entretiens, il les trouva bientĂŽt auprĂšs de la veuve de Scarron, Ă qui son indigence avait fait accepter lâemploi de gouvernante des enfants que le roi avait eus de madame de Montespan. Dâabord, il avait craint en elle, et fort mal Ă propos, cette espĂšce de gĂȘne que fait souvent Ă©prouver le bel esprit ; mais chaque jour il sentit mieux lâaimable ascendant dâun esprit naturel, mĂȘlĂ© de mille agrĂ©ments que rehaussaient toujours le bon sens, la vertu, la piĂ©tĂ© modeste. Madame Scarron, quâil faut dĂšs Ă prĂ©sent nommer madame de Maintenon, Ă©tait belle encore ; mais elle se garda bien de compter sur ses attraits pour balancer ou pour ruiner lâempire de madame de Montespan. Ce fut en ne prĂ©tendant quâĂ lâamitiĂ© du roi quâelle fit, par degrĂ©s, naĂźtre un amour profond. Cette amie cependant Ă©tait sĂ©vĂšre elle rĂ©veillait ou nourrissait dans le cĆur de Louis XIV des scrupules auxquels il se proposait de satisfaire plus tard. Il venait tous les soirs rĂȘver auprĂšs de madame de Maintenon Ă sa conversion future, quâil diffĂ©rait beaucoup. Bossuet secondait avec un zĂšle un peu timide les pieux avis de madame de Maintenon. Lâun et lâautre crurent souvent avoir vaincu la faiblesse du roi, mais ne firent que procurer Ă madame de Montespan la joie et le triomphe dâune rĂ©conciliation passionnĂ©e. Cependant Louis lui donna pour rivale mademoiselle de Fontanges, regardĂ©e Ă la cour comme un prodige de beautĂ©, mais de beautĂ© seulement. Le rĂšgne si court de cette favorite ne servit quâĂ Ă©teindre lâamour du monarque pour madame de Montespan, et lui fit sentir encore mieux le charme plus puissant et plus durable des entretiens de madame de Maintenon. Lorsque celle-ci rĂ©gna seule sur le cĆur du roi, elle nâobtint, et ne rechercha peut-ĂȘtre quâune influence trĂšs restreinte sur les rĂ©solutions politiques. Il faut maintenant parler de la direction que Louis XIV donna aux sciences, aux lettres, aux beaux-arts. Descartes nâĂ©tait plus mais ce philosophe rĂ©gnait, aprĂšs sa mort, par la clartĂ© et la nouveautĂ© hardie de sa mĂ©thode, la noblesse sĂ©vĂšre de son style, lâĂ©tendue de ses dĂ©couvertes, lâensemble et lâaudace de ses hypothĂšses. Le premier des modernes, il avait remplacĂ© Aristote dans une sorte de monarchie universelle sur le monde savant, surtout le monde penseur. CâĂ©tait principalement par ses mĂ©ditations mĂ©taphysiques quâil semblait avoir soufflĂ© aux esprits quelque chose de divin que lâon reconnaĂźt dans lâĂ©loquence de Bossuet, dans les hautes pensĂ©es de Pascal, dans la doctrine dâArnauld, dans celle de Bourdaloue, dans la philosophie aussi Ă©levĂ©e que tendre de FĂ©nelon, dans la philosophie fiĂšre et mesurĂ©e de la BruyĂšre, dans cette philosophie si profonde, que Malebranche, le continuateur de Descartes, exprima dâun style si limpide. Si ce grand siĂšcle littĂ©raire fut appelĂ© le siĂšcle de Louis XIV, câest quâil y eut une Ă©poque brillante oĂč tout parut entrer dans la sphĂšre de ce monarque. Notre imagination nous dit que Bossuet eĂ»t Ă©tĂ© moins sublime en foudroyant les grandeurs humaines, sâil ne les avait vues Ă©talĂ©es dans la plus grande pompe quelles eussent jamais reçue ; que Racine, loin dâune telle cour, ne fĂ»t point parvenu Ă peindre avec un charme si puissant, ni Quinault avec une grĂące si sĂ©duisante, les faiblesses du cĆur ; que Massillon ne les eĂ»t pas pĂ©nĂ©trĂ©es avec tant de profondeur, combattues avec tant dâonction ; que les fables de la Fontaine devaient sâĂ©crire en mĂȘme temps que les lettres de madame de SĂ©vignĂ© ; que le gĂ©nie observateur de MoliĂšre dut ĂȘtre singuliĂšrement secondĂ© par le passage de mĆurs encore incultes Ă des mĆurs si polies. Il nâest point dâhomme dâun goĂ»t exercĂ© qui ne sente que le canal qui joint les deux mers, la colonnade du Louvre, lâarc de triomphe de Saint-Denis, le dĂŽme des Invalides, les beaux ouvrages sortis du ciseau de Girardon et de Puget, les tableaux de Lebrun et de Lesueur, les jardins de LenĂŽtre ; que tous ces monuments resplendissants de majestĂ© devaient ĂȘtre contemporains des tragĂ©dies de Corneille et de Racine, des oraisons funĂšbres de Bossuet. Les vertus de Turenne Ă©levaient lâesprit de FlĂ©chier. Lâadmiration pour Louis XIV fut un sentiment commun Ă tous ces hommes de gĂ©nie. Presque tous furent rĂ©compensĂ©s par lui avec discernement, avec grĂące, et quelques-uns avec magnificence. Ils sâentraidaient ; sâĂ©chauffaient par la simultanĂ©itĂ© des merveilles quâils avaient Ă sâoffrir, et semblaient, dans des genres si divers, puiser Ă une mĂȘme source du beau. Le grand CondĂ©, le duc de la Rochefoucauld, le marĂ©chal de Vivonne, le prĂ©sident de Lamoignon, le duc de Montausier, partagĂšrent sans doute avec Louis le mĂ©rite dâavoir Ă©tĂ© les bienfaiteurs des lettres. Mais nâa-t-il pas dĂ» obtenir le premier rang, ce monarque qui protĂ©gea la reprĂ©sentation du Tartuffe contre les ressentiments des faux dĂ©vots et les scrupules de beaucoup dâĂąmes timorĂ©es ; qui permit Ă MoliĂšre de soumettre la cour elle-mĂȘme Ă ses tableaux ; qui rendit le sort de Racine et de Boileau plus doux encore que nâavait Ă©tĂ© celui de Virgile et dâHorace ; qui, dans sa jeunesse, reçut si bien un avertissement sĂ©vĂšre que lui donna lâauteur de Britannicus ; qui trouva bon que Boileau cassĂąt ses arrĂȘts en matiĂšre de goĂ»t ; enfin qui fut remerciĂ© avec tant de feu par Corneille vieillissant dâavoir ranimĂ© lâenthousiasme du public et de la cour pour les anciens chefs-dâĆuvre quâallait proscrire lâinconstance de la mode ? Il est vrai que ce mĂȘme Corneille et que la Fontaine nâeurent quâune part modique Ă ses libĂ©ralitĂ©s ; mais les rois oublient facilement ceux qui ne sâoffrent point Ă leurs regards, surtout quand ils ont le malheur dâĂȘtre, comme Louis XIV, guerriers et conquĂ©rants. Cependant, les leçons des grands orateurs et des grands Ă©crivains ne furent pas tout Ă fait perdues pour lui. Corneille, dans des vers composĂ©s pour un divertissement ; Boileau, dans ses belles Ă©pĂźtres ; Bossuet, dans quelques passages de ses oraisons funĂšbres et de ses sermons ; Racine, dans un mĂ©moire dont le destin fut, comme on le sait, si fatal pour son auteur ; la BruyĂšre, dans quelques pages Ă©loquentes ; FĂ©nelon et Massillon, avec un zĂšle plus courageux que tous les autres, semblaient avoir conspirĂ© pour sauver ce monarque de lâabĂźme presque inĂ©vitable oĂč tombent les conquĂ©rants, et oĂč ils entraĂźnent leurs peuples. Vers la dixiĂšme annĂ©e de son rĂšgne, câest-Ă -dire de lâĂ©poque oĂč il rĂ©gna par lui-mĂȘme, Louis conçut la noble pensĂ©e dâĂ©crire des instructions pour le Dauphin, en mettant sous les yeux de ce jeune prince le dĂ©tail de ses plus importantes opĂ©rations, les secrets de sa politique et ceux de sa conscience comme roi. Cette occupation, qui lui rappelait des souvenirs glorieux, ennoblit ses loisirs pendant quelques annĂ©es. Pour mettre en ordre les pensĂ©es qui lui Ă©chappaient, ou pour les rĂ©diger avec plus de correction et dâĂ©lĂ©gance, il eut recours Ă la plume de PĂ©lisson. Les Ă©bauches de ce travail sont parvenues Ă la postĂ©ritĂ© ; rien nâest plus facile que dây dĂ©mĂȘler ce qui appartient au royal Ă©crivain, et ce qui a Ă©tĂ© embelli par lâhabile rĂ©dacteur. LâĂąme de Louis XIV sây montre Ă dĂ©couvert dans les Ă©panchements mĂȘmes de son orgueil. Il se propose toujours pour modĂšle Ă son fils mais ce genre dâĂ©goĂŻsme nâa rien de repoussant, parce que le style a toujours de la simplicitĂ©, souvent de lâĂ©nergie, quelquefois de la profondeur, et surtout parce quâon reconnaĂźt dans une confession si superbe les sentiments dâun honnĂȘte homme, ceux dâune Ăąme ardente et forte, plus ou moins altĂ©rĂ©s par les maximes de lâautoritĂ© absolue et par les sĂ©ductions de la fortune. Louis XIV donna un nouveau lustre Ă lâAcadĂ©mie française par des distinctions honorables. Il fonda, en peu dâannĂ©es, lâAcadĂ©mie de peinture et de sculpture 1648, celle des inscriptions et belles-lettres 1663, celle des sciences 1666, lâAcadĂ©mie des Ă©lĂšves de Rome 1667, fit construire lâObservatoire de Paris, et sâoccupa du Jardin de botanique ; magnifiques et solides Ă©tablissements qui ont portĂ© si loin la gloire du nom français. Il donna des pensions Ă plusieurs savants Ă©trangers, tels que Heinsius, Vossius, Huyghens, et depuis appela en France les Cassini, les Bernoulli, commanda les beaux voyages de Tournefort, fit mesurer la mĂ©ridienne de Paris, fondement du plus beau travail gĂ©odĂ©sique connu dans lâhistoire ; continua le Louvre sur un plan magnifique, et fit Ă©lever par le gĂ©nie dâun Français, Charles Perrault, lâadmirable façade du plus beau palais du monde. Louis XIV ne pouvait pardonner aux Hollandais lâintervention par laquelle ils avaient bornĂ© ses conquĂȘtes et modĂ©rĂ© ses avantages dans la paix dâAix-la-Chapelle, ni les bravades arrogantes de quelques-uns de leurs magistrats, ni les traits amers que les journaux de cette rĂ©publique lançaient contre lui. Surtout il brĂ»lait du dĂ©sir dâessayer encore une fois ses forces, et dâannoncer par un dĂ©but Ă©clatant la puissante marine quâil venait de crĂ©er par les soins de Colbert. Il sâunit avec le roi dâAngleterre, par lâentremise de Madame. Le prodigue Charles II reçut avec joie les subsides qui lui furent offerts. Louis nâeut point de peine Ă sĂ©duire par le mĂȘme appĂąt deux petits souverains, les Ă©vĂȘques de Munster et de Cologne, animĂ©s de la haine la plus vive contre la rĂ©publique, leur voisine. Le dernier lui ouvrit le passage le plus commode pour frapper les Hollandais de coups aussi terribles quâinattendus. Wesel, Rheinberg et dâautres petites villes sur le Rhin furent prises par le roi dĂšs lâouverture de la campagne. BientĂŽt la fortune lui offrit lâoccasion dâaccomplir un de ces faits qui Ă©tonnent lâimagination des peuples, et qui ont un attrait tout particulier pour les Français. Le comte de Guiche annonça que la sĂ©cheresse de la saison avait formĂ© un guĂ© sur un bras du Rhin, et quâen nageant pendant lâespace de vingt pas, la cavalerie française pourrait franchir un fleuve si renommĂ©. Il Ă©tait dans le gĂ©nie du grand CondĂ© de tenter un tel moyen ; il nâeut pas de peine Ă le faire goĂ»ter au roi. Deux mille hommes, qui gardaient lâautre rive, furent interdits Ă la vue de cette cavalerie qui passait le fleuve. LâarmĂ©e nâeut presque Ă regretter que le jeune duc de Longueville. Le grand CondĂ© eut un poignet fracassĂ© en dĂ©tournant un pistolet qui lui fut tirĂ© Ă bout portant. Louis, qui sâĂ©tait exposĂ© sur la tranchĂ©e dans quelques siĂšges, et particuliĂšrement Ă celui de Lille, eut pourtant la prudence de passer le Rhin sur un pont de bateaux avec son infanterie. Cette circonstance diminuait un peu lâĂ©clat de cette journĂ©e. Le talent dâun de nos premiers postes nâa pas peu contribuĂ© Ă rendre immortel ce passage du Rhin, que lâon comparait dans le temps Ă celui du Granique. La Hollande Ă©tait surprise ; une terreur panique avait saisi tous ses chefs militaires. Les forts les plus vantĂ©s se rendaient aprĂšs quelques jours de siĂšge, et souvent Ă la premiĂšre sommation. Les bras de mer nâĂ©taient plus que des barriĂšres inutiles. Le roi aidait au prestige et Ă la facilitĂ© de cette conquĂȘte par lâexcellente discipline quâil faisait observer Ă ses troupes. On eĂ»t dit quâil prenait possession de lâune de ses provinces. Celles dâUtrecht, dâOver-Yssel et de Gueldre Ă©taient soumises. Amsterdam nâavait presque plus pour dĂ©fense que le dĂ©sespoir de ses habitants et le souvenir des longs et glorieux combats soutenus autrefois pour la libertĂ©. Quelques historiens prĂ©tendent que Louis XIV, avec plus dâaudace et de cĂ©lĂ©ritĂ©, eĂ»t pu prĂ©venir le rĂ©veil de ce peuple ; mais des rĂ©publiques animĂ©es de lâesprit qui a prĂ©sidĂ© Ă leur naissance ne succombent pas ainsi dâun seul coup. On peut prĂ©sumer que ce prince eut un juste pressentiment du nouveau genre dâobstacles que susciterait contre lui le patriotisme rĂ©publicain. Sur le chemin dâAmsterdam, il quitta son armĂ©e pour reprendre celui de la capitale peut-ĂȘtre aussi voulait-il ĂȘtre plus Ă portĂ©e de surveiller les mouvements politiques des cabinets que la jalousie et lâinquiĂ©tude allaient armer contre lui. Lâivresse des Français Ă©tait au comble ; elle Ă©clata dans un triomphe que Louis eut la faiblesse de se dĂ©cerner Ă lui-mĂȘme. Les fĂȘtes nâen avaient point encore cessĂ©, quand on apprit que la Hollande Ă©tait sauvĂ©e de sa ruine, quâune rĂ©volution avait Ă©clatĂ© Ă Amsterdam ; que le prince dâOrange, ĂągĂ© de vingt-deux ans, venait dans le pĂ©ril de la patrie de se crĂ©er une sorte de dictature ; quâil avait excitĂ© les fureurs de la populace contre le grand pensionnaire de Witt, contre le frĂšre de cet illustre rĂ©publicain, et quelques autres magistrats coupables Ă ses yeux du tort dâavoir voulu rĂ©primer les projets de son ambition, coupables aux yeux du peuple des torts de la fortune ; que les cruautĂ©s commises sur leurs cadavres avaient Ă©tĂ© le prĂ©texte dâun terrible engagement pour les auteurs de cette rĂ©volution Ă la fois fĂ©roce et patriotique ; que les ordres du stathouder avaient fait percer des digues et environner dâune mer nouvelle Amsterdam, Leyde et leurs environs ; enfin quâune victoire remportĂ©e par lâamiral Ruyter sur les escadres combinĂ©es dâAngleterre et de France avait mis les cĂŽtes de la Hollande Ă lâabri de toute invasion. On vit avec Ă©tonnement lâEmpire et lâEspagne sâarmer pour la dĂ©fense dâune rĂ©publique si longtemps ennemie de la maison dâAutriche. Le roi dâAngleterre Ă©tait dĂ©savouĂ© dans ses entreprises par son parlement, par le cri de la nation. Le prince dâOrange remuait tout contre Louis XIV, et lui faisait expier lâinjustice de son agression, le stĂ©rile Ă©clat de ses victoires et lâorgueil indiscret de ses triomphes. Toute lâEurope insultait Ă la grandeur théùtrale du nouveau conquĂ©rant ; mais bientĂŽt il la força dâadmirer la grandeur vĂ©ritable dâun roi. LâarmĂ©e française tint peu dans la Hollande ; cependant, comme lâhiver avait glacĂ© les inondations, le marĂ©chal de Luxembourg lança sur cette mer de glace douze mille Français ils avancĂšrent avec intrĂ©piditĂ© ; mais un dĂ©gel qui survint les obligea de repasser Ă la hĂąte sur une digue Ă©troite et fangeuse ; beaucoup y pĂ©rirent ; tous Ă©taient perdus si le commandant dâun fort avait inquiĂ©tĂ© leur retraite. Ils lâachevĂšrent et la souillĂšrent par dâindignes cruautĂ©s. Mais bientĂŽt le roi changea le théùtre de ses opĂ©rations ; et se portant sur la Franche-ComtĂ©, il soumit cette province, non pas tout Ă fait avec autant de rapiditĂ© que la premiĂšre fois, mais avec plus de gloire. Rien ne put tenir devant le gĂ©nie de Vauban et lâaudace des troupes que Louis enflammait par sa prĂ©sence, quelquefois par ses pĂ©rils. Pendant ce temps Turenne dĂ©fendait lâAlsace avec vingt-quatre mille hommes, contre une armĂ©e de soixante-dix mille ImpĂ©riaux. On ne vit jamais une campagne dĂ©fensive conduite avec un savoir plus profond, avec plus dâĂ©clat et de succĂšs. Les troupes allemandes ne purent se prĂ©valoir de leur immense supĂ©rioritĂ©. Le gĂ©nie dâun seul homme semblait avoir triplĂ© le nombre de ses soldats. LâarmĂ©e victorieuse nâĂ©prouvait que des pertes lĂ©gĂšres ; et le soldat français aimait des marches pĂ©nibles et savantes, dont il devinait le but avec une sagacitĂ© quâil tenait de son gĂ©nĂ©ral et de ses victoires. Malheureusement, cette campagne, oĂč lâart de la guerre obtenait son plus beau rĂ©sultat, celui de sauver les frontiĂšres du royaume en mĂ©nageant le sang de ses dĂ©fenseurs, fut souillĂ©e par lâincendie de deux villes et de vingt-cinq beaux villages du Palatinat ; rigueur barbare, indigne des temps modernes et dâun siĂšcle Ă la fois Ă©clairĂ© et chrĂ©tien. Cette dĂ©vastation nâavait pas pour excuse la nĂ©cessitĂ©, puisquâelle ne couvrait quâun mĂ©diocre espace de terrain, et ne succĂ©dait point Ă un grand revers. Turenne, sans doute, obĂ©issait Ă des ordres de Louvois. Mais il devait ĂȘtre assez grand pour dĂ©sobĂ©ir, mĂȘme au risque dâune disgrĂące. Dans la campagne suivante, les ImpĂ©riaux opposĂšrent Ă Turenne un tacticien renommĂ©, Montecuculli. LâhabiletĂ© de leurs campements et de leurs manĆuvres balança lâadmiration de lâEurope. On sâattendait Ă une action dĂ©cisive, lorsquâun coup de canon enleva Turenne au moment oĂč il marquait la place pour une batterie. Que dirons-nous sur les regrets que la France donna Ă la perte de Turenne ? LâĂ©loquence naĂŻve de madame de SĂ©vignĂ© nous lâapprend encore mieux que la haute Ă©loquence de FlĂ©chier. Louis ordonna que les restes du hĂ©ros fussent dĂ©posĂ©s avec ceux des rois pendant quinze ans il lâavait dĂ©fendu contre la haine de Louvois. La mort de ce grand homme de guerre Ă©tait une cruelle Ă©preuve pour la fortune du roi. Les Ă©vĂ©nements accrurent encore de si justes regrets. Le marĂ©chal de CrĂ©qui fut battu Ă ConsarbrĂŒck, avec le reste de cette mĂȘme armĂ©e que Turenne avait rendue si redoutable. ForcĂ© de se retirer dans TrĂšves avec de faibles dĂ©bris, CrĂ©qui se prĂ©parait Ă une belle dĂ©fense ; mais une trahison livra la ville, le gĂ©nĂ©ral et lâarmĂ©e. Le prince de CondĂ© venait de remporter dans la Flandre une victoire inutile et meurtriĂšre. Louis le fit partir pour lâAlsace ; et lâhabile Montecuculli se vit arrĂȘtĂ© dans ses progrĂšs, et forcĂ© de lever le siĂšge de Haguenau. Peu de temps aprĂšs, le marĂ©chal de CrĂ©qui, rachetĂ© de sa prison, rĂ©para son imprudence et son malheur par une suite dâavantages obtenus sur les deux rives du Rhin, de concert avec le marĂ©chal de Lorges. Des succĂšs plus brillants et plus utiles Ă©taient rĂ©servĂ©s Ă Louis dans la Flandre. AidĂ© de Vauban, il prit en personne CondĂ©, Bouchain, Cambrai, aprĂšs des siĂšges mĂ©morables qui laissaient les Français sans rivaux dans cet art. Quant Ă la prise de Valenciennes, exĂ©cutĂ©e Ă©galement sous les yeux du roi, la bravoure française nâa point Ă citer un prodige plus Ă©clatant. AprĂšs quelques jours de siĂšge, on avait rĂ©solu dâattaquer le grand ouvrage Ă cornes ; il est enlevĂ© les mousquetaires cĂšdent Ă leur ardeur, poursuivent les assiĂ©gĂ©s de retranchement en retranchement, arrivent avec eux aux portes de la ville, baissent le pont-levis, gagnent du terrain de maison en maison, reçoivent des renforts, et font capituler trois mille hommes qui dĂ©fendent lâune des plus fortes places de lâEurope. Un peu aprĂšs cet exploit, Monsieur, prince effĂ©minĂ©, timide Ă la cour, se montra dans les combats digne petit-fils de Henri IV, et il obtint Ă Mont-Cassel une victoire signalĂ©e sur le prince dâOrange. LâĂ©clat en fut tel, que le roi rĂ©solut de ne plus laisser Ă son frĂšre une telle occasion de gloire. En mĂȘme temps les Espagnols se voyaient pressĂ©s par nos armĂ©es jusque dans la Sicile. Pour que rien ne manquĂąt Ă ce vaste dĂ©veloppement de puissance, notre marine naissante, conduite par Duquesne, sâĂ©tait mesurĂ©e avec avantage contre les flottes combinĂ©es des Anglais, des Hollandais et des Espagnols, commandĂ©es par Ruyter, que les Français eux-mĂȘmes nommaient le Turenne des armĂ©es navales. Notre pavillon dominait sur les mers, tandis que sur le continent Louis accablait ses ennemis par des succĂšs dignes des plus grands capitaines et des plus grands peuples de lâantiquitĂ©. Il mit le comble Ă sa gloire en offrant la paix aux vaincus, et put se montrer Ă la fois superbe et gĂ©nĂ©reux. Il rendit aux Hollandais lâimportante place de MaĂ«stricht ; aux Espagnols, un grand nombre de villes dans les Pays-Bas, en se rĂ©servant CondĂ©, Bouchain, Ypres, Valenciennes, Cambrai, Maubeuge, Saint-Omer, Cassel, Charlemont et toute la Franche-ComtĂ©. De toutes ses conquĂȘtes sur les ImpĂ©riaux, il ne gardait que Fribourg. Il resta maĂźtre de la Lorraine, qui ne lui Ă©tait point cĂ©dĂ©e, mais quâil ne rendit pas. Telle fut la glorieuse paix de NimĂšgue, signĂ©e le 10 aoĂ»t 1678. Ce fut alors que la France et lâEurope lui donnĂšrent Ă la fois le nom de Grand, surnom presque toujours fatal aux peuples qui le dĂ©cernent et mĂȘme aux princes auxquels il est dĂ©cernĂ©, parce quâĂ©tant, par un malheureux prĂ©jugĂ©, le prix des exploits guerriers, il en perpĂ©tue lâivresse. Cette guerre nâavait point Ă©puisĂ© le trĂ©sor royal. Les bĂ©nĂ©fices du commerce, soutenus par une marine puissante, avaient beaucoup augmentĂ© les richesses de la France. Magnifique pendant la guerre, Louis XIV le fut encore plus aprĂšs la paix. BientĂŽt commencĂšrent les fastueuses constructions de Versailles, modeste chĂąteau de Louis XIII, Ă©rigĂ© dans lâune de ses façades en palais du soleil et conservant dans lâautre sa simplicitĂ© peu Ă©lĂ©gante ; de Trianon, dont un caprice royal fit un palais des fĂ©es ; des aqueducs de Maintenon, des rouages hydrauliques de Marly, dĂ©fis splendides portĂ©s Ă la nature par lâorgueil du monarque ; de ces parcs, de ces jardins renfermant mille stĂ©riles richesses dans des enclos dĂ©mesurĂ©s. Ces dispendieuses merveilles pervertissaient un luxe jusque-lĂ si grand et si judicieux, et cependant elles ne dĂ©tournaient ni Louis ni ses sujets de travaux vraiment utiles. Riquet avait achevĂ© le canal des deux mers, qui eĂ»t suffi pour immortaliser un rĂšgne. La navigation intĂ©rieure tirait un nouveau secours du canal de Briare. Toutes les villes principales Ă©taient enrichies de monuments dont lâĂ©numĂ©ration serait immense. Enfin, le grand cĆur de Louis XIV respirait dans le magnifique Ă©tablissement des Invalides, oĂč sont empreints tous les plus beaux sentiments de lâhomme, câest-Ă -dire la piĂ©tĂ©, la reconnaissance, le respect pour la vieillesse, pour le malheur et la bravoure. Colbert gĂ©missait des dĂ©penses qui nâavaient pas cette utilitĂ© pour objet ; mais timide dans ses remontrances, il Ă©tait faiblement Ă©coutĂ©. Lâascendant de Louvois prĂ©valut. Ce ministre, qui sâattribuait le principal honneur dâune guerre si heureusement conduite et terminĂ©e, rendait la paix pleine de menaces et dâagressions contre divers Ătats. Par ses conseils, le roi nâavait presque rien retranchĂ© de son Ă©tat militaire ; tandis que les puissances vaincues, cĂ©dant Ă la nĂ©cessitĂ©, sâempressaient de licencier leurs troupes. Louis se vit ainsi dans une position fatale, celle oĂč lâon croit pouvoir tout oser. Strasbourg, aprĂšs la conquĂȘte de lâAlsace, avait conservĂ© lâexistence dâune ville libre impĂ©riale. Lâor de la France suscitait depuis longtemps des troubles dans cette petite rĂ©publique. Les magistrats Ă©taient inquiĂ©tĂ©s par des menaces sĂ©ditieuses. La crainte, la vengeance et la cupiditĂ© les portĂšrent Ă livrer leur patrie. BientĂŽt on eut Ă se plaindre de quelques retards apportĂ©s par les Espagnols Ă lâexĂ©cution du dernier traitĂ©. On sâempara de la formidable place de Luxembourg, aprĂšs un long blocus et un bombardement. Mais ce qui rendait cette conquĂȘte odieuse, câest que lâEmpire, dont Louis XIV envahissait les possessions, Ă©tait alors exposĂ© Ă une nouvelle invasion des Turcs. Lâempereur LĂ©opold appelait Ă son secours tous les princes de la chrĂ©tientĂ©. LâAutriche espagnole, que le roi venait dâaccabler encore par la prise de TrĂšves, de Courtrai et de Dixmude, ne put envoyer de secours Ă lâAutriche allemande. Mais deux hĂ©ros, Sobieski, roi de Pologne, et le prince Charles de Lorraine, dĂ©pouillĂ© de ses Ă©tats, mĂ©ritĂšrent toutes les louanges et toutes les bĂ©nĂ©dictions de lâEurope, en dĂ©livrant Vienne et en repoussant les Turcs jusque sur leur frontiĂšre. Le monarque français fut arrĂȘtĂ© par des scrupules tardifs. Il ne donna plus de suite Ă la facile invasion de la Flandre. La paix de NimĂšgue fut convertie en une trĂȘve de vingt ans, et Louis se fit payer dâune modĂ©ration suspecte en gardant la possession de Luxembourg. Lui-mĂȘme, une annĂ©e auparavant, sâĂ©tait prĂ©sentĂ© comme un vengeur de la chrĂ©tientĂ©. Les puissances barbaresques ayant fait dâindignes outrages Ă son pavillon, le roi irritĂ© envoya contre ces pirates le hĂ©ros de la marine française. Duquesne, avec une flotte puissante. Alger, bombardĂ© deux fois, Tunis et Tripoli, qui craignirent le mĂȘme sort, se soumirent Ă toutes les rĂ©parations quâexigea lâimpĂ©rieux monarque. Il reprocha aux GĂ©nois dâavoir vendu quelques secours aux AlgĂ©riens. Pour punir ces rĂ©publicains de cette dĂ©loyale aviditĂ©, il les soumit au mĂȘme chĂątiment quâil venait dâinfliger Ă des barbares. GĂȘnes la magnifique fut foudroyĂ©e par les galĂšres du roi de France, et des palais de marbre enrichis des plus prĂ©cieuses productions des beaux-arts sâĂ©croulĂšrent sous des bombes. GĂȘnes tĂ©moigna son repentir par les plus humbles soumissions. Le doge et quatre principaux sĂ©nateurs vinrent Ă Versailles demander grĂące pour leur rĂ©publique. Cette excessive fiertĂ© du roi lui nuisait encore plus que son ambition. Il nâĂ©tait ni assez insensĂ©, ni assez inhumain pour aspirer Ă la monarchie universelle nĂ©anmoins lâEurope le crut capable dâun tel dessein, parce que son orgueil semblait arriver au mĂȘme point que sâil lâeĂ»t obtenue. Lâambassade quâimagina dâenvoyer un usurpateur du trĂŽne de Siam Ă ce prince, qui ne possĂ©dait quâun comptoir dans les Indes, flatta singuliĂšrement la vanitĂ© des Français en amusant leur curiositĂ© ; mais les puissances maritimes dont le pavillon dominait sur les mers sourirent dâune pompe si vaine, des projets chimĂ©riques quâelle enfanta, et du mauvais succĂšs dâune expĂ©dition chargĂ©e Ă la fois de secourir le roi de Siam et de convertir le peuple indien. Tandis que le roi au sein dâune paix trop agitĂ©e commettait des fautes que deux ligues successives, et surtout la derniĂšre, devaient lui faire cruellement expier, il couvrait nos frontiĂšres et nos ports de ces admirables fortifications, oĂč Vauban dĂ©ploya toute lâĂ©tendue de son gĂ©nie, et Louis toute lâĂ©tendue de sa prĂ©voyance royale. La triple enceinte de places fortes Ă©levĂ©es ou rĂ©parĂ©es sur la frontiĂšre du nord, et qui se prolongeaient sur celle de lâest, semblait annoncer que Louis XIV, en assurant ses conquĂȘtes, consentait Ă imposer des limites. Mais lâEurope, choquĂ©e de son orgueil, ne crut pas Ă ce signe de modĂ©ration. De toutes les grandes constructions de ce prince il nâen est point qui doive rendre sa mĂ©moire plus chĂšre et plus respectable aux Français. Cependant la mort de Colbert venait dâaugmenter le crĂ©dit de Louvois. Ce ministre obsĂ©dait Louis de projets despotiques, et se rendait plus dangereux pour lui que nâeĂ»t pu lâĂȘtre tout un peuple de flatteurs. Le roi, quoique encore Ă©loignĂ© de la vieillesse, commençait Ă montrer une rĂ©gularitĂ© sĂ©vĂšre dans ses mĆurs. Sa cour, plus splendide que jamais, ne retraçait presque plus rien de la gaietĂ© brillante des premiĂšres annĂ©es de ce rĂšgne. On ne savait si lâon devait bĂ©nir ou accuser madame de Maintenon dâune rĂ©forme trop chagrine. Le monarque ne se plaisait plus quâauprĂšs dâelle. Une tendre amitiĂ© lui fit faire ce que jamais la passion nâeĂ»t obtenu de lui peu de temps aprĂšs la mort de la reine il Ă©pousa madame de Maintenon. Son orgueil cependant ne put admettre quâun mariage clandestin, dont lâexistence nâest pas douteuse, mais dont lâĂ©poque est restĂ©e incertaine. Mais Louis compromit toute la gloire de son rĂšgne et en affaiblit les plus puissants ressorts par la rĂ©vocation de lâĂ©dit de Nantes, ou plutĂŽt par les violences quâon exerça en son nom dans lâexĂ©cution de cette mesure. Louvois haĂŻssait dans les protestants les protĂ©gĂ©s de Colbert tandis que la France jouissait du plus brillant essor de leur industrie, il leur faisait un crime de leurs richesses, et ne tenait aucun compte de lâesprit de paix auquel ils avaient Ă©tĂ© amenĂ©s par le travail, encore plus que par le malheur. Le roi, dĂšs le commencement de son rĂšgne, sâĂ©tait proposĂ© de les exclure de tous les emplois. Cette prĂ©caution, secondĂ©e par le zĂšle de plusieurs prĂ©lats, avait dĂ©jĂ dĂ©tachĂ© de cette religion tous les nobles qui lui avaient prĂȘtĂ© autrefois un si redoutable appui. Que pouvait-on craindre des protestants, lorsquâils perdaient par cette dĂ©fection toute ombre de puissance politique et militaire ? Louvois chercha tous les moyens de les irriter, afin de leur arracher quelques murmures dont le roi fĂ»t offensĂ©. Depuis 1670, tous les ans il paraissait quelque Ă©dit qui restreignait la tolĂ©rance. Des soldats et surtout des dragons se rĂ©pandirent dans les provinces oĂč le protestantisme Ă©tait encore professĂ© ; ils appuyaient par leurs armes les prĂ©dications des Ă©vĂȘques, des curĂ©s et les menaces des intendants. Les protestants, troublĂ©s perpĂ©tuellement dans leur asile, rançonnĂ©s et ne pouvant dĂ©fendre leurs femmes et leurs filles de lâinsolente soldatesque, cĂ©daient pour la plupart Ă lâorage. On vit partout des conversions subites et promptement rĂ©tractĂ©es. Par ces mesures, Louvois nâavait fait que prĂ©parer le coup le plus cruel et le plus aveugle du despotisme Louis se rĂ©solut Ă le frapper octobre 1685. Le culte de lâĂglise rĂ©formĂ©e fut interdit dans toutes les provinces, exceptĂ© en Alsace, oĂč il Ă©tait protĂ©gĂ© par une capitulation rĂ©cente. Les ministres de cette religion reçurent lâordre de sortir du royaume sous peine de mort quinze mille familles protestantes qui les suivirent en exil se vengĂšrent de leur ingrate patrie, ou plutĂŽt de leur cruel gouvernement, en rĂ©pandant en Allemagne, en Angleterre, en Hollande, les secrets les plus prĂ©cieux de nos manufactures. La persĂ©cution nâen fut que plus implacable contre ceux auxquels leur misĂšre interdisait ce douloureux exil ; le dĂ©sespoir fit prendre les armes Ă de malheureux paysans des CĂ©vennes, qui sâaguerrirent au point de pouvoir vingt ans plus tard se dĂ©fendre avec quelque succĂšs contre les armes de deux marĂ©chaux de France. La plupart des Ă©vĂȘques du royaume crurent devoir applaudir au rĂ©sultat dâune mesure quâaucun dâeux nâavait provoquĂ©e ; les magistrats, les courtisans et mĂȘme les gens de lettres cĂ©lĂ©brĂšrent lâexil de soixante mille Français. Les protestants fugitifs allĂšrent partout rĂ©veiller contre Louis XIV des haines que lâĂ©clat de sa gloire avait au moins rendues muettes. Le prince dâOrange se flatta pour cette fois de diriger avec plus de succĂšs une ligue qui depuis la paix de NimĂšgue lui reprochait ses pertes et ses humiliations. Les liens de cette ligue Ă©taient dĂ©jĂ resserrĂ©s, lorsquâune nouvelle rĂ©volution, excitĂ©e ou du moins secondĂ©e par lui-mĂȘme en Angleterre, prĂ©cipita du trĂŽne lâimprudent frĂšre du prodigue Charles II. Louis XIV nâeut que trop Ă se reprocher les malheurs de Jacques II, dont il nâavait cessĂ© dâexciter les volontĂ©s despotiques, qui ne firent que rĂ©volter les esprits tout disposĂ©s Ă Ă©clater quand le prince dâOrange, gendre de Jacques II, entreprit son expĂ©dition parricide. A peine sa puissante flotte fut-elle signalĂ©e sur les cĂŽtes dâAngleterre, que la conspiration se dĂ©clara. Le roi Jacques, malgrĂ© sa bravoure personnelle, ne put tenter la fortune dâun combat trahi par les siens jusque dans sa fuite, il fut ramenĂ© Ă Londres. Mais Guillaume craignit de joindre au nom dâusurpateur un nom plus odieux encore il fut permis Ă Jacques II de se rendre avec sa famille Ă la cour de France. LâEurope ne vit jamais une scĂšne plus auguste dâhospitalitĂ© le roi vint au-devant des illustres fugitifs, leur tint le langage le plus noble, le plus touchant ; voulut que Jacques II jouĂźt Ă Saint-Germain de tous les honneurs que dans des jours plus prospĂšres il eĂ»t pu recevoir dans ses propres Ătats ; il lui donna une partie de ses gardes, pourvut Ă ses dĂ©penses par une pension de 800 000 francs, et embellit ses prĂ©sents multipliĂ©s par une dĂ©licatesse dont la cour de France offrait seule encore le modĂšle. Il ne se bornait pas Ă ces soins magnifiques un armement formidable Ă©tait destinĂ© Ă faire remonter Jacques II sur le trĂŽne ; câĂ©tait Ă qui briguerait lâhonneur de monter sur les vaisseaux chargĂ©s dâune si honorable mission. Les Français avaient Ă©tĂ© rĂ©voltĂ©s de lâaction de Guillaume et de son Ă©pouse ; son crime Ă©tait Ă©loquemment dĂ©noncĂ© par nos grands Ă©crivains. Louis, quoiquâil eĂ»t commis la plupart des fautes auxquelles on doit imputer les malheurs du dĂ©clin de son rĂšgne, Ă©tait encore aimĂ©. La douleur avait Ă©tĂ© presque universelle dans le royaume, lorsque dans lâannĂ©e 1686 on apprit que sa santĂ© Ă©tait altĂ©rĂ©e et quâil avait subi lâopĂ©ration, dangereuse alors, de la fistule. DĂšs quâon fut assurĂ© de sa guĂ©rison, les Ă©glises et toutes les assemblĂ©es publiques retentirent dâactions de grĂąces qui Ă©taient rĂ©pĂ©tĂ©es mĂȘme dans lâintĂ©rieur des familles. On ne fut saisi dâaucune Ă©pouvante lorsque lâon vit lâannĂ©e 1688, lâEspagne, le duc de Savoie, plusieurs autres princes dâItalie, lâAngleterre, la Hollande, lâAutriche, la plupart des princes et villes de lâAllemagne, enfin jusquâau roi de SuĂšde, dĂ©clarer la guerre Ă la France. Lâesprit militaire de la cour entraĂźnait encore la nation ; la grandeur du monarque semblait augmenter par le nombre de ses ennemis il Ă©tait encore aidĂ© par Louvois, mais non plus par ce Colbert qui avait trouvĂ© le secret de rendre la France florissante au milieu de guerres vives et prolongĂ©es. Ses flottes et cinq armĂ©es de terre, tout fut prĂȘt Ă la fois, tout sâĂ©mut avec de brillantes espĂ©rances de victoire. Le dĂ©but de la campagne maritime surpassa tous les exploits par lesquels nos armĂ©es navales sâĂ©taient annoncĂ©es nos vaisseaux portĂšrent Jacques II sur les cĂŽtes de lâIrlande, oĂč il dĂ©barqua, secondĂ© par un parti assez puissant, et lui firent parvenir successivement divers renforts. Les flottes anglaise et hollandaise se prĂ©sentĂšrent enfin ; Tourville et dâEstrĂ©es vinrent Ă leur rencontre avec 72 grands vaisseaux, et remportĂšrent une victoire complĂšte 17 vaisseaux ennemis furent dĂ©truits ou dĂ©mĂątĂ©s. Pendant ce temps une armĂ©e française, conduite par le Dauphin, faisait en Allemagne de rapides conquĂȘtes ; le siĂšge de Philisbourg, dirigĂ© par Vauban, avait rappelĂ© les siĂšges si glorieux de Lille et de Valenciennes. Manheim, Spire, Worms et plusieurs villes du Palatinat avaient ouvert leurs portes Ă lâarmĂ©e victorieuse ; mais plĂ»t Ă Dieu que nos armĂ©es eussent Ă©tĂ© repoussĂ©es de ce Palatinat, qui devait ĂȘtre le théùtre dâune seconde barbarie de Louvois. LâĂ©lecteur palatin nâĂ©tait entrĂ© quâĂ regret dans la ligue dâAugsbourg ; son peuple nâavait pris aucune part aux opĂ©rations militaires. On Ă©tait au cĆur de lâhiver, et voilĂ que Louis, malheureusement trop docile aux conseils de son ministre, signe lâordre dâincendier lâun des pays les plus florissants de lâEurope Manheim, Heidelberg, dâautres petites villes et plus de cinquante villages furent la proie des flammes. Louis XIV, par lâhorreur quâexcita cette odieuse exĂ©cution, donna lui-mĂȘme un lien de plus Ă la ligue formĂ©e contre lui. De nouveaux gĂ©nĂ©raux, Ă©lĂšves de Turenne et de CondĂ©, parurent sur la scĂšne ; mais la France fut cette fois accablĂ©e dâun luxe de victoires stĂ©riles. Catinat Ă©tait de tous ces gĂ©nĂ©raux celui qui rappelait le plus le gĂ©nie, la prudence et la modestie de Turenne ; le roi lui avait confiĂ© le soin de la guerre dâItalie. Les Français trouvĂšrent sur ce point un prince aussi habile Ă la guerre que versĂ© dans tous les secrets dâune politique astucieuse câĂ©tait Victor-AmĂ©dĂ©e, duc de Savoie. Catinat par son activitĂ© triompha de tous les efforts de ce prince, et le battit dans les deux journĂ©es de Staffarde et de Marseille ; mais tandis quâil pĂ©nĂ©trait en vainqueur dans le PiĂ©mont, Victor-AmĂ©dĂ©e se jeta sur le DauphinĂ© cette diversion imprĂ©vue arrĂȘta les progrĂšs de Catinat. Le marĂ©chal de Noailles ne se bornait point Ă une guerre dĂ©fensive sur la frontiĂšre des PyrĂ©nĂ©es ; aprĂšs avoir remportĂ© sur les Espagnols la bataille dâOuter, il prit Gironne. Mais son armĂ©e Ă©tait trop faible pour sâengager dans de nouvelles conquĂȘtes les regards se portaient principalement sur la guerre des Pays-Bas, ou le marĂ©chal de Luxembourg avait en tĂȘte le roi Guillaume. Ce dernier venait de se mesurer contre son beau-pĂšre dans les plaines de lâIrlande, avait remportĂ© sur lui la victoire dĂ©cisive de la Boyne, et pour la seconde fois lâavait forcĂ© Ă la fuite. Jacques II, de retour en France, y trouva les mĂȘmes Ă©gards que sâil y fĂ»t revenu victorieux et vengĂ©. Louis XIV, malheureusement pour notre marine, nâavait point encore renoncĂ© Ă lâespoir de faire rentrer les Anglais sous le joug de ce prince la funeste bataille de la Hague fut le rĂ©sultat de cette obstination. Tourville et dâEstrĂ©es, qui sâĂ©taient si bien secondĂ©s jusque-lĂ , furent sĂ©parĂ©s dans leurs opĂ©rations, soit par la fortune, soit par quelque secrĂšte mĂ©sintelligence. Lâamiral Russel, qui commandait les flottes anglaise et hollandaise, brĂ»la 14 de nos vaisseaux, et mit en fuite tout le reste. Lâamiral anglais ne mit pas notre flotte en dĂ©route. Quarante vaisseaux français soutinrent pendant dix-sept heures le combat contre quatre-vingt-huit vaisseaux anglo-hollandais Ă la fin de cette lutte prodigieuse, pas un vaisseau français nâĂ©tait pris ou coulĂ©, tandis que trois vaisseaux ennemis avaient Ă©tĂ© obligĂ©s dâamener leur pavillon. Jusque-lĂ cette bataille Ă©tait, bien quâindĂ©cise dans ses rĂ©sultats matĂ©riels, une grande victoire au point de vue de lâeffet moral. Mais notre flotte avait beaucoup souffert, et nous nâavions pas un seul port sur la Manche oĂč nos vaisseaux pussent se rĂ©fugier. Les treize vaisseaux les plus maltraitĂ©s se retirĂšrent de la rade de la Hague et Ă Cherbourg, oĂč, par la faute du marĂ©chal de Bellefond et du roi Jacques II, qui ne firent aucune rĂ©sistance, les Anglais vinrent brĂ»ler nos navires. Le reste de la flotte trouva un abri dans le port de Brest. La fortune sembla dâabord abandonner Guillaume dans les combats quâil soutint contre les Français pour la dĂ©fense des Pays-Bas ; mais il sut tout rĂ©parer par la prodigieuse constance de son Ăąme. DĂ©jĂ , dans les campagnes prĂ©cĂ©dentes, on avait remarquĂ© les talents du marĂ©chal de Luxembourg mais, pendant la paix, il avait conspirĂ© lui-mĂȘme contre sa gloire par dâindignes liaisons et de dĂ©plorables faiblesses. On lâavait vu compromis dans des poursuites qui furent dirigĂ©es contre une devineresse nommĂ©e la Voisin, quâon accusait de plusieurs crimes. Sur le bruit des accusations portĂ©es contre lui, il vint se prĂ©senter au roi, et demander que la Bastille lui fĂ»t ouverte. Le roi lây laissa languir quelque temps ; mais enfin il sauva un des hĂ©ros de lâarmĂ©e française de lâignominie dâĂȘtre associĂ© avec de vils malfaiteurs, fanfarons de sorcellerie. Luxembourg sentait vivement le besoin de se faire une gloire nouvelle. On ne vit jamais les troupes françaises conduites avec plus dâardeur mais Ă peine cinq ou six villes furent-elles le prix des victoires tant cĂ©lĂ©brĂ©es de Fleurus, de Leuse, de Steinkerque et de Nerwinde elles excitĂšrent vivement lâenthousiasme des Français, et ne prolongĂšrent que trop leur passion et celle de leur roi pour la guerre. A chacune de ces batailles Guillaume put se retirer en bon ordre ; et les Français Ă©taient trop affaiblis par leurs victoires pour oser le poursuivre. Il nây en eut point de plus disputĂ©e et de plus meurtriĂšre que celle de Steinkerque. Cinq princes français y firent des prodiges de valeur. CâĂ©tait Philippe, duc dâOrlĂ©ans, depuis rĂ©gent de France ; câĂ©tait Louis, duc de Bourbon, petit-fils du grand CondĂ© ; câĂ©tait le prince de Conti, le plus brillant, le plus spirituel et le plus aimĂ© de tous ces jeunes hĂ©ros ; câĂ©taient enfin deux petits-fils de Henri IV, le duc de VendĂŽme, destinĂ© a une grande gloire militaire, et son frĂšre, le grand prieur, voluptueux tous les deux, mais terribles dans un jour de bataille. On ne suffirait pas Ă nombrer les beaux faits dâarmes de ces princes, et surtout ceux des marĂ©chaux de Luxembourg et de Boufflers. Lâordre royal de Saint-Louis, instituĂ© en 1693, fut la rĂ©compense de la valeur. Les Ă©glises se tapissaient de drapeaux ; mais les armĂ©es de Guillaume nâavaient presque point changĂ© de position. Louis XIV nâavait pas pris Ă cette guerre une part aussi active que dans les campagnes prĂ©cĂ©dentes. Louvois avait arrangĂ©, pour lâorgueil du roi, le siĂšge de Namur. On rĂ©ussit Ă prendre cette forteresse Ă la vue dâune armĂ©e ennemie ; mais, lâannĂ©e suivante, Guillaume vint Ă bout de la reprendre, quoiquâelle eĂ»t reçu des fortifications de Vauban. Cependant Louis, malgrĂ© des succĂšs si peu dĂ©cisifs, nâavait fait la guerre que sur le terrain ennemi. Il occupait encore beaucoup de places et de forteresses, quand lâintolĂ©rable fatigue des Français, la misĂšre faisait dâaffreux progrĂšs dans le royaume, lâĂ©puisement des finances et le poids dâune dette horriblement accrue, le dĂ©cidĂšrent Ă signer la premiĂšre paix qui nâajouta rien Ă ses possessions 1697. On rendit Ă lâEspagne Mons, Ath, Courtrai ; Ă lâEmpire, Fribourg, Brisach, Kehl, Philisbourg prĂ©cĂ©demment, on avait rendu au duc de Savoie les villes conquises sur lui pour le dĂ©tacher de la coalition. Tout le but de la plus puissante ligue que lâEurope eĂ»t vue jusque-lĂ se trouvait manquĂ©. Du reste, la puissance de Louis nâavait souffert aucun Ă©chec. La gloire du nom français Ă©tait encore accrue par un nombre de victoires qui eussent suffi pour illustrer cinq ou six des rĂšgnes prĂ©cĂ©dents mais la France et lâEurope purent Ă peine respirer pendant prĂšs de trois annĂ©es. Durant les nĂ©gociations de la paix de Ryswyck, les puissances alliĂ©es ne sâĂ©taient point fait scrupule de rĂ©gler le partage des Ătats dâun prince encore vivant et mĂȘme encore jeune, du monarque le plus puissant qui fĂ»t Ă la tĂȘte de cette ligue, câest-Ă -dire de Charles II, roi dâEspagne. Ce prince dĂ©pĂ©rissait lentement, et ne laissait aucun hĂ©ritier dans la branche espagnole de lâAutriche. Le roi dâAngleterre, Guillaume, avait proposĂ© un partage favorable Ă chacun des alliĂ©s, et surtout Ă la branche allemande dâAutriche, qui Ă©tait appelĂ©e au trĂŽne de lâEspagne et des Indes occidentales. On consentit, dans le cours des nĂ©gociations, Ă laisser Naples et la Sicile au fils de Louis XIV. Celui-ci semblait content de son partage ; il reprit cette nĂ©gociation avec ardeur aprĂšs la paix. Mais lâempereur, qui espĂ©rait pour son fils lâarchiduc toute lâĂ©tendue de la succession, refusa de signer. Charles II mourut le 1er novembre 1700. Quel fut lâĂ©tonnement de lâEurope, quelles furent ses alarmes, en apprenant que ce roi, qui venait de soutenir deux guerres trĂšs vives contre la France, dont les ancĂȘtres sâĂ©taient montrĂ©s si avides dâenvahir nos plus belles provinces, abandonnait, par son testament, la totalitĂ© de ses Ătats au duc dâAnjou, second fils du Dauphin ! Le dĂ©tail des intrigues qui amenĂšrent ce testament nous conduirait trop loin, et ne pourrait dâailleurs nous amener Ă aucune certitude historique. Un si prodigieux coup de fortune Ă©tourdit Louis XIV, et ranima un orgueil qui nâavait pas encore pliĂ©, mais qui paraissait se modĂ©rer. Par la mort de Louvois, son maĂźtre sâĂ©tait vu dĂ©livrĂ© dâun cruel instigateur de guerres. Ce ministre, qui avait travaillĂ© avec un art si funeste Ă se rendre indispensable, sâĂ©tait enfin rendu odieux au roi. Dans le cours de la guerre prĂ©cĂ©dente, il avait osĂ© lui proposer de renouveler dans le pays de TrĂšves lâexĂ©crable exemple des deux incendies du Palatinat. Louis, dont le cĆur Ă©tait sans doute poursuivi par ce fatal souvenir, se leva furieux, et fut prĂšs de se livrer Ă la derniĂšre violence contre son ministre. Louvois tomba malade, pendant un conseil oĂč le roi lui avait adressĂ© de sĂ©vĂšres reproches, et mourut dans la nuit mĂȘme. Louis XIV apprit sa mort, non avec des signes de joie, mais avec ceux dâune profonde indiffĂ©rence. La France, malgrĂ© toutes les pompes de Versailles, Ă©tait encore languissante, extĂ©nuĂ©e, Ă la suite des efforts hĂ©roĂŻques quâelle venait de soutenir contre toute lâEurope. La funeste passion des succĂšs militaires dominait beaucoup moins Ă la cour. Un prĂ©lat, modĂšle de vertu, de gĂ©nie et de piĂ©tĂ© tendre, attaquait, en chrĂ©tien autant quâen homme dâĂtat, la frĂ©nĂ©sie militaire câĂ©tait FĂ©nelon, archevĂȘque de Cambrai, et prĂ©cepteur du duc de Bourgogne. Par lâinfidĂ©litĂ© dâun de ses domestiques, le TĂ©lĂ©maque avait paru ; et FĂ©nelon expiait par un exil dans son diocĂšse et par une Ă©ternelle sĂ©paration dâavec son royal Ă©lĂšve la composition de ce beau livre, oĂč Louis XIV crut voir une satire de son gouvernement. Le duc de Bourgogne, dont les vertus naissantes et dĂ©jĂ fortes inspiraient du respect Ă son aĂŻeul, se montrait attachĂ© aux principes de la politique toute morale de son instituteur. Les ducs de Chevreuse et de Beauvilliers, le marĂ©chal de Catinat, quoique heureux Ă la guerre, et quelques magistrats Ă©clairĂ©s, inclinĂšrent fortement pour la paix, et proposĂšrent de renoncer au testament de Charles II, pour sâen tenir au traitĂ© de partage dĂ©jĂ consenti par le roi. Louis avait soixante-deux ans, et pouvait difficilement supporter les fatigues de la guerre. Madame de Maintenon, dans ses sollicitudes pour la santĂ© du monarque, ne devait lui donner et ne lui donna sans doute que des conseils de paix. De toutes les fautes de Louis XIV, celle qui lui fut le plus entiĂšrement personnelle, celle dont la France et lui-mĂȘme portĂšrent le plus cruellement la peine, ce fut dâavoir repoussĂ© tant de sages conseils, et de sâĂȘtre exposĂ© encore une fois aux chances de la fortune. Il accepta le testament de Charles II. LâEurope frĂ©mit, et sâarma. Louis parvint cette fois Ă sâassurer deux alliĂ©s, les Ă©lecteurs de BaviĂšre et de Cologne. Il comptait Ă©galement sur le duc de Savoie, qui, un peu avant la paix de Ryswyck, avait mariĂ© lâune de ses filles au duc de Bourgogne, et qui scella bientĂŽt un nouveau lien avec la France par lâunion de sa seconde fille avec ce mĂȘme duc dâAnjou, appelĂ© au trĂŽne de lâEspagne. Mais le duc de Savoie fut un des premiers Ă entrer dans la ligue opposĂ©e, en calculant dâavance les avantages que la cour de France lui ferait pour lâen dĂ©tacher. De toutes les possessions de Charles II il nây eut que lâEspagne oĂč les Français furent reçus avec quelque faveur. Dans la plupart des provinces de ce royaume, la noblesse et le clergĂ© sâĂ©taient dĂ©clarĂ©s pour le petit-fils de Louis XIV. Le nouveau roi, Philippe V, dut sans doute cet avantage aux admirables instructions Ă©crites que lui donna son aĂŻeul. Elles nous ont Ă©tĂ© conservĂ©es et lâon peut y voir la profondeur et lâhabiletĂ© de sa politique. Le style en est plein de noblesse et de fermetĂ©. Louis en avait su renfermer tout le fonds dans une parole sublime, que lâhistoire rĂ©pĂ©tera toujours Partez, mon fils ; il nây a plus de PyrĂ©nĂ©es ». La Catalogne, jalouse de recouvrer des privilĂšges depuis longtemps envahis par lâautoritĂ© despotique des rois dâEspagne, annonçait seule un mouvement contraire aux vues de Louis XIV et aux intĂ©rĂȘts de son petit-fils ; mouvement redoutable, puisquâil avait la libertĂ© pour mobile. LâItalie se souvenait trop de nos anciens combats pour recevoir les Français sans dĂ©fiance. Durant trois annĂ©es, les Ă©vĂ©nements militaires parurent encore assez dignes de lâancienne gloire de Louis XIV. A la vĂ©ritĂ©, le marĂ©chal de Villeroi se laissa surprendre et faire prisonnier dans CrĂ©mone ; mais les Français, indignĂ©s, repoussĂšrent lâennemi et restĂšrent maĂźtres de la place, sans pouvoir dĂ©livrer leur gĂ©nĂ©ral. Louis dut certainement regarder comme le plus heureux prĂ©sage pour cette guerre la mort de Guillaume, roi dâAngleterre, et stathouder de Hollande, de cet ennemi opiniĂątre et froidement intrĂ©pide. Mais la fortune lui suscitait deux ennemis plus dangereux encore, dont les talents avaient plus dâĂ©clat et la haine plus de profondeur câĂ©taient le prince EugĂšne et Marlborough. Le premier Ă©tait, par sa mĂšre, petit-neveu du cardinal Mazarin. DĂ©jĂ il sâĂ©tait distinguĂ© dans les guerres de lâAutriche contre les Turcs ; il sâannonça en Italie par le savant passage de lâOglio et la victoire de Chiari. Le duc de VendĂŽme ne se montra point indigne dâun si puissant adversaire. Pendant deux ans, ils se firent une guerre savante et peu dĂ©cisive. Marlborough Ă©tait animĂ© dâune haine encore plus vive contre la France. Courtisan de Jacques II, il avait abandonnĂ© ce prince dans son malheur, et sâĂ©tait rangĂ© parmi ses plus implacables ennemis. Il sentait le besoin de couvrir le tort de cette dĂ©fection par une grande dĂ©monstration de zĂšle pour la libertĂ©, et surtout par la gloire. On le voyait Ă la fois diriger par ses intrigues les deux chambres du parlement dâAngleterre, la cour aimable et polie de la reine Anne, et les cabinets de lâEurope. BientĂŽt il sut conduire des armĂ©es, et supplĂ©er, par sa bravoure, par son impĂ©tuositĂ© et la vivacitĂ© de son coup dâĆil, Ă lâĂ©tude profonde de lâart militaire. Les Français venaient de cĂ©lĂ©brer trois victoires nouvelles, celles de Friedlingen et de Hochstett, dues au marĂ©chal de Villars, et celle de Spire, due au marĂ©chal de Tallard. De la BaviĂšre qui leur Ă©tait ouverte, ils Ă©taient prĂȘts Ă sâĂ©lancer sur lâAutriche, lorsque EugĂšne et Marlborough vinrent se concerter pour la dĂ©fense de lâempereur. Les Français nâĂ©taient plus commandĂ©s par Villars, et se trouvaient dans la mĂȘme ville dâHochstett, que ce gĂ©nĂ©ral avait illustrĂ©e par une victoire. Ils combattaient avec les Bavarois mais lâarmĂ©e de Marlborough et EugĂšne parvint par ses manĆuvres Ă les sĂ©parer de leurs auxiliaires. Tallard ne sut se dĂ©fendre quâavec un aveugle courage. TournĂ© dans toutes ses positions, il est fait prisonnier ; vingt-deux de ses bataillons ont posĂ© les armes ; le champ de bataille est couvert de 12 000 Français. LâĂ©lecteur de BaviĂšre fuit en dĂ©sordre ; ses Ătats sont envahis, mis au pillage les Français sont chassĂ©s et poursuivis jusque dans lâAlsace. La fortune de Louis XIV nâavait encore Ă©tĂ© traversĂ©e que par de lĂ©gers Ă©checs promptement rĂ©parĂ©s. Il ne parut point abattu de ce grand dĂ©sastre ; mais lâĂąge, sans avoir affaibli la vigueur de son caractĂšre, ne lui laissait plus cette activitĂ© qui avait Ă©tĂ© un si puissant aiguillon pour ses armĂ©es. Du fond de Versailles, et de concert avec quelques vieux gĂ©nĂ©raux, quelquefois mĂȘme avec des commis, il traçait des plans de campagne, et se flattait de pouvoir diriger Ă la fois des opĂ©rations sur le Tage, sur le PĂŽ, sur le Danube et sur la Meuse. Tout le systĂšme militaire auquel il avait dĂ» lâĂ©clat de ses armes Ă©tait rompu, parce que les Français agissaient trop loin de leurs magasins. Louis occupait le marĂ©chal de Villars Ă combattre des paysans dans les CĂ©vennes, tandis quâil confiait une nouvelle armĂ©e Ă Villeroi, dont le nom, depuis la surprise de CrĂ©mone, Ă©tait devenu un objet de dĂ©rision pour lâarmĂ©e aussi les Pays-Bas Ă©chappĂšrent-ils bientĂŽt Ă ce monarque. Villeroi y perdit la bataille de Ramillies, journĂ©e plus sanglante, plus honteuse et plus dĂ©cisive que celle de Hochstett. Louis XIV avait Ă se reprocher un choix imprudent ; il le sentit, et il eut la noblesse dâĂąme de ne point faire de reproches Ă Villeroi. Monsieur le marĂ©chal, lui dit-il, on nâest pas heureux Ă notre Ăąge ». On Ă©prouva encore dans les Pays-Bas un Ă©chec Ă Oudenarde, quoique le duc de VendĂŽme y commandĂąt, et que le duc de Bourgogne y fĂ»t prĂ©sent. Enhardi par ses succĂšs, le prince EugĂšne mit le siĂšge devant Lille, qui, aprĂšs dix mois de la plus hĂ©roĂŻque dĂ©fense, ne se rendit que par lâĂ©puisement des vivres et des munitions. Vers le mĂȘme temps nous perdions lâItalie. Le prince EugĂšne força les Français dans les lignes quâils occupaient devant Turin 1708, et il osa faire des incursions dans la Provence et le DauphinĂ©. En Espagne, on avait aussi essuyĂ© des revers Philippe V avait Ă©tĂ© forcĂ© de fuir de Madrid, Ă lâapproche de lâarchiduc, secondĂ© par les Catalans. Mais le marĂ©chal de Berwick Ă©tait parvenu Ă y ramener le roi, en gagnant la bataille dâAlmanza. Le dĂ©sordre des finances Ă©tait au comble. Louis ajoutait encore au chagrin de sa vieillesse, aux ennuis de sa cour, lâaccablant ennui des controverses religieuses. Enfin la nature semblait aussi se dĂ©chaĂźner contre la France une seule nuit de lâhiver de 1709 fit pĂ©rir les oliviers, les vignes, beaucoup dâarbres fruitiers et, pour comble de dĂ©sastre, une grande partie des blĂ©s fut gelĂ©e. Louis vit la misĂšre de son peuple et demanda la paix, rĂ©signĂ© Ă subir des conditions rigoureuses ; mais on se fit un plaisir de lui en prĂ©senter dâavilissantes ; on alla jusquâĂ exiger quâil envoyĂąt une armĂ©e en Espagne pour dĂ©trĂŽner son petit-fils. Puisquâon veut, reprit Louis XIV, que je continue la guerre, jâaime mieux la faire Ă mes ennemis quâĂ mes enfants. » La France oublia ses propres malheurs pour compatir Ă ceux de son roi. Les dĂ©faites des armĂ©es françaises furent rĂ©parĂ©es. La famine elle-mĂȘme faisait voler sous les drapeaux des milliers dâhommes qui nâespĂ©raient plus dâaliments quâĂ la guerre la bataille de Malplaquet annonçait Ă lâEurope ce que pouvait ĂȘtre le dĂ©sespoir des Français ; les marĂ©chaux de Villars et de Boufflers lâengagĂšrent prĂšs des murs de Mons contre EugĂšne et Marlborough ils furent repoussĂ©s, mais les ennemis durent dĂ©sespĂ©rer de la conquĂȘte de la France. Cette victoire leur avait coĂ»tĂ© 20 000 hommes tuĂ©s ou blessĂ©s, la perte des Français nâavait Ă©tĂ© que de 8 000 ; sans la blessure du marĂ©chal de Villars ils Ă©taient triomphants Boufflers avait conduit la retraite en bon ordre. Louis ne sâoccupa plus quâĂ nĂ©gocier avec ses ennemis sĂ©parĂ©ment ; toutes les mesures furent prises avec vigueur. Les flottes françaises osĂšrent sâapprocher encore une fois des cĂŽtes de lâAngleterre. Deux intrĂ©pides armateurs, Duguay-Trouin et Jean Bart dĂ©solĂšrent le commerce de lâAngleterre, de la Hollande, de lâEspagne et du Portugal ; la prise de Rio de Janeiro, capitale du BrĂ©sil, immortalisa Duguay-Trouin, et rĂ©veilla le goĂ»t des brillantes aventures. Le duc de VendĂŽme fut envoyĂ© en Espagne au moment oĂč les Français venaient dâĂȘtre battus devant Saragosse ; avec les dĂ©bris dâune armĂ©e fugitive, il obtint bientĂŽt la victoire de Villa-Viciosa ; et ce petit-fils de Henri IV Ă©tablit les Bourbons sur le trĂŽne dâEspagne. LâannĂ©e 1711 sâannonça dans la Flandre sous de tristes auspices. Le prince EugĂšne avait redoublĂ© de confiance et dâimpĂ©tuositĂ© ; il sâempara de Bouchain, du Quesnoy, de Douai, et poussa des partis jusque dans la Champagne. Ce fut alors que Louis XIV profĂ©ra ces belles paroles Si je ne puis obtenir une paix Ă©quitable, je me mettrai Ă la tĂȘte de ma brave noblesse et jâirai mâensevelir sous les dĂ©bris de mon trĂŽne. » Villars trouva dâautres ressources que celles du dĂ©sespoir. Cet habile et heureux guerrier, quâon opposait enfin au prince EugĂšne, feignit lâinaction. Pendant ce temps, la politique de Louis XIV agissait ; il Ă©tait parvenu Ă dĂ©tacher la reine Anne de la ligue victorieuse. et avait signĂ© avec elle une suspension dâarmes, en lui laissant Dunkerque pour gage. EugĂšne, qui sâoccupait du siĂšge de Landrecies, avait mal Ă©tabli les communications entre les quartiers de son armĂ©e Villars profita de cette faute avec autant dâhabiletĂ© que dâhĂ©roĂŻsme ; et le seul combat de Denain rĂ©para lâeffet de six grandes batailles perdues. LâarmĂ©e hollandaise y fut entiĂšrement dĂ©truite ; Landrecies fut dĂ©livrĂ©e ; Douai, le Quesnoy furent repris en peu de temps. DĂšs lors, le Hollande cessa de mettre obstacle Ă la paix que voulait lâAngleterre. Les confĂ©rences sâouvrirent Ă Utrecht ; les nĂ©gociateurs français, parmi lesquels surtout il faut distinguer Torey, firent des prodiges dâhabiletĂ© ; lâAngleterre et lâEurope consentirent qui lâaurait cru ? Ă laisser le petit-fils de Louis XIV sur le trĂŽne dâEspagne. Lâempereur se refusait encore Ă traiter sur une telle base ; Villars, pour lây dĂ©cider, vint Ă la rencontre du prince EugĂšne sur un autre champ de bataille, força ses lignes devant Fribourg, et fit sous ses yeux de rapides conquĂȘtes en Allemagne. Lâempereur craignit de laisser Ă©couler le temps oĂč il pouvait encore recueillir quelques fruits de ses prĂ©cĂ©dentes victoires. EugĂšne et Villars passĂšrent alors du rĂŽle de gĂ©nĂ©raux Ă celui de nĂ©gociateurs. Louis XIV, par la paix dâUtrecht 1713, nâeut aucun sacrifice important Ă faire, si ce nâest la dĂ©molition du port de Dunkerque ; Lille rentra sous la domination française. Les alliĂ©s sâindemnisĂšrent par le partage des diverses possessions excentriques de lâEspagne. Une telle paix Ă©tait infiniment plus utile que celle de Ryswick, qui avait suivi tant de victoires. Louis XIV avait dĂ©ployĂ© une vĂ©ritable grandeur dans ses adversitĂ©s ; quâon examine toute sa conduite depuis 1709, on y verra toutes les ressources dâun grand et profond caractĂšre. Lâart avec lequel il sĂ©para ses ennemis triomphants doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme le chef-dâĆuvre de la politique. Mais ce roi, qui Ă©tait ainsi parvenu Ă dompter la fortune, Ă©tait alors le plus malheureux des pĂšres. Trois gĂ©nĂ©rations sorties de son sang avaient disparu dans lâespace de quelques mois ; le dauphin, Ă©lĂšve de Bossuet et de Montausier, mourut en 1711 Ă lâĂąge de 10 ans. Quoiquâil fĂ»t certain que la petite vĂ©role avait causĂ© la mort de ce prince, il y eut quelque rumeur dâemprisonnement, et lâon affecta de diriger des soupçons sur le duc dâOrlĂ©ans, neveu du roi, prince dâun courage brillant, dâun esprit aimable, mais de mĆurs corrompues. Au mois de fĂ©vrier 1712, un mal qui avait tous les effets dâune Ă©pidĂ©mie et que lâon nommait rougeole pourprĂ©e, frappa et enleva plus de cinq cents personnes, dont quelques-unes Ă©taient du rang le plus distinguĂ© ; la duchesse de Bourgogne en fut atteinte cette princesse avait seule le privilĂšge dâĂ©gayer et dâembellir une cour attristĂ©e par lâĂąge et par les malheurs du monarque. Louis XIV et madame de Maintenon, Ă©galement sĂ©duits par ses grĂąces divines, son enjouement et ses maniĂšres caressantes, en avaient fait leur fille chĂ©rie. Les progrĂšs du mal furent rapides ; le duc de Bourgogne, quâon nommait alors le dauphin, rendait Ă la duchesse les plus tendres soins, et dĂ©jĂ il portait sur son visage les symptĂŽmes de cette cruelle maladie. La dauphine expira le 12 fĂ©vrier. Le roi sâĂ©tait retirĂ© avec madame de Maintenon Ă Marly, pour allĂ©ger, par des mĂ©ditations religieuses, le poids de sa profonde affliction. Le dauphin eut la force de venir se prĂ©senter devant son aĂŻeul mais il le glaça dâeffroi par lâexpression concentrĂ©e de sa douleur, et par les signes trop caractĂ©risĂ©s dâune maladie prochaine. Le roi lui parla avec la plus vive Ă©motion ; il nâĂ©tait personne qui pĂ»t contenir ses larmes. Le prince que FĂ©nelon avait si bien formĂ© dâaprĂšs sa belle Ăąme et son brillant gĂ©nie, mourut le 18 fĂ©vrier. LâaĂźnĂ© de ses deux fils, le duc de Bretagne, ne lui survĂ©cut que deux jours ; le second, le duc dâAnjou depuis Louis XV Ă©tait dangereusement malade. Une mĂȘme cĂ©rĂ©monie funĂšbre rĂ©unit lâĂ©poux, lâĂ©pouse et leur fils. A la vue de ce dĂ©plorable spectacle, le peuple fut Ă©perdu dans sa douleur, et injuste dans ses soupçons. On parlait dâempoisonnement ; le duc dâOrlĂ©ans entendit de son palais les cris publics qui le nommaient empoisonneur la cour lâaccusait avec moins dâanimositĂ© et plus de perfidie. Toutes ces rumeurs sinistres semblaient autorisĂ©es par la dĂ©claration des mĂ©decins, qui, Ă lâouverture des trois cadavres, avaient cru reconnaĂźtre les effets du poison. Le roi fut Ă©branlĂ©, mais il eut la force de rĂ©sister Ă ses propres prĂ©ventions contre un neveu dont il connaissait les principes dissolus et irrĂ©ligieux. Le duc dâOrlĂ©ans, dĂ©sespĂ©rĂ©, vint demander au roi que la Bastille lui fĂ»t ouverte. Louis craignit un Ă©clat qui pouvait ajouter beaucoup aux malheurs de la France ; le chimiste Homberg, que lâon accusait dâavoir fourni les poisons employĂ©s par le duc dâOrlĂ©ans, demandait vivement de prouver son innocence par une instruction juridique. Le roi avait paru dâabord consentir Ă lâoffre gĂ©nĂ©reuse du savant calomniĂ© ; mais lorsque celui-ci vint se prĂ©senter Ă la Bastille, elle lui fut fermĂ©e. Depuis, Louis XIV ne se permit jamais un mot, un geste qui pĂ»t autoriser ou rĂ©veiller les injustes soupçons Ă©levĂ©s contre le duc dâOrlĂ©ans. Il lui restait encore une nouvelle perte, un nouveau coup Ă supporter les fĂȘtes par lesquelles on cĂ©lĂ©brait une paix qui allait rĂ©parer un si long cours de flĂ©aux, ces fĂȘtes nâĂ©taient pas terminĂ©es, lorsquâon apprit la mort subite du duc de Berry, troisiĂšme petit-fils du roi. Il avait Ă©pousĂ© la fille du duc dâOrlĂ©ans, et cette princesse lâavait continuellement dĂ©solĂ© par les emportements de son caractĂšre et lâĂ©clat scandaleux de ses intrigues. Ce prince, en expirant, dĂ©clara quâil Ă©tait la seule cause de sa mort. Il avait fait une chute Ă la chasse quelques mois auparavant ; il lâavait dissimulĂ©e, et sâĂ©tait livrĂ© depuis Ă des excĂšs dâintempĂ©rance. Le roi, par sa conduite envers la duchesse de Berry et envers le duc dâOrlĂ©ans, ferma, autant quâil put, lâaccĂšs Ă de nouveaux soupçons. Louis goĂ»tait bien mal les douceurs de la paix. La plaie faite Ă ses finances par les deux guerres terminĂ©es lâune Ă Ryswick et lâautre a Utrecht, semblait incurable. Le poids des impĂŽts Ă©tait excessif ; et, malgrĂ© tous les soins de lâhabile contrĂŽleur gĂ©nĂ©ral Desmarets, il fallait encore, comme pendant la guerre, subir la loi des traitants. La destruction de Port-Royal, en 1709, avait excitĂ© les plaintes lĂ©gitimes des nombreux amis de ces pieux solitaires. Lâaffaire de la bulle Unigenitus Ă©chauffa encore davantage les esprits on attribua la conduite du roi, dans ces deux circonstances, aux conseils de son confesseur. Le parlement et quelques Ă©vĂȘques osaient, pour la premiĂšre fois, rĂ©sister aux volontĂ©s de Louis XIV. Son Ăąge et ses derniers revers encourageaient une opposition qui entrevoyait un esprit bien diffĂ©rent sous un rĂ©gent dont les opinions Ă©taient connues. Les jeunes gens se lassaient dâune cour qui nâĂ©tait plus Ă©gayĂ©e par les illusions de la gloire et par lâĂ©clat des fĂȘtes. Le roi, plus renfermĂ© dans son intĂ©rieur, nâimposait plus autant Ă un peuple accoutumĂ© Ă tant de prospĂ©ritĂ©s. Lui-mĂȘme il semblait dĂ©mentir la rigiditĂ© nouvelle de ses principes par les honneurs excessifs dont il comblait les princes lĂ©gitimĂ©s, câest-Ă -dire le duc du Maine et le comte de Toulouse, nĂ©s dâun double adultĂšre. Ces deux princes, par des qualitĂ©s plus aimables que brillantes, mĂ©ritaient lâaffection de leur pĂšre ; mais la morale, la religion et le droit public des Français furent enfreints par la dĂ©claration du 25 mai 1715, qui les appelait Ă la couronne au dĂ©faut de princes du sang. Le peuple souffrait beaucoup de la fin de ce long rĂšgne, dont les prospĂ©ritĂ©s lâavaient Ă©bloui pendant plus de quarante annĂ©es. Le 25 aoĂ»t 1715, jour de la Saint-Louis, le roi, au milieu des hommages quâil recevait, se sentit griĂšvement indisposĂ©. Le lendemain, en visitant une plaie que ce prince avait Ă la jambe, le chirurgien MarĂ©chal dĂ©couvrit la gangrĂšne ; son Ă©motion frappa le monarque. Soyez franc, dit-il Ă MarĂ©chal, combien de jours ai-je encore Ă vivre ? - Sire, rĂ©pondit MarĂ©chal, nous pouvons espĂ©rer jusquâĂ mercredi. - VoilĂ donc mon arrĂȘt prononcĂ© pour mercredi », reprit Louis sans tĂ©moigner la moindre Ă©motion. Il sâentretint avec le duc dâOrlĂ©ans qui allait ĂȘtre appelĂ© Ă prĂ©sider le conseil de rĂ©gence. Le lendemain il se fit amener le duc dâAnjou, son arriĂšre-petit-fils, ĂągĂ© de cinq ans, et lui adressa ces paroles qui caractĂ©risent bien ce monarque Admirable en sa vie et plus grand dans sa mort. Mon enfant, lui dit-il, vous allez ĂȘtre un grand roi. Ne mâimitez pas dans le goĂ»t que jâai eu pour la guerre. Tachez dâavoir la paix avec vos voisins. Rendez Ă Dieu ce que vous lui devez ; faites-le honorer par vos sujets. Suivez toujours les bons conseils ; tĂąchez de soulager vos peuples, ce que je suis assez malheureux de nâavoir pu faire. Nâoubliez jamais la reconnaissance que vous devez Ă madame de Ventadour. » Et se tournant vers elle Je ne puis assez vous tĂ©moigner la mienne. - Mon enfant, je vous donne ma bĂ©nĂ©diction de tout mon cĆur. Madame, que je lâembrasse. » On approcha de ses bras cet enfant qui fondait en larmes, et il lui donna de nouveau sa bĂ©nĂ©diction. Dans la mĂȘme journĂ©e, Louis XIV sâadressa en ces termes Ă tous ses officiers rassemblĂ©s autour de lui Messieurs, vous mâavez fidĂšlement servi. Je suis fĂąchĂ© de ne vous avoir pas mieux rĂ©compensĂ©s que je nâai fait ; les derniers temps ne me lâont pas permis. Je vous quitte avec regret. Servez le Dauphin avec la mĂȘme affection que vous mâavez servi. Câest un enfant de cinq ans, qui peut essuyer bien des traverses ; car je me souviens dâen avoir beaucoup essuyĂ© dans mon jeune Ăąge. Je mâen vais ; mais lâĂtat demeurera toujours ; soyez-y fidĂšlement attachĂ©s, et que votre exemple en soit un pour mes autres sujets. Suivez les ordres que mon neveu vous donnera ; il va gouverner le royaume jâespĂšre quâil le fera bien. JâespĂšre aussi que vous ferez votre devoir, et que vous vous souviendrez quelquefois de moi ». A ces paroles, des pleurs coulĂšrent de tous les yeux. Peu dâheures aprĂšs, Louis ayant tĂ©moignĂ© quâil avait besoin de repos, la cour fut comme dĂ©serte. Madame de Maintenon, loin dâabandonner le roi, comme le lui reproche Saint-Simon, passa cinq jours dans la ruelle de son lit, presque toujours en priĂšres. Il eut avec elle un entretien touchant, oĂč il lui rĂ©pĂ©ta plusieurs fois Quâallez-vous devenir ? Vous nâavez rien. » Elle ne partit pour Saint-Cyr, le vendredi 30 aoĂ»t, Ă cinq heures du soir, que lorsquâil eut tout Ă fait perdu connaissance. Pourquoi pleurez-vous, disait-il Ă ses domestiques ; mâavez-vous cru immortel ? » Il nomma le Dauphin, le jeune roi ; il lui Ă©chappa de dire Quand jâĂ©tais roi ». Il mourut Ă Versailles le 1er septembre 1715, ĂągĂ© de 77 ans ; il en avait rĂ©gnĂ© 72. Ce monarque supplĂ©a par un grand caractĂšre aux dons dâun grand gĂ©nie ; tout ce quâil conçut, tout ce quâil exĂ©cuta de plus heureux, de plus habile, pendant les annĂ©es triomphantes de son rĂšgne, fut un dĂ©veloppement et une amĂ©lioration des plans et des actes du cardinal de Richelieu. Celui-ci, inquiet sur une autoritĂ© prĂ©caire et en quelque sorte usurpĂ©e, fut souvent sanguinaire Louis XIV fonda bien moins sur la terreur que sur lâadmiration lâautoritĂ© absolue dont il avait reçu lâhĂ©ritage ; mais, par lâinĂ©vitable danger dâun pouvoir sans limites, il fut souvent dur ; les prĂ©jugĂ©s de son rang et de son siĂšcle le rendirent quelquefois injuste sans remords. Il ajouta mille sĂ©ductions Ă lâart de rĂ©gner ; il le purgea des froides scĂ©lĂ©ratesses du machiavĂ©lisme. On dirait que le mot de majestĂ© fut créé pour lui. On a eu tort de le juger dâaprĂšs deux ou trois anecdotes assez suspectes. Quand il lui serait arrivĂ© dâadmirer et dâenvier le gouvernement turc, ce quâil y a de certain câest quâil nâeut jamais la stupide maladresse de lâimiter. Il trouva le secret de tout subordonner sans avilir aucun ordre de lâĂtat, sans dĂ©grader aucun caractĂšre. Il permit Ă plusieurs hommes dâĂȘtre grands et mĂȘme plus grands que lui. Le tiers Ă©tat ne reçut pas moins de lui que de ses prĂ©dĂ©cesseurs ; car il nây eut pas sous son rĂšgne un seul grand emploi auquel des plĂ©bĂ©iens ne parvinssent ; tout vint figurer sur le vaste théùtre de gloire ouvert par Louis XIV. Lâindustrie, les richesses et surtout le gĂ©nie Ă©levĂšrent par degrĂ©s le tiers Ă©tat jusquâĂ la puissance foudroyante quâil dĂ©veloppa sur la fin du XVIIIe siĂšcle. Nous nous garderons bien de donner des Ă©loges trop absolus Ă un roi qui sâest dĂ©clarĂ© coupable dâavoir trop aimĂ© la guerre ; mais quelles que soient ses fautes, la nation française ne peut pas oublier quâelle lui doit sur tous les points, hormis en ce qui concerne la libertĂ© politique, le rang quâelle occupa ensuite dans le monde.
Tarifs moyens des pompes funĂšbres dans la ville de Dunkerque Tarifs de la crĂ©mation 2554 âŹ* *Prix basĂ© sur une estimation 790 ⏠Cercueil avec cuvette Ă©tanche et quatre poignĂ©es Ă©co 508 ⏠Frais de sĂ©jour en salon de prĂ©sentation / chambre funĂ©raire 500 ⏠621 ⏠135 ⏠Tarifs de l'inhumation 2070 âŹ* *Prix basĂ© sur une estimation 762 ⏠Cercueil avec cuvette Ă©tanche et quatre poignĂ©es Ă©co 508 ⏠Frais de sĂ©jour en salon de prĂ©sentation / chambre funĂ©raire 500 ⏠300 ⏠Sommaire Quelles sont les dĂ©marches pour prĂ©parer les obsĂšques sur Dunkerque ? Tarifs des concessions sur la ville de Dunkerque ? Chiffres Ă connaĂźtre sur la ville de Dunkerque ? Quel Ă©tablissement de pompes funĂšbres choisir ? Quel est le montant dâobsĂšques dans la commune de Dunkerque ? Quels sont les diffĂ©rents types de cĂ©rĂ©monie dans la ville de Dunkerque ? La meilleure maniĂšre pour choisir les fleurs de deuil ? Comment publier un avis dans la presse ? Ce qu'il faut savoir sur les crĂ©matoriums de la ville de Dunkerque Tout savoir sur les funĂ©rariums Quel cimetiĂšre sĂ©lectionner pour les obsĂšques ? De quelle maniĂšre doit-on organiser les obsĂšques Ă Dunkerque ? En France, il est fortement recommandĂ© de faire appel Ă une entreprise de pompes funĂšbres pour organiser des obsĂšques. Et câest la famille et/ou les proches de la personne disparue qui doivent se charger de contacter ces professionnels du but de ces entreprises est dâaccompagner et dâaider les proches endeuillĂ©s en leur proposant des conseils et des prestations de qualitĂ© pour gĂ©rer lâensemble du processus des ĂȘtes Ă la recherche dâune sociĂ©tĂ© de pompes funĂšbres Ă Dunkerque 59 pour vous occuper dâorganiser des obsĂšques ? Vous ĂȘtes au bon endroit ObsĂšques-Infos a rassemblĂ© pour vous toutes les informations dont vous avez besoin pour choisir la meilleure entreprise funĂ©raire Ă Dunkerque. Prestations, prix, Ă©quipements⊠Tous les renseignements que vous cherchez sont sur cette page ! Tarifs des concessions sur la ville de Dunkerque Tarifs des concessions pour le Dunkerque RosendaĂ«l Case columbarium 5 ans 130 ⏠voir tous les tarifs Tarifs des concessions pour le Dunkerque Petite-Synthe Case columbarium 5 ans 130 ⏠voir tous les tarifs Tarifs des concessions pour le Dunkerque Centre Concession cinĂ©raire 15 ans 100 ⏠voir tous les tarifs Tarifs des concessions pour le Dunkerque Malo - CimetiĂšre Ancien Case columbarium 5 ans 130 ⏠voir tous les tarifs Tarifs des concessions pour le Dunkerque Malo - CimetiĂšre Nouveau Case columbarium 5 ans 130 ⏠voir tous les tarifs Chiffres Ă connaĂźtre sur la ville de Dunkerque Nombre de crĂ©mations en Nord En 20206293 voir l'historique Nombre de dĂ©cĂšs dans la ville de Dunkerque En 2022600 voir l'historique Offrir des fleurs Comment peut-on joindre des entreprises de pompes funĂšbres Ă Dunkerque ?De quelle façon peut-on recourir Ă des structures de pompes funĂšbres Ă Dunkerque ou dans le dĂ©partement du Nord 59 ? Quelles sont les pompes funĂšbres prĂšs de chez vous? A partir dâObsĂšques-Infos vous avez la possibilitĂ© dâobtenir les contacts directs des agences pompes funĂšbres de la ville. Nous avons mis Ă votre disposition un annuaire de pompes funĂšbres oĂč vous allez pouvoir en choisir pour lâorganisation des obsĂšques. Retrouvez ci-aprĂšs les pompes funĂšbres sur des funĂ©railles est-elle vraiment coĂ»teuse ? Ă Dunkerque, pour organiser les cĂ©rĂ©monies funĂ©raires, il va falloir engager une somme de 2 000 Ă 5 500 euros. Une estimation qui ne considĂšre pas le montant des concessions des cimetiĂšres. Cette valeur estimative vous fournit des idĂ©es sur la sĂ©rie des prestations voulues. Si vous songez progresser plus loin, ObsĂšques-Infos vous rĂ©serve une page oĂč vous aurez la possibilitĂ© de nous fournir, sans frais, une demande de devis comparatif en effet, certaines familles voudraient arranger leur budget aux prix des prestations. Alors, il est conseillĂ© de tirer parti de notre outil principales tĂąches des sociĂ©tĂ©s sont les suivantes lâorganisation des cĂ©rĂ©monies, la gestion dâannonces, les prises en charge des dĂ©marches administratives, lâachat et lâamĂ©nagement de la sĂ©pulture⊠Ces contrats sont organisĂ©es dans le but de seconder les filiations dans lâorganisation des obsĂšques et pour quâelles puissent franchir leur dĂ©sespoir. Les sociĂ©tĂ©s funĂšbres ont l'atout dâinstaurer de nouvelles prestations pour gĂ©nĂ©rer une cĂ©rĂ©monie funĂ©raire individualisĂ©e. Les filiations peuvent parfaire les cercueils en fonction de leurs agences de pompes funĂšbres chiffrent leurs prestations au vu des caractĂšres des prestations, du lieu oĂč elles sâexercent et de leur notoriĂ©tĂ©. Ci-dessous, vous repĂ©rerez les coĂ»ts moyens des crĂ©mations et des ensevelissements, au cĆur de votre allez-vous prĂ©parer une cĂ©rĂ©monie funĂ©raire Ă Dunkerque ?La cĂ©rĂ©monie funĂ©raire est un instant important pour la famille endeuillĂ©e mais aussi pour tous ses proches pour rendre un dernier hommage Ă une personne dĂ©cĂ©dĂ©e. La cĂ©rĂ©monie doit rĂ©aliser les derniĂšres volontĂ©s du dĂ©funt tout en mirant son identitĂ© par lâintermĂ©diaire de la lecture de poĂšmes, des chansons, de la photographie et des Ă©loges funĂšbres, cĂ©rĂ©monie peut ĂȘtre religieuse ou bien laĂŻque. Pour plus de prĂ©cisions, rendez-vous sur notre page cĂ©rĂ©monieSelon la loi en vigueur, vous avez 6 jours pour mettre en Ćuvre les cĂ©rĂ©monies funĂ©raires Ă moins d'une approbation exclusive issus des autoritĂ©s loin vous repĂ©rerez les barĂšmes tarifaires estimatifs des cĂ©rĂ©monies funĂ©raires Ă Dunkerque. Voulez-vous en apprendre sur les fleurs de deuil ?Les fleurs de deuil ont beaucoup de valeur. Elles estiment la vie de lâindividu dĂ©cĂ©dĂ©. Elles dĂ©gagent un concept consistant de soutien et d'amour suite au dĂ©cĂšs d'un fleurs sont intimement nouĂ©es Ă la disparition et Ă la dĂ©solation. Et d'autres formations florales trouvent leur place aprĂšs un dĂ©cĂšs. Il est non nĂ©gligeable de faire le bon choix pour la livraison de fleurs Ă la messe ou sur le prĂ©sent, pour choisir les fleurs de deuil, prenez en compte votre budget, votre relation avec la personne dĂ©funte ainsi que le genre de cĂ©rĂ©monie Ă concrĂ©tiser. Envoyez des fleurs pour un deuil ou un enterrement livraison de fleurs par un fleuriste 7j/7 partout en France. Vos fleurs de deuil sont livrĂ©es le jour et Ă l'heure de votre choix, au lieu de votre choix Offrir un bouquet de fleurs Comment peut-on diffuser un avis de dĂ©cĂšs dans la presse ?DĂšs quâun membre de la communautĂ© est disparu, il est courant de faire apparaĂźtre un avis de dĂ©cĂšs dans un quotidien pour communiquer beaucoup de divulgation dâune annonce de dĂ©cĂšs est facultative dans la municipalitĂ© de Dunkerque. La famille est finalement Ă©mancipĂ©e de son choix pour faire paraĂźtre ou non la mauvaise nouvelle dans les qui doit-on confier la publication dâun avis de dĂ©cĂšs ? De quelle maniĂšre un avis de dĂ©cĂšs peut-ĂȘtre publiĂ© sur un quotidien ? Un avis de dĂ©cĂšs est-il facultatif ? Quel est le prix moyen de la publication dâun avis de dĂ©cĂšs ? Que fait-on pour trouver lâavis de dĂ©cĂšs dâun dĂ©funt ?Les meilleures donnĂ©es sont dĂ©jĂ prĂ©sentes sur ObsĂšques-infos Ă travers la page avis de dĂ©cĂšs. Ci-dessous le catalogue des prix moyens de publication des avis de dĂ©cĂšs dans les quotidiens de faut-il apprendre sur les crĂ©matoriums dans la commune de Dunkerque ?Notre page crĂ©matoriums a Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e dans le but de vous en apprendre sur les crĂ©matoriums Ă Dunkerque. OĂč trouver un crĂ©matorium Ă Dunkerque? Quels sont les prix de crĂ©mation Ă Dunkerque ? De quelle façon se passe la cĂ©rĂ©monie dans un crĂ©matorium ? Quelles fleurs choisir pour une crĂ©mation ? Nous avons constituĂ© un annuaire qui regroupe tous les crĂ©matoriums en France. Vous pouvez y effectuer une exploration par ville pour avoir les crĂ©matoriums proches de chez vous avec leurs coordonnĂ©es, prix et offres des rĂ©agit Ă toutes vos questions sur les crĂ©matoriums et Ă la mĂ©thode de la montants moyens des crĂ©mations dans la ville de Dunkerque vous sont prĂ©sentĂ©s en savoir davantage sur les FunĂ©rariums Ă Dunkerque ?Vous ĂȘtes beaucoup Ă vouloir collecter des renseignements sur les chambres funĂ©raires de Dunkerque. AccĂ©dez Ă notre page funĂ©rarium puisquâelle renferme les meilleures quartiers de Dunkerque renferment un funĂ©rarium ? La conservation dâun corps dâun dĂ©funt dans un funĂ©rarium est-elle limitĂ©e ?ObsĂšques-Infos a dĂ©ployĂ© un moteur inventaire de funĂ©rariums français pour que vous puissiez en dĂ©couvrir et en sĂ©lectionner par commune et par dĂ©partement. Ce qui vous permet de dĂ©tecter en peu de temps le funĂ©rarium aux environs de votre loin, le listage de funĂ©rariums oĂč vous pourrez vous rapprocher de votre cimetiĂšre devriez-vous vous choisir dans la ville de Dunkerque ?Pour en connaĂźtre un peu plus sur les concessions de cimetiĂšres en France, vous ĂȘtes invitĂ© Ă lire notre page lâenterrement tient toujours le premier rang parmi les deux types dâobsĂšques pratiquĂ©s en France. Les citoyens peuvent ĂȘtre enfouis dans un cimetiĂšre dâune ville de leur choix. Pourtant, lâusage des cimetiĂšres est cadrĂ© par le Code GĂ©nĂ©ral des CollectivitĂ©s met en lumiĂšre les questions suivantes Qui gĂšre le cimetiĂšre ? Quel est le prix des concessions de cimetiĂšre ? Quelle est la durĂ©e dâune concession funĂ©raire ?Ci-aprĂšs, vous trouverez des indications sur les dĂ©cĂšs dans la ville de Dunkerque.
Votre responsable d'agence Nicolas GELLEDepuis plus de 30 ans, ROC ECLERC est au service des familles pour offrir la meilleure qualitĂ© de service au prix le plus juste, dans le respect des croyances, des volontĂ©s et du budget de tous. Notre Ă©quipe de ROC ECLERC Dunkerque est Ă votre Ă©coute 24h/24 et 7/7, pour vous apporter savoir-faire, accompagnement et engagement de chaque instant. Les pompes funĂšbres ROC ECLERC Dunkerque vous accueillent et vous conseillent Ă chaque Ă©tape de lâorganisation des obsĂšques, que ce soit une inhumation ou une crĂ©mation, dans la gestion des dĂ©marches administratives, lors de la souscription dâun contrat de prĂ©voyance obsĂšques ou encore dans le choix du monument et des articles funĂ©raires. Lâensemble de nos services funĂ©raires est disponible au sein de votre agence de pompes funĂšbres ROC ECLERC Dunkerque. LâĂ©quipe vous recevra, avec ou sans rendez-vous, aux horaires dâouverture tout en restant disponible en cas dâurgence dĂ©cĂšs grĂące Ă notre permanence tĂ©lĂ©phonique coĂ»t dâun appel local et toujours dans le respect de nos engagements.
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